Dans le cadre du procès du 28 septembre, Me Thierno Amadou Oury Diallo, avocat de la partie civile, a posé mardi moult questions sur la gestion des corps des victimes du massacre au stade de Conakry.
L’avocat a demandé à l’ancien chef d’état-major général des forces armées s’il sait qu’il ‘’y avait plus de 1000 morts au stade du 28 septembre ?’’. L’homme de droit cite la version des faits d’une victime qui parle de 12 camions militaires qui ont démarqué au stade dont 4 ont été remplis de corps en sa présence.
‘’Non, je ne suis pas au courant de cela. Ce qui était dans le rapport, c’est ce que je sais’’, répond le général à la retraite Oumar Sanoh.
Maitre Diallo lui fait remarquer sur ‘’les quatre camions que vous avez reconnus, même s’il y avait plus de quatre au stade, chaque camion a embarqué au minimum 200 à 250 corps avant de laisser le reste pour la Croix-Rouge’’.
‘’Je ne suis pas au courant. Je n’ai pas compté les corps’’, souligne l’ancien chef d’état-major général des forces armées qui affirme que ‘’le seul crime que j’ai commis, c’est de donner les camions’’.
Techniquement, retorque l’homme de droit, ‘’savez-vous que la question de ramassage de corps relève des compétences de la police et de la gendarmerie sur ordre du procureur ?’’
‘’Non, je ne le savais pas. Je sais quand même que la Croix-Rouge, quand il y a des calamités, est habilitée à secourir les gens. Je sais que ça va dans les prérogatives de la Croix-Rouge. Dire qu’en faisant cela, je pensais autrement, je dis non Maitre’’, avance l’ex-CEMGA.
‘’Dans votre cours de droit international humanitaire, on vous a certainement dit que lorsqu’il y a mort d’homme, c’est le procureur qui doit ordonner à la police et à la gendarmerie en présence d’un médecin’’, enchaine l’avocat qui lui demande si les ‘’camions militaires étaient appropriés pour transporter des corps qui attendent une autopsie ?’’
Pour le général Sanoh, ‘’il y a un adage qui dit que quand le serpent sort, même si c’est un balai que tu as en main, il faut le frapper avec cela. On m’a demandé un service. Je me suis acquitté’’.
Une réponse qui ne satisfait pas Maitre Amadou Oury Diallo qui revient à la charge : ‘’Savez-vous que les corps ont été chargés comme des fagots de bois les uns sur les autres ? En le faisant, la dignité humaine a-t-elle été respectée ?’’
‘’C’est regrettable, mais comprenez que je n’ai pas décidé moi-même d’envoyer ces camions’’, retorque l’ancien patron des forces armées, qui rajoute : ‘’Quel crime ai-je commis ? J’ai donné ces camions pour satisfaire la demande qui a été faite’’.
A la question de savoir s’il est au courant que ‘’les médecins militaires qui étaient au camp Samory, n’avaient pas osé touché les corps à cause du nombre élevé de morts ?’’, il lâche : ‘’Je n’ai pas de réponse’’.
‘’Est-ce qu’on vous a dit que certains camions, au lieu de passer par morgue d’Ignace Deen sont allés directement au camp Samory ?’’, cherche à savoir encore la défense de la partie civile. ‘’Non’’, résume le témoin, avant que l’avocat lui fasse remarquer que ‘’ceux qui se sont dirigés à la morgue d’Ignace Deen ont été obligés de remarquer les corps pour les envoyer dans un camp militaire’’.
Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info
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