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Mouvement des Réformateurs de l’UFDG : la réforme en trompe-l’œil ou l’art subtil de l’opportunisme (Par Taliby Diané)

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Droit de réponse à l’article : “Le Mouvement des réformateurs de l’UFDG : une réponse lucide à la loi de l’évolution politique”

Comme l’a récemment souligné le secrétariat à la communication de l’UFDG France dans son analyse « Du CERAG aux Réformateurs : quand l’opportunisme se pare des habits de la vertu », cette dynamique est pleinement à l’œuvre. Fidèles à cette logique, les soi-disant Réformateurs ne réforment rien : ils s’ajustent, s’alignent et, surtout, ils survivent.

Une tribune intitulée « Le Mouvement des réformateurs de l’UFDG : une réponse lucide à la loi de l’évolution politique » publiée par ces nouveaux « réformateurs » se veut un appel audacieux à l’évolution politique, une tentative de repositionner l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) face aux mutations du paysage démocratique guinéen, façonnées par une junte militaire qui bafoue tous les principes fondamentaux de la démocratie.

Pourtant, derrière les grandes déclarations et les références empruntées aux figures de Darwin, Alpha Blondy et Houphouët-Boigny, se dessine dans cette tribune une rhétorique floue, qui mérite une analyse.

Si réforme il y a, encore faut-il qu’elle repose sur des principes solides et une vision claire, plutôt que sur un habillage opportuniste dicté par les circonstances.

Un argumentaire biaisé : entre slogans et approximations

Le postulat fondamental de cette tribune repose sur une analogie scientifique : en politique, comme dans la nature, seul le changement permet la survie. Cet argument, séduisant en apparence, repose pourtant sur une simplification excessive des dynamiques politiques. Un parti politique tel que l’UFDG n’est pas une espèce animale soumise à la sélection naturelle, mais une structure humaine régie par des principes, des idéologies et des stratégies adaptatives qui ne se résument pas à une transformation brutale.

Par ailleurs, la citation d’Alpha Blondy « Tout change, tout évolue. Seuls les imbéciles ne changent pas », initialement adressée aux « bourreaux africains » dans une des chansons du chanteur, est ici sortie de son contexte pour servir un débat interne à l’UFDG, loin donc des réalités auxquelles la citation faisait référence. Cette approximation rhétorique traduit une tentative forcée d’adapter une phrase à un cadre qui ne lui correspond pas.

Dans le contexte politique de l’UFDG, nous sommes bien éloignés des problématiques soulevées par cette citation. De plus, le changement quel qu’il soit n’est pas toujours synonyme de progrès, et refuser d’évoluer ne relève pas forcément de la stupidité. Au sein de l’UFDG sous la direction du président Cellou Dalein Diallo, cette résistance à la transformation, celle de se diluer dans le CNRD qu’insinue cette tribune repose avant tout sur une cohérence idéologique et une fidélité aux principes fondateurs du parti, qui ne peuvent être balayés sous prétexte que toute réforme serait nécessairement bénéfique.

Toute évolution politique doit être guidée par une réflexion profonde et argumentée, et non par des slogans détournés ou des analogies approximatives qui ne tiennent pas compte des véritables enjeux politiques à moyen et long terme.

L’instrumentalisation de la légitimité démocratique

L’un des points majeurs de la tribune concerne la mise en place d’une commission ad-hoc paritaire, présentée comme une garantie de transparence et d’équité dans l’organisation du congrès du 6 juillet 2025. Pourtant, derrière cette façade démocratique, une question essentielle demeure en suspens : qui sont les véritables parties prenantes ?

En théorie, une commission paritaire implique une représentation équilibrée des différentes tendances et sensibilités politiques au sein d’une organisation. Pourtant, la tribune reste évasive quant aux parties prenantes.

Mais nul n’est dupe : les nouveaux « réformateurs » se considèrent comme des parties prenantes à part entière. Dès lors, une interrogation s’impose : une liste de signataires d’un manifeste aussi maigre qu’une peau de chagrin peut-elle réellement représenter un courant politique ?

Certains argueront que des « réformateurs » ont préféré rester en retrait, esquissant ainsi une posture discrète. Mais cette posture ambivalente est-elle le fruit d’une stratégie politique habile visant à préserver des intérêts dissimulés, ou révèle-t-elle une incapacité à articuler une vision claire et assumée ? En politique, l’indécision n’est jamais innocente : elle peut être le calcul froid d’un tacticien ou le symptôme d’un courant à la dérive, incapable de s’affirmer. Reste à savoir si cette réserve supposée qui expliquerait la faible représentativité de cadres constatée dans cette liste des « réformateurs » feinte dissimule une manœuvre subtile ou l’aveu d’une faiblesse flagrante.

Un manifeste du changement sans projet concret

Finalement, la tribune repose sur une logique du renouveau qui s’appuie davantage sur des principes abstraits que sur des propositions tangibles. Appeler à la refondation démocratique sans définir les axes majeurs de transformation revient à construire un projet sur des intentions plus que sur des actions.

L’UFDG doit-elle se diluer dans l’autorité du chef de la junte ou l’accompagner dans sa quête d’un pouvoir sans horizon défini, qui semble être le credo d’Ousmane Gaoual Diallo et son exécutant zélé, Lamarana Petty Diallo ? Autant d’interrogations que les militants de l’UFDG ne manqueront pas de soulever. Pourtant, au lieu d’apporter des réponses claires à ces questions essentielles, la tribune se contente de slogans détournés et d’analogies approximatives, évitant soigneusement tout véritable débat de fond.

Une imposture politique déguisée en réforme

Finalement, loin d’incarner un renouveau sincère, cette initiative semble davantage motivée par une volonté de survie politique qu’une véritable refonte démocratique.

La tribune évite soigneusement les débats de fond, élude la question des véritables parties prenantes, et ne fait qu’instrumentaliser la justice et la rhétorique du changement pour justifier un repositionnement opportuniste.

Une réforme authentique ne peut être un simple exercice de communication politique, elle doit être structurée, transparente et fondée sur une véritable adhésion populaire. À défaut de ces garanties, le Mouvement des Réformateurs de l’UFDG ne représente qu’un ajustement stratégique sans véritable transformation.

Une question demeure : ceux qui changent uniquement pour s’adapter aux rapports de force sont-ils réellement des réformateurs… ou juste des tacticiens avisés en quête de repositionnement personnel ?

Diané Taliby
Adjoint à la communication UFDG France

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