Tout en ignorant de façon prévisible les interrogations sur sa propre responsabilité dans la mort d’Evguéni Prigojine, le président russe a confirmé à mots couverts jeudi la fin tragique du chef du groupe Wagner dans l’écrasement la veille d’un avion privé reliant Moscou et Saint-Pétersbourg.
Vladimir Poutine a souligné, en parlant au passé, que ce collaborateur de longue date du Kremlin avait été un « homme d’affaires talentueux » ayant accepté de travailler pour la « cause commune » à sa demande, allusion apparente au rôle joué par l’organisation de mercenaires dans le conflit ukrainien.
Dans un registre plus critique, Vladimir Poutine a ajouté qu’Evguéni Prigojine avait « commis de sérieuses erreurs durant sa vie », sans donner plus de détails.
En juin, il avait qualifié le chef du groupe Wagner de « traître » après que ce dernier eut orchestré une opération surprise sur le sol russe pour protester contre l’intégration projetée de ses troupes à l’armée régulière.
L’avancée militaire, interrompue à quelques centaines de kilomètres au sud de Moscou, avait été largement perçue comme un affront au président russe, qui a fait disparaître plusieurs de ses critiques par le passé.
« La rébellion organisée par Prigojine revenait en quelque sorte à empoigner un tigre par la queue. Il a grandement surestimé sa capacité à contrôler les évènements et son influence sur l’armée et les forces de sécurité », note Eugene Rumer, analyste du Carnegie Endowment for International Peace.
M. Rumer considère l’hypothèse d’une revanche du président russe comme crédible, bien qu’il risque d’être impossible de la confirmer en raison de l’« opacité » entourant le fonctionnement du régime.
Vladimir Poutine a fait allusion jeudi à l’enquête engagée par les autorités russes pour faire la lumière sur l’écrasement de l’avion en assurant qu’elle serait « sans doute » menée à terme avec rigueur.
« L’enquête va donner ce que le Kremlin veut qu’elle donne », prévient M. Rumer, qui doute de la possibilité que le groupe Wagner disparaisse purement et simplement même si plusieurs de ses dirigeants étaient apparemment à bord de l’avion.
L’organisation de mercenaires, très présente en Afrique, a rendu de nombreux services au président russe, qui voudra sans doute continuer de l’utiliser « en lui donnant peut-être un autre nom et de nouveaux dirigeants », dit M. Rumer.
« Pas un hasard »
Quoi qu’il advienne sur ce plan, la mort d’Evguéni Prigojine envoie un message clair, dit-il, à toute personne qui voudrait contester le pouvoir du chef de l’État…Lire la suite de l’article sur Lapresse.ca