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Nos hôpitaux ont aussi besoin d’être soignés

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[dropcap]J[/dropcap]e ne suis normalement pas un grand partisan de la privatisation de certains services publics tels que ceux la santé. Cependant en Guinée, nos hôpitaux publics se comportent déjà comme des institutions privées où la poursuite de l’argent prime sur la santé des patients.

Dans nos hôpitaux, des malades sont abandonnés dans leur souffrance simplement parce qu’ils n’ont pas les moyens pour payer pour des services auxquels ils ont pourtant droit. Certains médecins opèrent des cliniques privées dans les quartiers auxquelles ils vouent plus d’attention que les hôpitaux pour lesquels ils sont censés travailler. Pourtant, beaucoup d’entre eux ont été formés par l’État et sont rémunérés par l’État.

Quoiqu’on puisse dire sur la médiocrité de leur rémunération, cela ne devrait pas les pousser à abandonner les malades dont ils ont promis de s’occuper lorsqu’ils ont prêté serment. C’est tout à fait leur droit d’exiger de l’État un meilleur traitement comme tous les autres travailleurs du service public, mais ils ne devraient pas le faire aux dépens de malades et ne devraient en aucun cas abandonner les malades.

Si rien ne peut être fait pour faire changer le comportement de certains de nos médecins et pour changer les conditions de prise en charge des patients dans nos hôpitaux, je propose qu’on les privatise ou qu’on confie leur gestion à des sociétés privées. La santé coûte déjà cher dans notre pays sans que la qualité n’y soit. Je crois qu’avec une bonne politique de privatisation, la qualité pourrait s’améliorer sinon on ne peut continuer ainsi.

L’État devrait sévir aussi non seulement contre toutes ces cliniques qui opèrent illégalement dans les quartiers et qui ne remplissent même pas les conditions minimales requises, mais aussi contre tous ces faux docteurs ou médecins qui parfois sont responsables de la mort ou de la mutilation que subissent plusieurs de leurs patients. Je suis sûr que si on comptabilisait les morts pour incompétence, négligence médicale ou erreurs de diagnostic, nous serions tous scandalisés et révoltés. Mais ces statistiques ne sont même pas nécessaires pour se rendre compte du mauvais traitement que subissent les malades dans nos hôpitaux.

Je me rappelle du cas de cet individu qui avait été poignardé au niveau de l’abdomen et était arrivé à l’hôpital régional de N’Zérékoré tenant ces intestins dans ces mains. Ils l’ont laissé saigner jusqu’à sa mort. Les médecins ne l’ont pas pris en charge parce qu’il n’avait pas d’argent à offrir. Plusieurs témoignages similaires existent partout dans nos hôpitaux à travers le pays.

Pourtant, même aux États-Unis où la prise en charge n’est vraiment pas l’une des meilleures au monde et où la plupart des hôpitaux relèvent du privé, aucun hôpital ne peut refuser le traitement à un malade qui se présente dans ses locaux. Alors comment se fait-il que dans notre pays où les hôpitaux et ceux qui y travaillent sont tous pris en charge par l’argent public que les malades y soient arnaqués, maltraités et humiliés comme s’ils étaient des criminels ?

Je suis d’accord que parfois nos hôpitaux manquent d’équipements adéquats et que les médecins y travaillent souvent dans des conditions très difficiles. Cependant, rien de tout ceci ne peut justifier le mauvais traitement que certains membres du corps médical infligent à leurs patients. La première chose dont le malade a besoin, c’est d’être réconforté et d’avoir de l’espoir.

Ne demandez pas pourquoi nos concitoyens ne se rendent aux hôpitaux que lorsqu’ils sont déjà dans des conditions très critiques. La peur d’aller à l’hôpital à cause des coûts élevés et le mauvais traitement qu’ils y subissent suffisent pour les décourager, car en y allant, ils courent même le risque de voir leurs conditions aggravées.

Nous avons besoin de tout changer dans ce pays, car même les hôpitaux et le personnel soignant ont besoin d’être soignés. Il n’est même pas nécessaire de rappeler que les conditions dans nos hôpitaux ne changeront pas tant que les dignitaires et les dirigeants de ce pays continueront à se faire soigner ailleurs. Par conséquent, en limitant les évacuations médicales de nos dirigeants aux frais du contribuable simplement aux cas graves qui ne peuvent être traités en Guinée, on obligerait ainsi nos gouvernants à améliorer les conditions de nos hôpitaux.

Abdoulaye BARRY

Portland, OR USA

ajbarry@live.com

 

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