[dropcap]L[/dropcap]e général Sékouba Konaté affirme avoir transmis à la CPI les noms des “véritables commanditaires” du massacre du 28 septembre 2009. La meilleure défense, c’est l’attaque…
Cinq ans après les tragiques événements du 28 septembre 2009 dans le stade de Conakry (157 morts et 109 femmes violées), le général Sékouba Konaté, numéro trois du Conseil national pour la démocratie et le développement (l’ex-junte au pouvoir) et ministre de la Défense au moment des faits, a décidé de briser le silence. Et de balancer…
Dans un entretien publié le 11 juin sur le site guineenews.org, l’ancien président par intérim (de fin 2009 à fin 2010) déclare : “Des gens voulaient vaille que vaille que le sang coule afin de profiter de la situation.” Après avoir précisé qu’il n’était pas à Conakry lors du drame mais en Guinée forestière pour une “mission d’État”, il explique avoir reçu ce jour-là “des informations selon lesquelles certains officiers et civils avaient encouragé Dadis [le chef de la junte] à mater la marche pacifique de l’opposition”.
Ces personnes plus ou moins connues sont selon lui “les véritables commanditaires de ce massacre de citoyens”. En mars, Konaté aurait transmis leurs noms à la Cour pénale internationale (CPI). À La Haye, on confirme sa récente rencontre avec Fatou Bensouda, la procureure générale, mais sans en dire plus.
Pourquoi Konaté, aujourd’hui haut représentant de l’Union africaine pour la mise en oeuvre de la Force africaine en attente, est-il sorti de sa réserve ? Par “devoir de mémoire et surtout pour la manifestation de la vérité”, dit-il. Interrogé par J.A., le Tigre assume ses propos, bougonne qu’il en a assez “des mensonges et de la démagogie” mais qu’il ne veut pas “en dire plus pour le moment”.
Agacé par les lenteurs de la justice guinéenne
Son entourage, lui, est plus prolixe. Le général serait agacé par les lenteurs de la justice guinéenne dans le dossier du 28 septembre : pour le moment, seuls huit militaires ont été inculpés, et nombre de figures de l’ex-junte sont introuvables, en liberté ou encore en poste. “Il veut mettre la pression pour que cette affaire soit jugée et que les soupçons autour de sa personne soit levés”, déclare un proche.
Faut-il par ailleurs voir un lien avec la présence de son nom sur la liste, publiée quelques jours plus tôt, des personnalités disposant de biens immobiliers dits “publics” que l’État voudrait récupérer ? Pas du tout, répond son entourage, même s’il n’est un secret pour personne que les relations de Konaté avec le pouvoir sont en dents de scie.
Dans la foulée de cette affaire, il avait d’ailleurs déclaré : “Ceux qui me cherchent me trouveront sur leur chemin. Maintenant, je ne vais plus me laisser faire ; le général Sékouba Konaté de 2014 est différent de celui de 2010.”
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