Les quartiers sensibles ont souvent une mauvaise image. A Conakry, l’axe Hamdallaye-Bambeto Cosa dans la commune de Ratoma est considéré comme un axe du mal. Une dénomination que le Chef de la délégation de l’Union européenne en Guinée déplore. Philippe Van Damme l’a fait savoir, jeudi, lors du lancement au cinéma Rogbane de la première journée de la fête de l’Europe.

Les banlieues de Conakry sont caractérisées par un manque d’infrastructures, de maisons de jeunes, d’hôpitaux, et souvent frappées par le manque d’eau et d’électricité. Les banlieues, c’est aussi les images de véhicules incendiés et affrontements entre jeunes et policiers que les médias mettent à la Une lors des manifestations.

En célébrant la fête de l’Europe cette année, la délégation de l’UE a délocalisé certaines de ses activités dans la haute banlieue de Conakry. L’institution est préoccupée par la situation des jeunes de la banlieue. Le chef de la délégation a déclaré, lors du lancement de la fête, que la banlieue est souvent associée à la violence, à l’insécurité. ‘’Hamdallaye, Bambeto, Cosa est qualifié d’axe du mal, un terme stigmatisant et injuste’’, martèle Philippe Van Damme.

Elèves et étudiants,  ONGs, jeunes de la banlieue ont convergé dans la matinée du jeudi vers le  cinéma Rogbane à Taouyah. Un espace culturel aménagé pour recevoir tout au plus 700 spectateurs qui a refoulé du monde. Un taux de fréquence rarement vu, selon un technicien du Cinéma Rogbane.

Au menu de la journée, documentaires, conférences-débats, théâtres, projections de films long métrage. La fête a débuté par la projection du film Hermakonon (en attendant le bonheur) du réalisateur Abderrahmane Sissako. Comédie dramatique d’une durée de 1h35min dans laquelle, Abdallah un jeune Malien de dix-sept ans retrouve sa mère à Nouadhibou, une petite ville de pêcheurs arrimée à une presqu’île de la côte mauritanienne. Abdallah ne rêve que d’une chose : aller en Europe. Ne comprenant pas la langue locale le jeune tente de déchiffrer l’univers qui l’entoure.

Immersion Bambeto, réalisé par Moussa Moise Sylla pour la chaine de télé Espace TV était aussi au programme. Dans ce documentaire de  45 minutes, le journaliste conduit le téléspectateur dans les réalités de l’axe Hamdallaye, Bambéto, Cosa, Cimenterie en passant par Enco 5.  Place ensuite à une pièce de théâtre présentée par la compagnie Touche-à-tout. Un sketch axé sur le rôle et l’importance de la police de proximité dans la lutte contre le grand banditisme.

Dans l’après-midi, un rapport préliminaire d’une enquête sur la perception de la sécurité réalisée par Coginta a été rendu public, suivi d’un panel sur les violences urbaines animé conjointement par le sociologue allemand Joschka Philipps, et des jeunes leaders d’associations de jeunes de la banlieue.

Dans la soirée, c’est le film Kinshasa Symphony qui était à l’honneur. Un regard sur la façon dont vivent les habitants de Kinshasa, l’une des villes les plus chaotiques du monde. Un panel sur le rêve d’avenir animé par le sociologue Dr Amadou Bano Barry et le film Black Out mettant en lumière les difficultés d’étudier à Conakry sans électricité courante et Big Boys Gone Bananas, film suédois sur la manipulation des médias et la liberté d’expression, ont clôturé la journée.

Vendredi 9 mai, le festival se poursuit au Centre culture franco-guinéen avec la pièce théâtrale, ‘’Tu m’aimeras’’, sur le désir ambivalent d’une Guinée maltraitée par son peuple.