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Massacre du 28 septembre : alité pendant 2 ans et 5 mois après avoir été blessé par balle au pied, Alimou Bah accuse Pivi

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Chauffeur de profession, Mamadou Alimou Bah s’était  rendu le 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Ce mercredi, dans le cadre du procès qui se déroule au tribunal criminel de Dixinn, il a raconté comment il a pris la fuite au stade avant d’être blessé par balle le lendemain à son domicile à Cosa.

La victime accuse des éléments du colonel Claude Pivi d’avoir tiré sur lui après avoir tué un jeune de son quartier. Extraits…

‘’Je revenais d’un voyage la nuit. J’avais une enveloppe contenant des dossiers que je devais remettre à quelqu’un. Il m’a dit de venir à Cosa pour lui remettre les dossiers. On s’est rencontrés là-bas le lundi 28 septembre, il était à moto. Lorsque j’ai vu les mouvements de foule à Cosa, j’ai demandé ce qu‘il y a. On m’a dit que ce sont les leaders qui ont appelé les gens au stade. C’est par la suite que j’ai décidé d’y aller aussi (…). La personne à qui qui j’ai donné les papiers m’a dit qu’elle doit aller en ville. Je lui ai demandé de me déposer à Dixinn. Comme il y avait beaucoup de personnes sur la route Le Prince, il m’a dit qu’on va emprunter l’autoroute Fidel Castro. A Madina, il a décidé de me déposer au stade pour continuer sa route. Vu que les gens étaient nombreux sur la route qui mène au stade, il m’a dit qu’il va se limiter à Pharma Guinée (…). Je lui ai dit de me laisser là-bas pour prendre mon petit-déjeuner (…).

Quand je suis venu au stade, j’ai trouvé que les gens y étaient. Moi aussi, je suis rentré. J’ai trouvé qu’il y avait de l’ambiance, les uns dansaient, d’autres priaient. J’ai décidé de partir vers les leaders mais c’était difficile parce qu’il y avait du monde. Mais j’ai forcé la situation pour y être.

Peu de temps après, j’ai entendu le crépitement des balles. Les gens commençaient à paniquer. J’ai vu des militaires rentrer en tirant. Pour la première fois, j’ai cru qu’ils tiraient en l’air. Mais j’ai vu le groupe tirait directement sur les gens. Je ne sais plus comment j’ai fait pour sortir du stade. C’est quand je suis arrivé à la Minière que j’ai repris mes esprits. J’ai pris la route de Taouyah pour revenir chez moi à Cosa. Mais il se trouvait que j’étais blessé à la main.

Le matin, quand je me suis réveillé, on m’a dit d’aller à Cosa pour voir les magasins pillés. J’ai dit que mon bras me fait mal, je vais à l’hôpital pour voir ma main. Certains sont partis. Un instant après, trois pickups de militaires venus de Petit Simbaya sont arrivés. J’étais devant la cour, après leur passage, j’ai dit que c’est Claude Pivi. Un peu plus loin, ils ont commencé à tirer. Ils ont tiré sur un enfant, la balle est rentrée par l’œil pour sortir vers la nuque. J’ai dit : ‘Ah ils ont tué Boubacar’. Dès que j’ai commencé à courir pour le prendre, ils ont tiré sur  moi au niveau du pied. Je suis tombé. Un petit est venu me tirer de là pour me faire rentrer dans la cour. Après, ils ont trouvé un véhicule pour m’amener à l’hôpital. On m’a envoyé au centre médical communal Flamboyant. Là, ils ont attaché mon pied avec des cartons avant de me dire d’aller à l’hôpital Donka.

Quand nous sommes arrivés à Donka, il y avait beaucoup de bérets rouges. Quand le chauffeur a voulu rentrer, on l’a intercepté. Ils nous ont dit qu’on ne va pas rentrer. Mon camarade est descendu pour dire que je suis en train de mourir dans le véhicule, si on ne peut rentrer, qu’on le tue aussi (…). Un militaire a regardé dans le véhicule et a dit qu’ils ont reçu l’autorisation de ne laisser personne entrer. Quand mon camarade a demandé qui a donné cette autorisation, il a dit que c’est le ministre. Après, il nous a dit de rentrer vite, on l’a laissé tête baissée avec un air de regret.

Dès que je suis arrivé aux urgences, un docteur m’a reconnu et m’a demandé : ‘Maitre Alimou, ils ont tiré sur toi ?’. J’ai répond Oui. Il a demandé à ses amis de l’aider à me faire monter (…). Quand le docteur a  acheté les produits, ils ont plâtré mon pied et ont laissé des trous pour le pansement.  On m’a hospitalisé dans une salle.

Quand ma mère est venue, elle a dit au médecin de l’aider à avoir des papiers pour m’amener à Dakar. Il a dit que ce n’est la peine d’aller à Dakar, qu’il va me soigner ici. Je ne sais si c’est Dadis qui a dit de traiter tous les malades. Quand il est venu dans la salle pour nous regarder, il  a tendu sa main pour me saluer, je n’ai pas accepté. Après, ils sont partis dans les autres salles avant de quitter.

Je ne sais comment ils sont partis dire à Dadis que les victimes sont chassées de l’hôpital. Le ministre est venu pour dire de ne pas faire sortir quelqu’un, que tous les malades soient soignés.  Après quelqu’un a dit que Dadis l’a menacé parce que c’est le ministre a mis les militaires à la porte pour empêcher les gens de rentrer. Quelqu’un nous a dit de chercher à quitter l’hôpital parce qu’ils peuvent revenir nous tuer. Un autre a dit que ça peut être vrai parce que Tiègboro vient souvent à l’hôpital alors qu’il n’est pas ministre de la santé (…).

Après,  j’ai dit que je vais sortir parce que j’avais peur. Mon petit frère est allé voir le médecin pour lui dire que je veux sortir de l’hôpital. Ce dernier m’a dit que cette  décision doit venir de la directrice. Après, le petit est parti au bureau de la directrice pour lui expliquer la situation. Cette dernière me dit qu’il faut que le ministre soit au courant. Après, j’ai dit s’il ne vient pas jusqu’à demain, je vais ramper pour sortir. Le lendemain, le ministre est venu avec des hommes pour me demander si c’est moi qui ai dit que je veux sortir de l’hôpital. J’ai dit Oui. Après, on m’a donné des papiers à signer ainsi qu’un certificat médical, puis je suis sorti.

Depuis que je suis sorti là-bas, je me soigne à ma charge. Mon pied a été plâtré pendant 9 mois (…). J’étais couché pendant 2 ans et 5 mois. Après ma convalescence, je voulais reprendre mon travail, mais mon pied ne pouvait plus conduire’’.

Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info

00224 628 52 64 04/abdoulbela224@gmail.com

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