Massacre du 28 septembre : les avocats de Dadis et Cie réclament les conditions d’un procès juste et équitable
Les avocats de la défense des accusés Dadis Camara, Toumba Diakité, Tiegboro Camara et autres ont exprimé jeudi des inquiétudes sur les récents développements du procès sur le massacre du 28 septembre.
Face à la presse, Maitre Pépé Antoine Lamah a rappelé que suite à la demande de requalification des faits en crimes contre l’humanité, le tribunal criminel de Dixinn a décidé de joindre la question au fond. L’affaire a été renvoyée pour que les débats puissent reprendre le 25 mars. Le lendemain, les avocats de la défense ont attaqué la décision devant la cour d’appel de Conakry où un recours a été déposé.
‘’Pendant que nous étions dans l’attente d’être éventuellement invités à venir discuter des mérites de notre recours devant la cour d’appel de Conakry, nous avons été surpris, le mardi 26 mars, de voir une délégation du procureur de la CPI débarquer à Conakry, on ne sait pour quelles raisons. Autre coïncidence, le lendemain intervient une ordonnance qui rejette notre recours’’, constate l’avocat du capitaine Dadis Camara.
Il précise que ‘’cette ordonnance n’a pas été notifiée aux avocats de la défense. C’est un avis d’audience signé du chef de greffe que nous recevonss, ignorant ce qu’on a fait de notre recours. Nous avons eu la réserve de nous présenter à l’audience si la cour n’a pas encore tranché sur la contestation que nous avons portée devant elle. Puisqu’auparavant, le tribunal venait de rendre une décision de sursis à statuer. C’est donc par voie de presse et à travers le représentant du procureur de la CPI que nous apprenons que notre requête aurait été rejetée’’.
Me Lamah assure que ‘’nous sommes des professionnels. Ce n’est pas par voie de presse qu’on notifie une décision de justice aux avocats. Il y a une forme administration en la matière qu’on doit observer’’.
‘’Il y a des inquiétudes qui animent la défense. Pourquoi le procureur adjoint de la CPI s’est précipité aussitôt, le lendemain de la décision de sursis à statuer, à Conakry ? Pourquoi c’est lui qui nous informe, à travers la presse, que notre recours a été rejeté ? Pourquoi c’est au lendemain de son arrivée que la décision dont on parle est intervenue ?’’, s’interroge-t-il, tout en soulignant que ‘’ce sont des situations qui amènent la défense à s’inquiéter par rapport au respect des droits des personnes dont nous avons la charge de défendre’’.
Dans ce dossier, à l’en croire, à ce stade de la procédure, ‘’nous ne cherchons pas la clémence de qui que ce soit. Chaque accusé a sa ligne de défense. Tout ce qu’on peut exiger, c’est que les conditions minimales d’un procès juste et équitable soient réunies. Cette façon de procéder donne l’impression que tout ce qui se décide dans cette procédure ne vient pas de la Guinée’’.
Il fait remarquer que dans l’affaire du 28 septembre, ‘’nous étions en train de discuter de crimes de droit commun. D’un seul coup, le ministère public nous jette à la figure des réquisitions aux fins de requalification. Le tribunal n’a pas tranché la question. L’affaire est transmise en appel. Le procureur de la CPI nous envoie une délégation’’.
Les avocats de Dadis, Toumba et Cie cherchent à savoir en vertu de ‘’quelles dispositions légales, de quels pouvoirs, le procureur de la CPI doit avoir un regard veillant sur le déroulement de ce procès ?’’. Ils rappellent qu’au nom du principe de la subsidiarité, ‘’à partir du moment où l’affaire est traitée par des juridictions guinéennes, le procureur de la CPI n’a plus rien à voir sur le déroulement du procès. Mais on voit qu’il a encore une grande influence sur cette affaire’’.
Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info
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