[dropcap]A[/dropcap]vant tout, la politique s’occupe de comment les citoyens organisent leurs communautés, avec l’objectif de traiter collectivement les problèmes auxquels ils sont confrontés. Cette procédure de résoudre les conflits, en misant sur la force du groupe, et non celle des individus pris séparément, n’est-elle pas essentielle pour réussir tous les paris politiques ?
L’élection présidentielle de 2015, présente un enjeu de taille. Alpha Condé et son groupe disent vouloir un second mandat, voire plus. L’opposition n’en croit pas ses oreilles, et assure qu’elle possède la véritable alternative pour résoudre les problèmes de la Guinée.
Une polémique qui, à priori, laisse entendre que la bataille ne sera pas aisée entre les deux protagonistes. Parce que, presque les forces s’équilibrent. Même si du côté du pouvoir, des mesures peu orthodoxes seraient envisagées pour gagner le pari : l’usage des appareils de l’Etat pour organiser une élection frauduleuse.
La chance de l’opposition dans un tel scénario est manifeste. L’opposition a des moyens, des moyens efficaces. L’un des moyens est déjà en marche : la démarche pour le respect des accords de 2013, relatifs à la tenue des élections dans des conditions libres et transparentes.
L’opposition pourrait aussi prendre des décisions courageuses, à sensation, mais fructueuses.
Le RPG Arc-en-ciel remporta l’élection présidentielle de 2010, en postulant pour une stratégie dangereuse, à sensation, mais une stratégie quand même. Arriver au pouvoir en incitant les ethnies, les unes contre les autres, la démarche est plutôt courageuse, avec toutes ses conséquences politiques et sociales. La preuve : aujourd’hui, la Guinée est divisée.
Une conjoncture qui contredit l’esprit dynamique de la politique, à savoir la résolution collective des problèmes de la société. Sans unité, aucun développement n’est possible.
Cela dit, si Alpha Condé et son groupe, pendant l’élection présidentielle de 2010, eurent le courage de postuler pour une politique ethno stratégique (forcement négative), face à la présidentielle de 2015, l’opposition peut, quant à elle, postuler pour une autre stratégie politique, très positive : trouver une candidature unique capable de rassembler les guinéens, et stopper le RPG Arc-en-ciel dès le premier tour.
Pour ce faire, et indépendamment de tout excès de passion, de toute considération ethnique, de toute idée de haine, de tout préjugé, de toute aspiration à la vengeance ou à la violence, ou à l’argumentation irrationnelle, et sans complexe, l’opposition républicaine doit être capable de dégager un choix réaliste. Ce choix, ce candidat, il existe. Il faut le trouver, et sans trop tarder.
Un candidat unique, et sur la base d’un seul et unique critère, celui du réalisme.
Naby Laye Camara
Bruxelles