[dropcap]S[/dropcap]amedi dernier, à son AG ordinaire, le parti de la P’tite Cellule a présenté à ses militants de nouveaux adhérents. Dans ce nouvel arrivage, le fondateur d’un certain ‘’won yètè fé’’ et des chefs de quartier de la commune de Dixinn pas du tout contents. Raison invoquée, le gomina de Conakry les a jeté en râlant. Paraît qu’on leur reproche proximité et promiscuité avec un certain chef opposant. Il se murmure même que celui-ci aurait offert à l’un des élus locaux un carrosse rutilant.
Pour ces actes d’insubordination patents, les frérots ont tous été virés gentiment et fermement. Alors, ce samedi, ils ont débarqué à la Minière pour se faire sécher, lécher leurs pleurs publiquement. Chialant toutes les larmes de leurs yeux exorbitants, croulant sous leur corps de révoqué mis en avant. Ils étaient venus armés de leurs chicotes verbales pour administrer la correction qu’il faut à nos gouvernants. De leur harangue, transpiraient colère et frustration, révolte et témoignages mi émouvants mi barbants. Ce jour donc était jour de teuf avec son cortège de visages souriants et de slogans affligeants. Même le patron du parti n’a pas échappé à la fièvre quand il prend la parole en frimant. Selon lui, beaucoup de Guinéens ont compris les mensonges qui les ont pris dans leurs filets gluants. Pardon, mais là est venu le temps de vous arroser de mes délires de fainéant. Si donc je puis me permettre un con conseil d’un chroniqueur arrogant, je dirais qu’on se laisse aller à l’euphorie trop facilement. Parce qu’entre nous, celui qui a trahi une fois revient toujours sur sa sale besogne en se camouflant.
Une arrivée provoquée par la frustration mérite-elle qu’on s’y abandonne confiant? Mieux, une arrivée basée sur le refus de gober une révocation vaut-elle autant de boucan? Si hier, ils ont comploté, pourquoi ne reprendront-ils pas le complot sous la pression de quelques francs glissants? S’il se confirme que Cellou Dalein est aussi radin que malin, si la cohorte n’a pas son ‘’mangement’’, pas de doute que l’engagement des nouveaux arrivants restera hésitant. A coup sûr, ils migreront vers les billets sonnants et trébuchants. La chèvre broute là où elle est attachée en bêlant. Bêtement ou intelligemment, elle y attend son ‘’mangement’’. Moralité: pas sûr que ceux qui débarquent dans la barque UFDG n’y nagent pas à contre-courant. Faut pas que les sourires aient plus tard des allures de ricanements. Sinon, la gueule de bois frappera avec une telle sévérité que le challenger de körö se réveillera en cauchemardant. Si la naïveté d’hier pousse à foutre tous les œufs dans le même panier qui paraît clinquant, a fakoudou ce ne sont sûrement pas les inconstants qui seront perdants.
Ceux qui sont gouvernés par un besoin pressant, n’ont pas de souci avec la conscience quel que soit le moment. Avec la suspicion qui me caractérise, je trouve que les raisons et le moment de ces arrivées sont plutôt troublants. Pire, on sait bien que dans ce bled, le ventre joue trop souvent les terribles commandants. Il est tout aussi sûr qu’il y a des femmes faciles à épouser, qui par contre se laissent sédentariser difficilement. En termes clairs, c’est fastoche de trouver des colas de demande en mariage, mais fastidieux de tenir sous le poids d’un quotidien oppressant.
Moi, je sors pas mes gueulantes pour rien, même si je le fais en m’amusant. C’est juste qu’il faut savoir raison garder devant tant d’adhérents grandiloquents. Oui, avoir le triomphe modeste et veiller à maintenir la direction du vent. Ne pas se laisser distraire par ces verbes ronflant et chatouillant l’ego du Président. Se souvenir que l’on reconnaît le maçon au pied de son mur gagnant ou perdant. En l’espèce, à l’épreuve de la réalité de la mobilisation de l’électorat retissant. Ils doivent d’abord marcher sur des gravillons de braise avant qu’on leur offre le tapis rouge accueillant. Quand un aveugle se cogne la tête en franchissant la première fois la porte d’une case, ça peut s’expliquer par ses yeux défaillants. Mais si la deuxième fois il fait les frais de la même entrée de la même case en entrant, c’est sûrement parce qu’il est con et que son cerveau pour lui est plus handicapant.
Dans tout ça, moi, j’ai pas dit nom de quelqu’un dans mon verbiage déconnant et déconcertant. Comme disent les frangins de la côte, moi j’ai coupé le cou du vêtement, c’est lui qui a porté c’est pour lui, piyan! En attendant le jour où on va me tendre pour me tâter le chétif popotin d’un fouet cinglant, je rappelle que le doute est fondateur de l’esprit intelligent. Loin de moi de prétendre que je suis bien loti à ce sujet, mais les batoulas de la P’tite Cellule devraient être vigilants. Autrement, je veux pas à leur place quand ils découvriront sur le tard qu’on leur a fait dans le dos un bâtard dandinant.
Il est vrai que le pouvoir de körö privé de bilan est foutrement chancelant. Ses rangs jadis resserrés autour de l’oseille de la République se dispersent désormais au gré des vents conscients. Mais, l’animal politique qui danse dans la tête du patron des patrons n’abdiquera pas aussi aisément. Qui nous dit d’ailleurs que tout ceci n’est pas affaire de manipulation, de subterfuges et de calculs se révélant au dernier moment. Vous serez inspiré de chausser de la naïveté feinte les gants prudents. Ne pas étaler ses secrets au premier qui toque à votre porte en pleurant. C’est facile de verser des larmes de crocodiles par ces temps de ventres vides et de besoins entêtants. Tout le monde est devenu le parfait comédien qui fait rougir les professionnels de ce métier peu avenant. Néanmoins, persuadé que je suis que ma suspicion commence à dépasser les limites des bornes des frontières, je crois que je ne peux trouver meilleur moment pour fermer ma gueule et je dégage!
Retrouvez les chroniques de Soulay Thianguel sur la page Facebook Les Tranchantes de Thiâ’nguel