Le récent coup d’État militaire perpétré au Niger est d’une absurdité incroyable. Un pays qui vient d’élire un président de la république dans le cadre d’une alternance pacifique, quelle que soit la critique qu’on pourrait faire sur la qualité du processus, nul ne peut prétendre porter la voix des Nigériens mieux que les électeurs. Et mieux, depuis l’avènement de Mohamed Bazoum au pouvoir, aucune manifestation publique de grande ampleur n’a été menée contre sa gouvernance.
Néanmoins, le seul point positif des événements en cours, est celui de clarifier l’équation politique sous régionale : désormais c’est le rapport de force ouvert entre le clan des putschistes et celui des démocrates; donc plus de place pour l’hésitation irresponsable et la neutralité hypocrite.
À cet effet, la guerre russo-ukrainienne, symbole du retour en force de la guerre froide et de la polarisation du monde (Bloc Est contre Ouest), risque de se vivre activement dans la sous région ouest Africaine par le fait de l’irresponsabilité de ses dirigeants. Avec un tel schéma, soit on bascule soit on se remet sur le bon chemin. Il n’y a pas de troisième voie possible; donc finies la paix de cimetière et la démocratie cosmétique.
Dans ce tourbillon, désormais, tout le monde joue sa carte et sa survie dans l’espace CEDEAO. Les chefs d’Etats élus jouent leur stabilité au pouvoir et les juntes militaires jouent leur maintien; soit la démocratie triomphe soit l’anarchie l’emporte.
C’est pourquoi, le communiqué des trois autorités de transition (Mali, Burkina Faso, Guinée), ce n’est nullement pour soutenir la junte du Niger. C’est pour espérer survivre à l’agenda de la CEDEAO car si elle réussit au Niger, l’effet contagion sera immédiat. Qui sera le prochain ?
En réalité, l’Afrique de l’Ouest est désormais partagée entre les anarchistes et les progressistes. Les populations sont prises entre plusieurs feux sans même comprendre les enjeux Géopolitiques en cours. Les intérêts internationaux tiennent les manettes pour activer l’intensité de la flamme.
Malheureusement, la Guinée dont la situation est très différente des pays du Sahel, risque de se créer gratuitement des ennuis en se mettant à dos des puissants et en prenant le risque d’envoyer les problèmes du Sahel sur son territoire. Avons-nous besoin de rajouter des difficultés à celles que nous avons déjà ? Tout cela par le fait de l’inexpérience et l’arrogance de nos dirigeants.
Nous sommes un pays côtier qui a le contrôle de la sécurité de l’ensemble de son territoire. Pourquoi s’aligner mécaniquement sur des pays qui n’arrivent même pas à sécuriser 50% de leur territoire et qui prétendent pouvoir aider militairement leurs voisins ?
En attendant qu’ils se ressaisissent pendant qu’il est temps, qu’ils arrêtent au moins de nous pomper les oreilles avec ces histoires de souveraineté, de dignité, de panafricanisme galvaudé et d’autres slogans populistes indignes de notre époque.
Aliou BAH
MoDeL