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Macenta : Trois braconniers condamnés à des peines maximales pour abattage d’éléphant !

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tokpasoropogui[dropcap]L[/dropcap]a justice de paix de Macenta au sud de la Guinée a tenu le mardi 27 septembre 2016 son audience correctionnelle sur le cas de capture et d’abattage d’espèces animales protégées. Pokpa Soropogui écope d’un an de prison ferme, ses deux coauteurs condamnés par défaut à 5 ans de prison ferme.

Ils étaient poursuivis pour flagrant délit d’abattage d’éléphant, espèce animale intégralement protégée par le code de faune Guinéen et par la Convention de Washington. Cette peine maximale obtenue du côté de la région forestière est la conséquence des efforts consentis par les autorités guinéennes d’une part et de l’autre le projet GALF (Guinée Application de la Loi Faunique).

Prenant la parole devant le juge, M. Pokpa Soropogui, prototype de ce crime faunique, a reconnu tous les chefs d’accusation mis à sa charge et regrette le fait que son défunt oncle qui fut un célèbre braconnier de la contrée soit piétiné et tué par un autre éléphant lors de l’opération.

Ainsi, poursuit-il, en compagnie de son maître braconnier, les deux seraient partis rencontrer Foromo Koivogui et son jeune frère Mory Koivogui, tous chasseurs et braconniers de grande envergure de la localité de Zébéla, une sous-préfecture de Macenta. A l’en croire, cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de la mise en place d’un arsenal de moyens et de stratégies pour aller répondre à la demande incessante des notabilités de Zébéla qui solliciteraient leur présence pour mettre hors d’état de nuire tous les éléphants qui taraudent autour de la localité.

Contrairement à cette déclaration, trois des cinq notabilités de Zébéla convoquées par le parquet ont été entendus à cet effet. Ils ont tous nié leur implication et rejettent à bloc les déclarations de Pokpa Soropogui qui dit être sollicité par ces derniers afin de commettre l’infraction. Pour la petite histoire, Ziama est l’une des dernières forêts classées (primaire) du pays. Selon les dernières estimations du WCF (Wild Chimpanzés Fundation), il restait environ 200 éléphants dans la zone qui sont de nos jours victimes de disparition.

Pour la répression, l’avocat de la partie civile Me Jean Moussa Sovogui, représentant le Ministère de l’Environnement, demande au juge d’appliquer la peine maximale à l’encontre de Pokpa Soropogui et la peine maximale par défaut aux deux autres coauteurs en cavale. Il s’agit bien de Foromo Koivogui et de Mory Koivogui. Sur l’action civile, il a demandé le payement de 300.000.000 GNF à titre de dommage et intérêts causés à l’Etat.

Dans son délibéré, le juge audiencier n’est pas passé par mille chemins. Il a condamné Pokpa Soropogui à un an de prison ferme et  à une amende de 150.000 GNF. Sur l’action civile, il le condamne au paiement d’une somme de 2.500.000 GNF à titre de dommage et intérêts à l’Etat. Quant aux deux autres coauteurs, Foromo Koivogui et son jeune frère Mory Koivogui, ils écopent d’une condamnation maximale par défaut à 5 ans de prison ferme.

Une décision de justice qui a été largement saluée par l’ensemble des réseaux d’ONG et organes publics évoluant dans la préservation de la biodiversité guinéenne et africaine. Charlotte Houpline, fondatrice de l’ONG Wara Conservation Project (WCP) et présidente du projet GALF (Guinée Application de la Loi Faunique) et de SALF (Sénégal Application de la Loi Faunique) affirme : ‘’Très bonne décision !! Un an, la peine maximale, c’est très bien ‘’.

Craignant la corruption et le laxisme de l’administration publique dans cette région, elle ajoute en s’adressant à un de ses juristes qui suit le dossier sur le terrain en ces termes : « Il faut bien suivre jusqu’à ce qu’il (le braconnier condamné) rentre en prison. Je le dis par expérience dans cette région ».

L’ONG Faune et Flore Internationale(FFI) à travers son représentant légal M. Toupou Goéker du côté de Macenta salut les efforts de tous : « D’abord c’est de dire grand merci à toutes les autorités qui se sont impliquées pour l’aboutissement de ce grand résultat. » Pour moi, poursuit-il, c’est une réelle satisfaction de la décision rendue en infligeant la peine maximale aux braconniers, ce qui va freiner le braconnage des éléphants.

Quant à  M. Barrêt Koivogui, chef d’antenne du massif du Ziama, l’avocat a défendu professionnellement l’Etat guinéen en sa constitution de partie civile. Cela a impulsé les tendances à notre faveur pour obtenir une peine maximale surtout avec l’appui non négligeable du projet GALF, poursuit-il. Concluant, M. Koivogui Barrêt affirme : « Une telle décision de justice sur ces braconniers va certainement réduire le taux d’abattage des éléphants et aussi démanteler leur réseau.

Aux dernières nouvelles, la justice de paix de Macenta va délivrer les mandats d’arrêts contre les  deux autres braconniers en cavale et s’activera pour le transfert du condamné vers la prison civile de Nzérékoré vu que celle de Macenta n’est pas opérationnelle depuis belle lurette.

Il faut rappeler que le trafic d’espèces est un commerce transnational. Il représente le 4ème crime mondial amassant de plus 20 millions de dollars chaque année. Avec une telle somme illicite, le financement d’activités terroristes par les trafiquants et leur bande à l’échelle internationale  n’est à négliger.

Par Fatou Kourouma

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