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Marche du 9 mars : la manifestation de tous les risques

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Des coalitions de partis politiques et d’organisations de la société civile appellent à manifester dans la capitale Conakry et ses environs ce jeudi 9 mars 2023. Elles entendent ainsi exiger la satisfaction de leurs revendications relatives à ce qu’ils appellent la conduite solitaire de la transition par le CNRD. Quels sont les risques d’une telle manifestation et quelles pourraient en être les conséquences ? 

Les autorités du pays ont interdit toute manifestation sur les places publiques jusqu’à nouvel ordre. Les acteurs politiques et sociaux entendent braver cette interdiction de manifester en mettant leurs militants et sympathisants dans la rue. Dans une de leurs récentes sorties médiatiques, les autorités indiquaient  ne pas apprécier cette décision de manifester et mettaient les organisateurs en garde. Un bras de fer s’engage alors entre le CNRD et les forces politiques et sociales du pays qui drainent derrière elles une frange importante de la population guinéenne.  

Si ce rapport de force a lieu, il y a de fortes chances qu’on enregistre des affrontements entre des jeunes militants et les forces de l’ordre, comme ce fut le cas le 16 février dernier, engendrant ainsi des morts, des blessés, des arrestations et des destructions de biens publics et privés. Les manifestations de rue sont un moyen de pression pour les forces politiques et sociales. Une situation chaotique à Conakry et environs jouerait en faveur des organisateurs en fragilisant les autorités et en les discréditant aux yeux du peuple et de la communauté internationale. 

Le test pour le CNRD est de pouvoir résister à la tentation de réprimer les manifestations au risque de donner aux forces sociales l’occasion rêvée de pousser l’armée à commettre l’irréparable et ainsi mettre les acteurs et les commanditaires sur le banc des accusés. Chose qui est peu probable pour qui connait la mentalité de nos hommes en uniforme qui n’admettent pas d’être désobéis, surtout à un moment où plusieurs hauts cadres sont ciblés par des sanctions de la CEDEAO. 

Dans le meilleur des scénarios, si l’armée affronte les manifestants, des cas de morts pourraient être enregistrés, des citoyens arrêtés et des biens publics et privés détruits. Les seuls bénéficiaires d’un tel statu quo sont des leaders politiques, les pécheurs en eaux troubles et le grand perdants restent et demeurent le peuple de Guinée. 

Dans une situation de crise aigüe, de conditions de vie très précaires pour la majorité de la population et l’exaspération d’une importante frange de la population qui en découle, le scénario du chaos n’est pas à écarter. Les populations, à bout de souffle, pourraient ainsi saisir l’occasion pour exprimer le raz-le bol qu’elles vivent. Des individus mal intentionnés tant parmi les citoyens que parmi les forces de sécurité pourraient se livrer à toute sorte de pillage et tout le monde connait ce qui s’en suit en pareilles circonstances. 

Une transition est toujours un moment de fragilité. Des forces du mal sont à l’affût, cherchant des occasions pour mettre la stabilité du régime en mal et en tirer profit. Certains n’hésitent pas à réclamer un retour au pouvoir qu’on leur a usurpé alors qu’ils ‘’seraient élus au suffrage universel par les guinéens’’. D’ailleurs, les appels à la mobilisation ne tarissent point ces derniers moments. 

Au pire des cas, une insurrection populaire pourrait intervenir et dont les conséquences ne peuvent être anticipées. Ce n’est pas souhaitable, mais une déstabilisation du CNRD profiterait mieux à ceux qui estiment être les détenteurs légitimes du pouvoir que le CNRD qui gagnerait à maintenir la paix et la stabilité. D’autres grands perdants pourraient être les autres acteurs politiques qui espèrent accéder au pouvoir à travers les élections à venir. 

C’est à se demander qui, enfin sera le véritable gagnant, le cas échéant, d’un tel duel. On apprend de l’histoire qu’on n’apprend pas de l’histoire, dit-on. 2009 n’est pas encore très loin de nous, les mémoires ont été rafraichies du côté du Tribunal de Dixinn. Saurons-nous en tirer profit ? Attendons de voir ! 

Boubacar DIENG 

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