Massacre du 28 septembre, Baffoe assume sa ‘’faiblesse’’ face aux militaires : ‘’Il fallait se mettre à l’abri, on n’était plus dans le cadre du maintien d’ordre’’
A la barre ce lundi dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009, l’inspecteur général à la retraite Ansoumane Baffoe Camara a été questionné sur son rôle au stade. Pour l’ex-commandant de la Compagnie d’intervention mobile intervention (CMIS) de Cameroun, la mission de son unité était d’empêcher la tenue de la manifestation qui, selon lui, était interdite.
‘’Lorsqu’il y a eu le regroupement à l’intérieur du stade, quelle devrait être votre mission ?’’, lui demande Maitre Amadou Oury Diallo, un des avocats de la partie civile.
En matière de maintien d’ordre, explique l’ex-patron de la police nationale, Ansoumane Baffoe Camara ‘’un bon spécialiste évite les regroupements. Quand les gens sont à 10, 20, il est plus facile de les disperser que quand il s’agit de 500 à 1000 personnes. Quand la foule est nombreuse et compacte, même si la manifestation est interdite, vous l’encadrez parce que vous ne pouvez plus disperser les manifestations. Sinon, vous allez causer des dégâts collatéraux. Donc, le 28 septembre 2009, le matin, on a commencé par disperser les manifestants, mais les gens ont le temps de déboulonner le dispositif de sécurité pour se regrouper dans un stade qui était fermé. Même si j’avais l’ordre de les disperser, je n’allais pas le faire’’.
‘’Puisque la foule était compacte et elle difficile à disperser. Quelle devrait être votre mission maintenant? Est-ce que vous avez pu jouer votre mission ce jour-là ?’’, cherche à savoir Me Diallo.
‘’Notre mission était d’encadrer la manifestation (…). Quand on a trouvé que les gens étaient au stade, il n’était même plus question pour nous de d’entrer dans le stade mais plutôt de sécuriser les périmètres, attendre qu’ils finissent. Car, même lancer un gaz lacrymogène pouvait semer la panique. On n’avait même plus droit de dégoupiller une grenade conventionnelle. On devait attendre dehors, ouvrir même les issues de secours pour faciliter les sorties et interpeller les organisateurs’’, précise Baffoe Camara.
A la question de savoir qui a ordonné le tirs de gaz lacrymogènes dans le stade, l’ex-commandant de la CMIS de Cameroun répond : ‘’Je ne saurai vous le dire parce que je n’étais pas dans le stade. Et les gaz lacrymogènes qu’on donnait à la police et à la gendarmerie, ce sont les mêmes autorités qui nous en donnaient. Nous ne commandions pas, nous n’avions pas l’exclusivité de la commande des grenades (…). Quand on a fini la barricade, on n’avait même plus une grenade lacrymogène dans mon dispositif’’.
‘’Vous dites que votre équipe n’est pas entrée au stade. Pourtant, Elhadj Cellou a été giflé par un policier à la descente de la tribune. Comment ce policier s’est retrouvé là-bas ?’’, lance l’avocat. A cette question, le témoin dira que ‘’mes éléments ne sont pas entrés au stade. Dans la police, je gérais une unité qu’on appelait Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS). Il y a un commissariat au stade qui a son personnel en tenue ainsi que des agents qui étaient planifiés. Si un de ces jeunes s’est retrouvé en face de la tribune et a porté main sur un leader, je ne peux pas dire si c’est vrai ou faux. Mais, moi, les éléments de la CMIS étaient identifiés’’.
‘’Quand on vous taxe d’avoir démissionné, qu’en dites-vous ?’’, lui demande encore la partie civile. ‘’Je préfère qu’on me dise que j’ai démissionné que de dire que c’est Baffoe qui était en train d’exécuter quelqu’un. J’assume. Si la démission est positive, je suis d’accord’’, assume-t-il.
Quand l’avocat va plus loin pour en savoir davantage ‘’Donc, c’est votre démission qui a entrainé ce qui s’est passé au stade ?’’ ‘’Non, c’est ma faiblesse’’, répond-t-il.
‘’Vous dites que dès que vous avez vu les militaires, votre mission était terminée. Pourquoi dites-vous cela ? Est-ce que la présence des militaires signifie que la police chargée de maintenir l’ordre était terminée ?’’, cherche à savoir l’homme en toge noire. ‘’Bien sûr ! Nous étions là pour maintenir l’ordre avec des armes conventionnelles qui sont même finies. Subitement, on voit des commandos débarqués. Il fallait donc se mettre à l’abri. Parce qu’on n’était plus dans le cadre du maintien d’ordre’’, se défend-il.
‘’Etiez-vous débordés ?’’, lui demande-t-on. ‘’On était complément débordés. On a été débordés dans un premier temps, on a décroché. On est allés au niveau de Donka en face du camp Camayenne. Quand on est revenus, on a trouvé que les leaders étaient en train de faire leur meeting’’, dit-il.
Abdoulaye Bella Diallo, pour VisionGuinee.Info
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