Aux premières heures de leur prise du pouvoir, les autorités guinéennes ont reçu le soutien de l’ANAD (Alliance nationale pour l’alternance démocratique) dont l’UFDG est la colonne vertébrale. Mais ce que la majorité ignore, c’est le refus du Colonel Doumbouya et des membres du CNRD de rencontrer Cellou Dalein Diallo.
Le tombeur d’Alpha Condé a pratiquement reçu tous les principaux acteurs politiques guinéens sauf le leader de l’UFDG. « À l’exception des journées de concertation organisées par la junte du 14 au 17 septembre 2021, les deux hommes ne se sont jamais rencontrés. Comme de nombreux acteurs sociaux et politiques, le président Cellou a fait les pas nécessaires pour s’entretenir avec Colonel Doumbouya et ses proches, qui ont ignoré sa main tendue. Regardez le FNDC, que l’on disait être la chose de l’UFDG… Doumbouya les a reçus dès que ses exilés sont rentrés…», souligne un cadre de l’UFDG.
Pour un autre cadre, « le parti accorde une importance aux sorties des dissidents comme c’est le cas aujourd’hui de Bakary Keïta, ancien responsable de l’aile jeunesse que Cellou Dalein a fait nommer député à l’Assemblée nationale. Bref, le parti doit se concentrer pour la préparation des différentes échéances électorales, plutôt qu’à mobiliser ses militants pour des marches pacifiques, que la communauté internationale désapprouve. Il faut favoriser la réalisation de toutes les actions prévues dans l’accord entre la Guinée et la Cedeao pour le chronogramme de 24 mois. Même cette affaire de dirigeants ayant des problèmes avec la Justice… Tout le monde sait que c’est Cellou Dalein la cible et ce, parce qu’il est le seul avec son alliance politique à pouvoir gagner démocratiquement les prochaines élections ».
De l’avis d’un analyste politique, « tout le monde, y compris Colonel Doumbouya, ses camarades du CNRD et leurs alliés, sait que l’ANAD est la seule force politique réellement implantée à travers tout le pays, particulièrement en Basse-Guinée où sont établis au moins 60 pour cent des électeurs. Et l’UFDG est la première force politique en Basse-Guinée. Les gens le savent très bien parce qu’à l’UFDG, de nombreuses autorités, à tous les niveaux, sont assumées par des guinéens de toutes les régions et appartenances ethniques ».
Commentaire partagé par un observateur de la scène politique guinéenne qui estime que « vu la trêve des manifestations qui sera observée tout ce mois de juin, il faudrait que Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et leurs alliés des Forces vives réfléchissent à une nouvelle stratégie. Au lieu de manifester, pourquoi ne pas mettre en ligne une pétition pour qu’au moins 5 millions de guinéens la signent et l’envoyer au CNRD et aux représentants du G5-Guinée (Cedeao, Nations-Unies, Union européenne, France et États-Unis) qui ont convenu des modalités du chronogramme des 24 mois ? Dans cette pétition, il faudrait que les signataires soulignent, en vertu de l’accord Guinée et Cedeao que le CNRD et les autorités de la transition n’auront plus de légalité pour agir au nom de la Guinée. En lieu et place seront installés un gouvernement d’union nationale désigné et présidé par les FVG (55 pour cent) et le reste (45 pour cent) par le CNRD et ses alliés ».
Poursuivant, cet observateur estime que « l’UFDG ne devrait accorder de l’importance à ses anciens cadres qui sont allés dans le camp du pouvoir. L’UFDG devrait ignorer ses cadres qui vont à la mangeoire du CNRD. Elle devrait plutôt continuer son chemin… C’est plus important que de commenter les propos de ceux qui cherchent à aller à la mangeoire du CNRD. Le peuple souffre aujourd’hui, davantage que sous le règne d’Alpha Condé, appuyé par l’Armée et les forces spéciales du Colonel Doumbouya ».