Le célèbre romancier Tierno Monenembo continue de fustiger le silence de l’intelligentsia guinéenne. Malgré les critiques, il estime qu’il est de son devoir de prendre la parole face au pouvoir pour dénoncer la complicité passive des élites nationales.

L’auteur de ‘’Les Ecailles du ciel’’ n’entend pas se taire. Il assume pleinement son rôle. ‘’Je fais mon devoir de citoyen et d’écrivain. Le devoir d’un écrivain, c’est d’interroger sa société, le pouvoir en place. La place d’un écrivain n’est pas au sein d’un gouvernement. Elle est en face du gouvernement pour lui dire : merde, à chaque fois que c’est nécessaire’’, indique-t-il dans Dissidence Podcast.

Pour Tierno Monenembo, ‘’si on n’interroge pas un gouvernement, il tue qui il veut, fait ce qu’il veut’’, ajoutant qu’au Sénégal, ‘’à chaque fois les élites sortent. Elles font le minimum. Les intellectuels, les marabouts sortent et interrogent le gouvernement en lui disant : Attention, ça non. C’est dangereux pour le pays. Il faut changer de trajectoire’’.

En Guinée, déplore-t-il, ‘’chaque marabout guinéen, chaque prêtre guinéen, chaque intellectuel guinéen ne cherche que sa bouffe personnelle. Ils sont prêts à lécher les pompes du pouvoir en place pour manger. Le peuple ne les intéresse pas. Ça, c’est tragique’’.

L’auteur tire la sonnette d’alarme et affirme que ‘’c’est grave ce qui se passe en Guinée. C’est d’autant plus grave que c’est la même chose depuis 1958. Comment voulez-vous qu’en 2025, on tue des gens, on fait disparaître des gens, personne ne se lève ? On fait disparaître des gens du jour au lendemain. On ne sait même pas où ils sont. Est-ce normal dans un pays ?’’

Pour changer la donne, il estime qu’il ‘’faut que le peuple guinéen se révolte, surtout les jeunes. 60% des jeunes de Guinée ont moins de 30 ans. Si vous vous levez, personne ne peut rien contre vous. Ils vont fuir. Où voulez-vous qu’on aille ?’’.

‘’Si la jeunesse ne se bat pas, quel est son rôle dans la vie ?’’, s’interroge-t-il, assurant qu’en ce qui le concerne, ‘’je ne crains pas la mort. Je sais où je vis. Je vis en Guinée et je sais ce que j’écris. Tout peut m’arriver, mais je n’ai rien à foutre. On ne tue pas la vérité. Elle est immortelle. Ni une balle, ni une lance ne peut tuer la vérité’’.

Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info

00224 621 77 38 52/bahpathe17@gmail.com