Menacés de déguerpissement, les vendeurs au marché de Cosa interpellent le général Doumbouya : ‘’Nous n’avons nulle part où aller…’’
Les commerçants du marché de Cosa, en majorité des femmes, se retrouvent confrontés à une situation d’expulsion de leurs boutiques et magasins. Face à cette menace, ils lancent un appel urgent au président Mamadi Doumbouya, pour qu’il intervienne et les aide à sauver leur gagne-pain.
Néné Gallé Bah, vendeuse, témoigne avec émotion de son attachement à ce marché où elle exerce ses activités depuis 30 ans. Atteinte par une maladie, elle ne peut plus marcher ni parler correctement.
‘’Aujourd’hui, mon mari ne vit plus, et c’est moi qui m’occupe de mes enfants. Je ne veux pas aller faire de la mendicité dans la rue. Ce marché, c’est notre vie. Nous demandons l’aide du général Mamadi Doumbouya pour ne pas perdre ce marché‘’, plaide-t-elle, les larmes aux yeux.
Mariam Bah, une autre vendeuse, dénonce l’injustice dont sont victimes les occupants du marché. ‘’Il n’y a que des pauvres femmes ici. Beaucoup ont perdu leurs maris, d’autres ont des conjoints malades ou sans emploi. Ce marché est notre seul moyen de subvenir aux besoins de nos familles. Mais en pleine nuit, des gens sont venus marquer nos boutiques avec des croix et nous ont ordonné de quitter. Les autorités disent ne pas être au courant. Nous demandons au président Mamadi Doumbouya de nous aider à rester ici, car c’est ici que nous gagnons notre vie’’, lance-t-elle à l’endroit du chef de l’Etat.
Yamon Hélène Loua, originaire de Nzérékoré, est installée au marché Cosa depuis 1993 pour nourrir ses cinq enfants, dont elle assume seule la charge suite au décès de son mari en 2018. ‘’On nous a dit que l’espace avait été vendu, mais nous n’étions pas informés. Nous avons refusé de partir, car nous n’avons nulle part où aller. Maintenant, ils ont marqué nos magasins avec des croix rouges. Nous supplions le président de nous aider, car nous ne savons pas où aller à Conakry‘’, souligne-t-elle.
Ibrahima Diallo dénonce les méthodes utilisées pour déguerpir les vendeurs. ‘’Ce sont des bandits qui agissent dans l’ombre. L’Etat n’est pas au courant de leurs actions. Si c’était l’Etat, tout le monde allait être informé, et cela se ferait en plein jour. Nous allons nous mobiliser pour construire un hangar et moderniser le marché, mais nous avons besoin de soutien’’, affirme ce commerçant.
Il soulève des incohérences dans la procédure visant à les faire quitter les lieux. ‘’Un huissier ne peut pas agir sans jugement. Les locataires ne sont pas propriétaires. Nous ne pointons pas du doigt le maire de Lambanyi. Il avait clairement dit qu’il n’était pas d’accord avec ce bail. Cela signifie qu’il désapprouve la situation. Le maire sait bien que ce dossier est un dossier de corruption. Les autorités compétentes doivent enquêter sur la manière dont ce marché a été octroyé à un opérateur économique’’, conclut-il.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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