Mon séjour en Guinée-Dubréka
Je séjourne depuis un mois dans cette partie de la Guinée. Ici, tout est calme. Les habitants vaquent à leur affaires. Ils confrontent, avec une dignité particulière à ce pays, leurs difficultés. Ils n’en veulent à personne.
Pas de courant, c’est Dieu qui n’a pas encore donné. Les ordures dont regorgent la communauté c’est encore la faute de Dieu. L’Etat qui est absent, Dieu encore. Le taux d’échec extraordinaire de nos enfants à l’examen de passage en 7eme année, Dieu encore.
Les cafés regorgent d’érudits qui connaissent les raisons de ce système désuet qu’ils appellent « L’Eat ». Les discussions sont houleuses : à qui la faute ? Les réponses varient comme notre drapeau tricolore. Mais la responsabilité citoyenne, qui demande que nous exigeons de nos dirigeants une conduite compétente, responsable de nos affaires commune, n’est jamais identifiée.
Dans ces cafés, les questions qui sont à l’horizon pour le Sénégal sont débattues et des pistes de solution proposées. Mais la Guinée, Rien. A la question de savoir si notre communauté est intéressée de connaitre les contours de notre future constitution, la réponse est simple : Dieu guidera nos chefs qui sont déjà à la Mecque pour cette question.
A la prière de l’Eid Al-Adha, l’imam a exhorté les parents à redoubler d’efforts pour éduquer leur enfants, pas de copines, pas de dance nocturnes, pas de drogue et d’alcool. Notre environnement et les maladies associées aux ordures, pas un seul mot. D’ailleurs, les vendeurs de médicaments dans les quartiers nous offrent la possibilité d’acheter les produits contre la fièvre jaune, le paludisme, la variole, la rougeole pour ceux qui ont les moyens. Le reste d’entre nous, la magnanimité de Dieu va résoudre nos maux.
Une de mes voisines toile à longueur de journée dans une plantation pour semer des fruits. Elle me dit fièrement, et a juste raison, que son de salaire de 20,000 francs par jour est un don de Dieu.
Parfois deux fois, je me suis hasardé à aller vers la Guinée-Conakry. Quelle calvaire ! La route regorge de nids d’oiseaux. Les bouchons monstre sur la route le Prince ressemblent aux autoroutes de New York. Cependant, la population et le nombre de véhicules ne sont pas comparables. La police routière y est pour son compte. Plus de 30 policiers au carrefour cimenterie sans aucun effet positif sur la circulation. Évidement, les policiers ne sont pas responsable de la pagaille qui règne sur la route. Ils sont sous équipés.
Au centre-ville de Conakry, la ville continue « à s’étirer paresseusement vers la mer ». Des barricades bloquent certains endroits. Les devantures des banques sont remplies de personnes qui attendent leur tour pour récupérer leur maigre avoir. Ici encore la foi vaut son pesant d’or.
Sur mon chemin de retour en Guinée-Dubréka, une question me hante l’esprit : Quand est ce que notre classe dirigeante va commencer à traiter nos compatriotes avec la dignité qui leur sied ?
Cet exercice intellectuel fut interrompu par la réalité quotidienne de mes voisins. Une bande sonore en Arabe est déjà en train de jouer aux haut-parleurs de la Mosquée, avant l’appel de la prière de 19 heures.
Certainement, mes voisins vont demander à Dieu, une fois de plus de résoudre leurs problèmes. Pas leur gouvernants. Les gouvernants ne doivent pas s’inquiéter. Ils doivent simplement répondre : « Amen ».
Dr Abdoulaye Bah
Professeur d’Université aux États Unis, Ret.
Ancien chef de Chaire du Département des Sciences Sociales et Comportementales
Directeur, Centre pour la santé Comportementale et la Résilience
Université de Lincoln
Jefferson City, Missouri USA
Columbia, MO USA