Alors que le débat autour d’une éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya aux prochaines élections s’intensifie dans notre pays, des intellectuels guinéens interpellent le chef de la junte sur l’importance de respecter son serment de céder le pouvoir. Le conseiller national Mohamed Traoré estime que toute violation de ce serment peut créer un mauvais précédent, d’autant plus que le coup d’Etat contre Alpha Condé a été justifié par la violation de son serment de respecter la constitution 2010.
Alors que la charte de la transition l’interdit, des membres du CNRD et du gouvernement n’excluent plus la possibilité d’une candidature du général Doumbouya à la prochaine présidentielle. Sur la question, Mohamed Traoré indique qu’au risque de ‘’s’exposer au courroux des princes du moment et sans risquer de subir des représailles’’, il est nécessaire de rappeler aux autorités de la transition sur l’importance du respect de leurs engagements pris face au peuple de Guinée.
Ce conseiller national s’interroge après les dernières déclarations du général Amara Camara, d’Ousmane Gaoual et de Morissanda sur la possibilité d’une éventuelle candidature du général Doumbouya à la présidentielle.
‘’On peut dès lors se demander à quoi sert un serment, un engagement ou la parole donnée. Si les dispositions des articles 46,55 et 65 de la Charte de la Transition n’ont pas été repris dans l’avant-projet de constitution, il y existe quand même un serment qui commence par la formule : Je jure devant le peuple…’’, indique Mohamed
‘’Peut-on soutenir sérieusement que ce serment ne signifie rien ? S’il ne veut rien dire, c’est qu’il ne sert plus à rien de prévoir un serment dans la norme suprême qu’est la constitution. Cela veut dire concrètement que même le serment prévu dans l’avant-projet de constitution qui est en débat actuellement ne servira absolument à rien puisqu’il est possible de le violer sans aucun obstacle, ni juridique ni moral’’, ajoute ce membre du Conseil national de la transition (CNT).
Pourtant, rappelle-t-il, ‘’le président Alpha Condé a été renversé pour avoir, dit-on, violé son serment de respecter la constitution de mars 2010 qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels. Peut-on, dès lors, imaginer un seul instant que ses tombeurs empruntent le même chemin, celui de la violation de serment, donc du parjure ?’’.
Cet avocat compte sur le chef de la junte pour honorer le serment que ni lui, ni les membres des organes de la transition ne seraient candidats aux élections qui marqueront le retour à l’ordre constitutionnel.
‘’’En plus de respecter la Charte de la transition, le président de la transition a prêté serment de faire respecter celle-ci. C’est la manifestation d’une volonté, d’une vision. C’est pourquoi, il faut garder l’espoir qu’il s’en tiendra à son serment et que les arguties des juristes-couturiers, des profiteurs et autres propagandistes de tous genres ne l’induiront pas en erreur comme ils l’ont fait avec le président Alpha Condé qui erre aujourd’hui comme une âme en peine’’, espère Me Traoré.
‘’S’il a une offre politique attrayante, ce sont les guinéens qui seront amenés à le réclamer et à l’élire dans cinq ou dix ans comme l’ont fait les maliens avec un autre militaire auteur d’un coup d’État, le Président Amadou Toumani Touré. Et si c’est nécessaire, les guinéens n’hésiteront pas à le faire’’, conclut-il.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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