J’ai longtemps hésité avant de vous interpeller de la sorte, mais la gravité actuelle de la situation sociopolitique, de notre pays me pousse à le faire.
D’autres compatriotes l’ont déjà fait et le feront sans aucun doute ; c’est notre devoir légitime d’alerter le premier magistrat du pays, sur des questions d’intérêt national.
Pourquoi m’adresser à vous directement ?
Parce qu’à ce jour, vous incarnez la seule institution élue au suffrage direct des Guinéens, et que j’aie voté pour vous ou pas, cela n’a aucune importance, du moment où votre fonction englobe la nation tout entière.
Monsieur le Président,
Aux grands moments de l’histoire se confondent toujours des grands hommes, qui parfois au détriment de leurs propres intérêts ou de ceux de leur groupe, choisissent le chemin de l’honneur , de la dignité et de la patrie.
Aujourd’hui, notre « pays que nous avons en commun », va mal et vit un moment crucial de son existence ; les frustrations sont énormes, les tensions exacerbées, le tissu social est en lambeau ; les Guinéens s’entredéchirent autour des clivages politiques, ethniques ou régionaux. Tout est fragile en Guinée ; les Guinéens ne se parlent plus, ou ne s’écoutent plus, le repli communautaire est devenu pour beaucoup, le dernier salut.
Vous pouvez agir Monsieur le Président pendant qu’il est encore temps ; vous êtes de surcroit le grand frère de bon nombre de leaders politiques, alors mettez-vous au-dessus de la mêlée pour rassembler le plus largement possible les différentes sensibilités du pays, en vue d’un consensus durable.
Président Alpha Condé, ceux qui vous disent que vous avez toujours raison, éloignez-les de tout débat national, car ils mentent à longueur de journée ; et ils étaient là aussi, pour dire à Conté qu’il avait raison de vous arrêter et de vous mettre en prison.
Hier (avant 2010) vous étiez vous aussi sur le terrain pour la conquête du pouvoir ; le pouvoir d’alors vous avait arrêté, et le peuple dans son ensemble s’est mobilisé pour votre liberté ; c’est ce même peuple, aujourd’hui encore, qui est dans la rue, pour exiger des élections libres et transparentes. Ecouter ce peuple, Professeur Alpha Condé.
A tous ceux qui critiquent ou doutent de votre engagement à apaiser les tensions, le moment est venu de leur prouver qu’ils ont eu tort. Vous êtes le seul à même de nous éviter le pire.
Nous passerons tous un jour l’épreuve inévitable de la mort certaine ; à cette date, heureux et fiers seront ceux qui auront accompli de leur vivant, de grandes choses pour leurs semblables .
Et l’Histoire, imperturbable, retiendra.
Bruxelles, le 19 avril 2013
Diallo El hadj Moussa
Citoyen guinéen