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Les vieilles recettes de « leaders » politiques qui font du mal à la Guinée

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Certains hommes politiques qu’on qualifie pompeusement de « leaders » parce qu’on leur prêtait la capacité de guider leurs militants et mener leurs partis politiques au pouvoir, mais qui se sont révélés en politiciens nombrilistes, ethnocentristes, claniques ont immensément fait du mal à la Guinée. A se demander si certains d’entre-eux ne sont pas des paranoïaques non encore décelés tant ils sont imbus de leur personnalité.

Depuis des décennies, plus précisément depuis l’élection de M. Alpha Condé à la Présidence de la République en 2010, certains, parmi ces leaders se sont toujours déclarés vainqueurs sans jamais oser prendre le pouvoir. Leur seule force s’étant limitée à faire des réclamations, à dénoncer des fraudes, à faire des menaces de ne pas accepter les résultats ou de ne pas reconnaître le président élu.

Jamais, ces responsables de partis politiques, qui se réclament la première force du pays, n’ont jamais mis en place une stratégie politique qui les porterait au pouvoir à la prochaine élection. Bien au contraire, ils passent leur temps à voyager,  à cumuler des dons, des finances de militants et sympathisants manipulés et parfois fanatisés, qui espèrent leur victoire assumée à la future échéance.

Cet espoir n’a jamais été atteint car, malgré les dons, l’engagement des militants, c’est souvent la même rengaine qui revient :  «  on nous a volé » ; « nous n’avons pas voulu prendre le pouvoir pour préserver la paix sociale ». Comment instaurer un système ou cultiver la paix sociale si on refuse le pouvoir. Si l’on n’accède pas à la magistrature suprême.

Au lieu d’honorer la lutte des militants, on se contente de fabriquer tout un langage de la peur, de la couardise, de la victimisation et de la discrimination ethnocentrique pour se maintenir au sommet du parti. Jamais, les vraies raisons de l’échec n’ont été expliquées pour le simple fait qu’elles tiennent de la personnalité, si ce n’est le manque de personnalité, du chef.

Un chef devenu, à force de victimisation, un demi-dieu, un khalife, élevé au rang de seul fils pouvant porter telle région du pays au pouvoir. Toutes celles et ceux qui ont voulu dénoncer cette manipulation ont vite été écartés du parti et taxés d’ennemis de ladite région. Leur famille est souvent exposée à la vindicte régionaliste au motif qu’un des leurs a osé s’attaquer au vaillant fils de l’ethnie. Un fils si vaillant qu’il prend le premier avion qui décolle de Conakry pour Paris, Dakar ou Abidjan. Si ce n’est plus loin.

Les leaders d’un tel parti politique, ayant refusé toute participation au dialogue inclusif initié au début de la transition alors que la majeure partie des responsables souhaitaient d’y prendre part, appellent à nouveau les Guinéens à manifester à partir du 6 janvier 2025 tout en menaçant de ne pas reconnaitre le pouvoir en place dès ce 31 décembre. Quelle alternative proposent-ils si ce n’est la chaos ?

A chaque guinéen de réfléchir et de se poser la question de savoir pourquoi manifester ?  

Il y a eu une manifestation le samedi 28 décembre 2024 à Paris. Certains de ceux qui ont appelé à la manifestation étaient bien en France, mais étaient-ils au-devant des manifestants ? Pourtant, on ne les aurait pas arrêtés si tel aurait pu être le cas à Conakry.

Pendant que de pauvres guinéens sans papiers se faisaient disperser dans la capitale française, ceux qui les ont appelés à manifester étaient bien au chaud dans leur hôtel 5 étoiles. De tels leaders et autres responsables de la société civile qui se promènent de pays en pays, en ayant abandonné le combat dans un pays qu’ils qualifient de tous les noms d’oiseaux, ne peuvent pas être la solution. Ceux qui, à l’étranger croient encore que les attestations qu’ils achètent chers des mains de fédéraux aussi corrompus que leurs leaders, leur permettront de régulariser leur situation administrative doivent se détromper. Ils doivent comprendre que plus ils manifestent, plus ils sont susceptibles d’être repérés par les forces de sécurité et fichés. Par conséquent, ils réduisent leur chance de régularisation.

Quant à ceux qui voudraient manifester à Conakry, il est temps qu’ils se demandent lequel de ceux qui appellent à manifester sera à leur côté. Qui, parmi eux, prendra la tête de la manifestation du 6 janvier 2025 dans l’Axe Bambéto, Cosa, Hamdallaye? Bref, de la Route du Prince.

Des générations entières manipulées à des fins personnelles

Il est temps que nous comprenions que des années durant nous avons été bernés par les politiques. Ceux qui ont accédé au pouvoir tout comme ceux-là qui prétendent le chercher, mieux qui l’ont obtenu sans avoir le courage de le prendre, ont manipulé les Guinéens.

 Les uns et les autres ont utilisé à leur fin des générations entières qu’ils ont sacrifiées au nom de l’ethnie. Jamais au nom de la nation. Cette dernière n’ayant jamais été leur préoccupation principale.

La bataille entre celui qui a été élu et réélu trois mandats successifs, quelle que soit la manière, et celui qui a toujours fait prévaloir la fraude, n’a tourné qu’autour de leur personne et de leur ethnie. Leur combat n’a jamais été patriotique, mais toujours personnel. La preuve ?

 N’ont-ils pas noué un accord sur le dos des militants qu’ils ont opposés des décennies durant ? N’ont-ils pas conclu des plans d’actions, des conventions entre deux, sur la tombe des victimes ? Il est temps que les jeunes, notamment de l’Axe ouvrent les yeux et se disent qu’ils ont servi de faire-valoir. Que toutes ces décennies de manifestations qu’ils ont organisées au prix de leur vie ne sont rien d’autre que du marchandage politique.

 Aujourd’hui encore, ils ont l’outrecuidance de vous dire qu’il ne s’agit pas de casser alors qu’ils sont cachés ailleurs. Dites-leur à votre tour, que faites-vous de nos vies? Dites-leur, nous ne sortirons que lorsque vous, ou l’un des membres de votre famille, prendra la tête de la marche. Dites-leur, nous avons compris votre stratégie: vous mettre à l’abri et nous exposer. Dites-leur tout simplement non.

Le temps de la désillusion est arrivé

Des décennies d’une sorte d’intifada installée dans la banlieue de Conakry qui a connu toutes sortes d’appellations, « Axe du mal » par exemple,  avant de s’appeler « Axe de la démocratie sous ma plume»- c’est vérifiable dans mes écrits-, n’ont conduit qu’à la mort, la destruction de biens, la division ethnique, l’isolement ou l’indexation. On ne peut haïr tous les pouvoirs, civil et militaire, présent et passé pour dire, je serai au pouvoir.

Qui veut diriger un pays doit composer tant soit peu avec quelqu’un : l’adversaire du jour pouvant être le partenaire de demain. Mais, si les esprits critiques internes au parti sont traités d’ennemis et voués aux gémonies,  tous les pouvoirs qui se succèdent taxés de malheur du pays, le tout doublé d’un radicalisme politico-ethnocentrique,  comment se faire des alliés ?

Si les partenaires internationaux sont récusés à chacune de leur prise de position, le pouvoir judiciaire remis en cause et accusé d’être au service de l’Exécutif, comment ne pas faire peur et compromettre les chances d’une éventuelle accession à la magistrature suprême ? De surcroît, si on s’évertue d’appeler ouvertement de l’étranger à la déstabilisation du pouvoir en place par un soulèvement populaire, comment espérer une main tendue, une négociation, une passation de pouvoir en douceur ? Si on pousse les pouvoirs à se radicaliser, on les force au repli, à se barricader et à se refermer sur eux-mêmes.

A force de voir partout des adversaires, à l’interne comme à l’externe,  de réduire son parti politique à sa simple personne, bien de politiques guinéens sont en déphasage tant des stratégies modernes d’accession au pouvoir qu’aux aspirations des jeunes générations

Il est temps que de tels leaders comprennent que l’heure n’est plus aux décisions unilatérales, qu’on ne croit plus au Messie, au père fondateur alors que la plupart ont acquis gracieusement des partis politiques des mains de plus démocrates qu’eux. Il est temps , à défaut de céder la place, qu’ils acceptent la concurrence interne. Autant dire, qu’ils doivent changer de stratégie.

Le recours à la rue hypothèque l’avenir de notre pays

Les dérives évoquées ci-haut et bien d’autres justifient la stratégie du recours à la rue pour sauver, non pas la nation, mais sa propre personne.

Le plus néfaste de cette stratégie, c’est de prendre sa propre ethnie en otage. D’en user comme un fer de lance de son combat qui, à force de repli identitaire, compromet l’avenir de toute une communauté.

Si la rue était leur solution, les adeptes des manifestations comme armes politiques seraient Président de la République. Ce ne serait pas les militaires qui auraient pris le pouvoir en 2021.

La politique du chaos, si ce n’est moi, ce ne sera personne, doit être dénoncée,  car c’est une pratique qui pervertit l’idéal politique : réunir autour d’un objectif pour une finalité profitable à toute la nation. Il est temps donc d’inscrire le changement autrement que par les manifestations.

Pour ce faire, les adeptes de cette stratégie doivent céder la place aux jeunes générations capables de changer le paradigme de la conquête du pouvoir.  Ces générations sont les mieux indiquées à concevoir et à mettre en pratique les nouvelles théories ou approches de la gouvernance.

Les vieilles recettes dont la caducité ne fait plus aucun doute doivent être abandonnées pour qu’émerge, enfin, un système démocratique dans notre pays. Qu’il soit l’œuvre d’un civil tout comme d’une personne en tenue, peu importe. L’essentiel étant la reconstruction de la nation longtemps déchirée entre civil et militaire et fagotée entre les différentes ethnies et le régionalisme qui va avec.

Il nous faudrait des politiques, hommes ou femmes, qui ont la capacité de rapprocher les Guinéens en mettant fin à l’ethnostratégie. Cette politique de « c’est mon tour » ou « j’ai pris mon tour et tant pis pour les autres ». Nous devons pouvoir, de manière consensuelle, à travers un dialogue ou des concertations réussies, parvenir à remettre la Guinée sur les rails empruntés en 1958, mais que nous avons déviés.

Un civil ou un militaire, pourvu qu’il soit patriote, peut accomplir cette mission. De la sorte, les maux des vieilles recettes céderont la place à un futur d’alternances politiques : fondement de toute démocratie.

Mes vœux de bonne et heureuse année 2025 à tous les Guinéens et Guinéennes.

Lamarana Petty Diallo
Président du CERAG-UFDG

2 commentaires
  1. Traore Mamadou dit

    Voilà ce qui est bien dit, mais malheureusement certains politiques ont la mémoire d’un moineau, ils ne peuvent voir qu’au bout de leur nez.
    Nous avons vu tous ces politiciens à l’œuvre en Guinée ici, nous savons donc la capacité de tout un chacun, ils sont tous limités, donc pas de vision.

  2. Thierno Tidiane Diallo dit

    Heureusement nous c’est Cellou Dalein Diallo ou rien

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