[dropcap]M[/dropcap]ohamed Alpha Condé, dit MAC, fils unique et conseiller spécial du président Alpha Condé, entretient des liens étroits avec plusieurs entrepreneurs miniers. Il dispose d’une influence décisive sur les services gouvernementaux en charge du secteur. Etat des lieux des réseaux miniers d’un homme de l’ombre, qui pourrait être candidat à la magistrature suprême si jamais son père ne se présente pas en 2020.

Dès 2010 (AMI nº333) MAC a joué un rôle d’intermédiaire pour le compte d’Aboubacar Sampil, le demi-frère d’Alpha Condé et administrateur de la société d’exploration Sable Mining, afin de lui obtenir des permis. Des emails attestent cette intervention. A l’époque, Alpha Condé battait campagne pour l’élection à la fonction suprême. Il a depuis pris ses distances avec Sampil, qui avait aussi obtenu le droit, inédit, d’exporter via le Libéria la production de fer de Sable Mining. Ce dernier fait aujourd’hui l’objet d’accusations de corruption par l’ONG Global Witness.

MAC est aussi réputé proche de Fadi Wazni (lire ici), ce que son entourage nie. Le patron de la compagnie United Mining Supply (UMS) est codétenteur, depuis 2015, de la joint-venture Société minière de Boké (SMB), rare société privée guinéenne à produire de la bauxite. La junior Alufer Mining, qui a vu sa convention de base adoptée par le parlement le 1er juin 2016, entretient aussi des liens étroits avec le fils du président, par le biais de l’un de ses consultants, Lamine Dieng, ami de MAC et traducteur occasionnel de Condé père.

Mais les réseaux de MAC vont au-delà des industriels locaux. Il est proche de Viktor Bayakin, conseiller Afrique d’UC RusAl en Guinée. Certains soupçonnent d’ailleurs que c’est grâce à ce soutien que le groupe russe est parvenu à se soustraire au processus de révision des conventions minières (AMI nº366).

MAC a aussi tissé noué des relations dans l’administration minière, à commencer par Saadou Nimaga, un de ses amis, conseiller juridique au ministère. Le fils Condé est surtout un intime d’Ibrahima Kalil Kaba, le ministre directeur de cabinet d’Alpha Condé, qui a évincé son prédécesseur, le docteur Mohamed Diané, soutien historique du chef de l’Etat, nommé en janvier ministre de la défense. Ibrahima Kalil Kaba a fait nommer en même temps comme ministre des mines et de la géologie son beau-frère, Abdoulaye Magassouba, ce qui facilite encore les relations de MAC. Malado Kaba, parente d’Ibrahima Kalil Kaba, a pour sa part récupéré le portefeuille de l’économie et des finances, en remplacement de Mohamed Diaré, l’un des artisans de la réélection de Condé en 2015. MAC se situe donc au cœur de l’appareil de décision, et il verrouille d’autant mieux le secteur minier qu’il est également proche de Mohamed Lamine Doumbouya, ministre du budget, qui cosigne notamment les conventions minières.

Au-delà du secteur des mines, Mohamed Alpha Condé peut aussi compter sur les relais de son clan au sein du gouvernement. Comme l’ex-épouse d’Alpha Condé, Mama Kanny Diallo, sans enfants, qui est ministre du plan et de la coopération internationale.

Certaines branches du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti au pouvoir, vivent mal l’influence grandissante de Mohamed Alpha Condé ; ils craignent que ce dernier se positionne pour l’élection présidentielle de 2020, au cas où son père ne se représenterait pas.

Par Africa Intelligence