Sachez que les Soussous disent : « döngni döngni nan Sira nga ra fourou ! » Traduction pour les handicapés de cette langue qui les laissent gaga : C’est petit à petit, ou si vous voulez, « c’est doucement, doucement qui a fini par foutre en cloque la mère de Sira ». Comme pour dire que ce qui finit par devenir lourd commence toujours par un léger poids.
Ce qui veut dire que ce qui commence timidement doit être considéré avec foi. Lui jeter un regard narquois finit par apparaître comme un très mauvais choix. Et la suite des événements risque de vous laisser pantois. Mal évaluer la p’tite brindille dans votre œil risque de la transformer en une énorme perche qui vous perce la rétine avec joie.
Vous vous demandez sûrement où ma cervelle vagabonde veut vous traîner. En fait, ce matin, je me suis réveillé du bon pied. Je me découvre des envies de jouer pour le Grimpeur le gentil conseiller.
L’idée m’est venue d’attirer son attention sur une plaie qui est entrain de gangrener. Je veux qu’il zieute cette contagion qui nous dodeline un strip-tease plutôt osé. Dire au papy de Wèttchètouréya qu’un pare-brise qui explose commence toujours par une fissure minimisée. Chef, quand il y a une légère craquelure dans la vitre, faut y injecter une résine appropriée. Ne jamais y introduire le marteau et le burin du calibre d’un con-mandant Restau toqué. A moins que l’objectif inavoué soit que la vitre cède sous les muscles de cet idiot déchaîné et mal monté.
Rappelons les faits qui motivent mes avertissements déplacés. Jusque-là, un seul tronçon, surnommé l’axe du mal, avait grondé. Depuis plusieurs années, les quartiers situés sur les flancs vertigineux de la route Le Prince étaient les seuls à se rebeller. Mais, in jour, les jeunots du parti présidentiel ont craché sur le siège qu’ils ont barricadé, brocardé quelques opportunistes zélés. Il y a quelques jours, voilà que l’axe de l’autoroute s’en est mêlé. Sans compter le grondement de colère de Lambanyi affligé. N’oubliez pas cet autre jour où les gosses de Donka, et hier ceux de Coléah, battant le pavé.
De chaque côté de la capitale, des fureurs sont déchaînées. Votre État, toujours du doigt est pointé. A cause de son incapacité à ouvrir le chemin du changement que vous avez prôné. Sur tous les visages, on lit la même révolte affichée, devant tant de trahisons débusquées. Par ces temps échaudés, l’insoumission couve dans la fièvre de la misère consacrée. Qu’ils sortent pour réclamer le courant ou une sainte goutte d’eau, ou contre des médecins qui ont mué leur serment d’Hippocrate en sermon d’hypocrite, la violence reste leur unique façon de s’exprimer.
M. le Président, il est temps. Temps de vous souvenir de l’espérance que vous avez suscitée. Temps que votre changement soit déchargé de la haine qu’on vous a inculquée. Temps de foutre un coup de pied dans la tronche de tous ceux qui vous empêchent de nous écouter. Temps de la moisson qui, dans nos greniers tarde à tomber. Temps que ces têtes, creuses comme des tonneaux vides, soient coupées. Temps de jeter les bases d’une osmose retrouvée, d’une communion enflammée avec votre peuple que vous avez oublié. Vous nous avez largués sur le bord de cet asphalte escamoté. Vous nous avez méprisés dans leurs poubelles putréfiées, nous préférant à ces excités que nous voudrions vous voir châtrés.Sachez que les agitations qui murmurent, sporadiquement, dans votre cité pourrait être une fournaise dissimulée. Quand ce remue-ménage tonnera d’un canon de sédition, ces filous encrassés seront les premiers à vous clouer derrière les portes de votre palais, dont les clés seront remises aux émeutiers. Ils ressusciteront, une nouvelle fois, aux côtés des nouveaux rois, éructant contre vous vitrioles et insanités.
M. le Président, l’histoire a cette fascinante tendance à rester entêtée. Quand les révolutions entament leur marche, rien ne peut stopper leurs convulsions. Je vous conjure d’être de ceux qui soulagent ces spasmes, en foutant en l’air la première lettre de ce mot avec une belle oraison. A la révolution, vous devriez préférer l’évolution. Mais cette dernière, M. le Président, ne peut s’ancrer que dans le marbre de l’écoute et de la compréhension. Écouter et comprendre les réclamations, entendre et s’entendre sur les récriminations, tendre une main de floraisons épanouies de belles saisons, c’est uniquement par ce pain bénit que l’histoire vous réservera son panthéon. Comme Jésus sur la Croix, le sacrifice de votre sang et de votre corps nous garantira absolution et rédemption. Ne laissez surtout pas se métastaser ces manifestations. Elles sont le signe d’une déraison d’un peuple fatigué de tourner en rond. Ce signal doit être décodé avec une attention à l’aune de l’exaspération. Et ce n’est absolument pas les menaces déraisonnables de quelques-uns de vos lamentables laquais qui cloîtreront les manifestants à la maison. Dites-leur, s’il vous plaît, dites à vos sbires que s’ils n’ont rien à dire, de grâce il y a quelques minarets qui cherchent des muezzins en manque de gesticulations. Dans l’espoir que vous recevrez les échos de mes fantasmatiques tribulations, souffrez que je ferme ma gueule et je dégage !
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