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Les Tranchantes de Thiâ’nguel: Conakry des con-à-cris !

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Au secours, les manifs de rue deviendraient-elles l’horloge qui rythme et règle nos vies ou devrais-je dire nos survies ? Conakry serait-elle une ville peuplée de con-à-cris ? Notre capitale est-elle condamnée à présenter, tout le temps, un visage gris ? Serait-elle une cité damnée, malgré toutes ces âmes à langueur de journée qui y prient ? Dieu aurait-il déversé dans nos rues toutes sortes de hères, sans au préalable avoir fait un tri ? Sommes-nous abandonnés à notre sort souillé, empêtré que nous sommes dans la fange de la vilénie ? Les anges auraient-ils déserté notre cité d’enfer, préférant la pauvreté dans la liberté de cieux plus jolis ? Dieu lui-même aurait-il désespéré de notre cas au point de nous boucler les portes du paradis ? manif

Pourquoi a-t-il fallu que lors du choix décisif de 2010 préférer l’amateurisme visible d’un bleu face à l’expérience d’un professionnel établi ? Pourquoi notre seule et unique spécialité est d’être un peuple qui ne se révolte que par de petites rhapsodies ? Pour quelles raisons nos cris et nos colères restent toujours l’affaire d’un seul axe comme si la douleur de la pauvreté doit demeurer sa seule agonie ? Pourquoi la vie humaine dans ce foutu pays ne vaut pas plus d’un radis ? Je pose ces questions et les réponses c’est à vous que je les mendie…

C’était hier du côté de Contéyah, pardi ! Un mec a dégainé et shooté un autre à cause d’une altercation des plus banales et des moins hardies. Pour son âme fauchée en pleine jeunesse, on dira tant pis. Une fois de plus, rien de nouveau sous le soleil d’une Guinée perdue. Ce n’est pas nouveau qu’un maudit arrache un gosse à l’affection de ses parents bénis. Nous savons que c’est de résignation et de fatalisme que nous sommes pétris. C’est de stupides salamalecs et de politesses idiotes que nos âmes sont garnies. C’est pourquoi jamais de nos demeures l’affliction ne tarit. L’État observe indifféremment ces éternels crimes commis et sempiternellement impunis. Vous voulez cette liste dont ne serait pas fière Gandhi ?

Une gamine violée, souillée et assassinée. Un jeune cadre découpé et dans un coffre dissimulé. Une dame en pleine rue dézinguée. Des jeunes manifestants torturés et massacrés. Des féminités polluées à ciel ouvert dans un stade observées. Des corps pondus sur un pont, pendus et exhibés. Des vies raccourcies par des kalaches jouisseuses et dévergondées. Des corps violentés, calcinés et exposés. De combien d’assassinats perpétrés ma Guinée sera-t-elle secouée, au grand dam de son peuple méprisé ? Que de torrents de larmes éparpillés pour si peu de justice exprimée. Que de plaintes et de complaintes gueulées pour si peu d’attention fixée. Que de tombes chargées pour si peu de considération aux sacrifices autorisés. Que de graines de souffrances et de désolations ensemencées pour si peu de de fruits de liberté récoltés. Que de paroles prometteuses prononcées pour si peu d’actes concrets enregistrés.

Oh, merde, je leur dis à tous merde. Je nous dis à tous merde ! Parce que finalement c’est toujours les peuples qui perdent. Observez bien les amis la capacité de résurrection de ceux qui nous emmerdent. Nous sommes arrimés à ces phénix qui, depuis plus d’un demi-siècle, nous pompent l’air. Il y a comme un perpétuel recommencement dans le cycle que connurent nos pères. Les enfants des dirigeants d’hier deviennent les gouvernants de nos pauvres hères. La puissance reste toujours du côté de l’éther pour qu’on continue à nous précipiter dans les cimetières. Si tu bouges je tire et pendant que la terreur hante tes obscurs lieux, je sirote la vie pépère. Que t’aies pas une goutte de courant, je m’en fiche comme de ma giclée de sperme première. Moi je me fais bercer par le ronron épicurien de mon groupe électrogène qui te pisse dans le derrière. La mort prématurée est la meilleure bénédiction pour la vie de celui chez qui la pauvreté est coutumière. En d’autres termes, si tu dois vivre pauvre, fais de la mort précipitée ta belle cavalière. Quand l’indigence frappe à ta porte, offre ton âme à la lame d’Azraêl sans aucune autre forme de prière. Subséquemment, nous hurlons : César, ceux qui vont mourir dans la dèche te baise la crinière.

Voilà ! Ce sont là les conseils prodigués par ceux qui trônent au-dessus de nos têtes singulières. Singularité par notre capacité à tout admettre dans un monde révolutionnaire. Singularité par notre manque de solidarité face à l’adversité, asséchés que nous sommes ne serait-ce d’un semblant élan débonnaire. Tant que ça ne nous arrive pas, on se fiche pas mal de laisser notre voisin braire. Tant que c’est seulement lui qui se fait traire, on sait qu’il reste loin de notre fuseau horaire. Mais puisque solitaire, n’étant pour qui ce soit ni compas ni équerre, susceptible de tracer un semblant de vie salutaire, je ferme ma gueule et je dégage !

Soulay Thianguel

1 commentaire
  1. aliou Bah dit

    J’ai bien kiffe. C’est fort.

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