Des habitants de Kenendé, un quartier de la commune urbaine de Dubreka, ont vu en janvier 2021, leurs maisons démolies dans les opérations de libération des emprises des routes engagées par le régime d’Alpha Condé. S’estimant lésés dans leurs droits, les victimes, constituées en collectif, sont dans la perspective d’engager un avocat pour poursuivre l’Etat guinéen en justice.
Ce collectif accuse l’Etat d’avoir ordonné la casse de leurs maisons sans fondements valables.
‘’Le 27 janvier 2021, nous avons été alertés par nos voisins qu’il y a des machines qui sont montées pour casser nos maisons. Nos maisons ont été mises à terre sous prétexte que c’était un domaine de l’État. Pourtant, chacun de nous avait les papiers légaux. Il y a même des gens qui ont des titres fonciers. Il y a des maisons qui étaient finies à 80 % et d’autres à 100%’’, indique Massa Goépogui, porte-parole de ce collectif.
Il assure que les dirigeants de l’ancien régime, après avoir reconnu avoir démoli leurs concessions par erreur, ont promis de les rétablir dans leurs droits.
‘’On avait adressé des courriers au président Alpha Condé, au Premier ministre Kassory Fofana et un autre au président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara. On a été reçus par Damaro, puis par Kassory Fofana. Tous les deux ont reconnu le tort qu’on nous a causé et ont promis réparation. Quand nous étions devant le Premier ministre Kassory, il a dit qu’il ne sait pas qui donne l’ordre et que c’était une erreur administrative qu’ils vont réparer. C’est ce qu’il nous a dit dans son bureau’’ révèle le porte-voix des victimes du déguerpissement de Kenendé.
Alors que les autorités avaient promis de rétablir ces victimes dans leurs droits, le coup d’Etat du 5 septembre est survenu, entrainant la chute du régime d’Alpha Condé. Ce collectif dit avoir constaté que des travaux sont actuellement engagés sur leurs domaines par les autorités de la transition. Ces déguerpis menacent de porter plainte contre l’Etat pour réclamer leurs dus.
‘’Nous ne voulons rien d’autre que d’être dédommagés. Nous savons que nous n’occupions pas un terrain du gouvernement, ni construit sur un domaine de l’Etat. L’Etat lui-même a reconnu cela et que ce n’était qu’une erreur administrative. Alors nous interpellons le gouvernement du colonel Doumbouya. S’il a pris le pouvoir, il doit assumer le passif aussi. Le gouvernement d’Alpha Condé nous doit. Il a cassé nos maisons. Si Doumbouya a pris le pouvoir, il doit prendre notre dossier en main et nous rétablir dans notre droit’’, réclame M. Goépogui.
‘’Au moment où on est en train de mener des démarcher pour être dédommagés, on vient d’apprendre qu’il y a une mission de l’université de Gamal Abdel Nasser de Conakry qui est venue sur les lieux pour prendre des mesures. Des trous sont déjà creusés pour faire une clôture sur nos parcelles’’, ajoute-t-il.
‘’Nous avons tous les droits de nous opposer à cette construction, mais nous ne voulons pas nous rendre justice. Nous voulons passer par la procédure légale. Donc nous allons prendre un avocat qui va porter plainte au nom de notre collectif contre l’Etat’’, annonce le collectif.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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