Me Pépé Antoine Lamah demande au juge de libérer Aliou Bah : ‘’la justice ne doit pas faire le sale boulot’’
L’avocat du président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL) a plaidé la relaxe de son client. Maitre Pépé Antoine Lamah a demandé au juge de ne pas suivre l’exemple des magistrats qui ont avoué publiquement qu’ils étaient influencés par le pouvoir exécutif après le coup d’Etat du 5 septembre.
‘’Il ne faut pas à avoir peur d’aller à Yomou, à Koundara après avoir relaxé mon client. Les guinéens ont besoin de magistrats valeureux. Ne faites pas comme ceux qui sont allés pleurnicher au palais du peuple après le coup d’Etat’’, a-t-il fait savoir au juge en charge du dossier.
L’avocat estime que ‘’condamner M. Aliou Bah serait une insulte à la justice de notre pays. Le peuple de Guinée et le monde entier vous regardent. On attend de vous la justice’’.
‘’Rappelez-vous qu’à côté, Ousmane Sonko a été plusieurs fois malmené, emprisonné, son parti dissous. Mais aujourd’hui, il a fait élire un chef de l’Etat, il est son Premier ministre. Cela s’est passé en un laps de temps’’, a-t-il souligné avant de poursuivre : ‘’M. le président, ne soyez pas comme ces magistrats qui ont préféré renoncer à leur serment pour faire plaire aux politiques. La justice a fait trop de mal à ce procès. Elle ne doit pas faire le sale boulot. Il me semble d’ailleurs, M. le président, que cela a été une des raisons du coup d’État du 5 septembre 2021, parce que ça a été une des raisons, entre autres, qui ont amené le CNRD à prendre le pouvoir’’.
‘’Un ancien chef de l’Etat malien a dit que l’indépendance du juge n’est pas dans les textes, mais dans la valeur morale du magistrat lui-même, dans sa probité, sa compétence, sa conscience professionnelle. Nous avons un peuple admirable, capable d’accepter tous les sacrifices, pourvu que ceux-ci soient équitablement répartis. Ce qui peut le décourager, le démobiliser, le révolter, c’est l’injustice. Faites donc en sorte que tous ceux qui sortiront de nos Palais de justice, après une sentence, disent : justice a été rendue’’, a-t-il rappelé dans ses plaidoiries.
Paraphrasant Simone Weil, il a rappelé que ‘’quand on a péché par injustice, il ne suffit pas de souffrir justement, il faut souffrir l’injustice’’.
‘’Je vois déjà le ministère public souffrir dans l’injustice. Je ne veux pas voir le tribunal souffrir dans l’injustice. Parce que vous l’avez péché par injustice. Ne faites pas comme le ministère public, M. le président’’, a-t-il renchéri.
Selon Me Lamah, ‘’Jacques Nteka Bokolo a dit qu’une justice politique a toujours sa calculette et son horloge bien réglées dans l’esprit. Ses réquisitions sont tout sauf de droit. Condamner pour condamner, pour simplement faire plaisir (..), est irresponsable. Pensez à votre progéniture, M. le président’’.
‘’Combien de guinéens ne sont pas fiers aujourd’hui de présenter partout comme étant fils de tel ?’’, a-t-il demandé au juge, avant de conclure : ‘’Monsieur le président, relaxez le citoyen, le leader Mamadou Aliou Bah. Mettez en œuvre la liberté d’expression dans la plénitude de son sens’’.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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