L’ex-ministre Bano Barry à Guillaume Hawing : ‘’Quand vous n’avez pas géré les examens, taisez-vous’’
Désormais à la tête du ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Guillaume Hawing a mis en doute la crédibilité des résultats des examens nationaux organisés l’année dernière par son prédécesseur Bano Barry.
Interrogé sur ce sujet lors de son passage dans les Grandes gueules, l’ancien ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation s’est dit choqué par les propos de son successeur. Bano Barry conseille à Guillaume Hawing de garder le silence jusqu’à l’organisation des examens nationaux dont le lancement est prévue le lundi 6 juin.
‘’Ça m’a choqué. Lorsqu’on ne sait pas, on s’informe. On gère sans marcher sur le cadavre de son prédécesseur’’, lance-t-il à l’endroit du ministre Guillaume Hawing
Bano Barry rappelle qu’il a occupé le poste de ministre pendant une année et deux mois. ‘’J’ai organisé deux examens. L’année dernière, tous les cadres du ministère de l’éducation nationale sont témoins. J’ai demandé en réunion comment on gère les sujets ? L’inspecteur m’a dit que c’est l’inspection qui gère les sujets. J’ai dit solennellement : ‘vous êtes rendus responsables seuls de la gestion des sujets’. C’est l’inspecteur qui a sollicité l’implication de la direction des examens pour participer à la gestion. Moi, ministre, je n’ai jamais vu les sujets et j’ai confiance que le dispositif qui a été mis en place fonctionnait’’, relate-t-il.
‘’Criez à la fraude dans le système, c’est une réalité. Qu’il y ait eu des fuites de sujets, ce n’est pas vrai’’, assure l’ancien ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation dont les résultats des examens nationaux.
Comment s’organisent les fraudeurs…
Selon l’ancien ministre, des enseignants en situation de classe créent des groupes WhatsApp. ‘’Lorsque le sujet arrive en classe, ils prennent l’image et mettent dans les groupes. Les fraudeurs sont en avance sur les honnêtes. Ces enseignants font payer un ticket d’entrée de 1 million à chaque candidat. Ils créent des groupes WhatsApp et se débrouillent pour être surveillants dans les écoles dans lesquelles ils ont leurs propres candidats’’, dévoile Bano Barry.
‘’Jai même vu un directeur d’établissement d’une école privée qui a remplacé un surveillant alors que dans cette classe, il sait qu’il a 40 candidat. C’est lui qui va permettre et faciliter la fraude. Dans une autre salle de classe, la surveillante avait les téléphones des 30 candidats dans son sac à main. Quand les élèves viennent, ils désignent un chef qui réclame 10 000 GNF à chacun. Ils prennent cet argent pour donner aux deux surveillants qui se partagent le montant. Lorsque le sujet est lancé, le groupe WhatsApp commence à fonctionner. L’enseignante distribue les téléphones et s’arrête à la porte pour surveiller le délégué. Quand on voit le délégué, on dit ‘Tetra’’’, martèle-t-il.
A l’actuel ministre de l’Education nationale, il donne des conseils : ‘’Quand vous n’avez pas géré les examens, quand vous êtes ministre, taisez-vous. L’année dernière, il (Guillaume Hawing) était délégué dans un centre à Cobayah, il n’a qu’à dire comment il a géré. L’année dernière à Conakry, il y a 5000 candidats non titulaires du Brevet que j’ai recalés. Parce que j’ai mis en place la biométrie’’.
‘’Vous ne pourrez jamais régler la question de la fraude dans les évaluations si vous n’avez pas une base de données numérique et biométrique de tous les candidats. Parce que vous avez des candidats qui se font substituer par d’autres personnes. Vous n’aurez jamais un examen bon si les examens antérieurs ne sont pas bien gérés’’, estime le professeur Bano Barry.
Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info
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