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Nzérékoré : le récit bouleversant de Maïkan Fofana, journaliste rescapée de la tragédie meurtrière

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Selon le bilan du gouvernement, la tragédie survenue au stade du 3 avril de Nzérékoré, où se jouait la finale du tournoi doté du trophée Général Mamadi Doumbouya, a coûté la vie à 56 guinéens et fait plusieurs blessés. Maïkan Fofana, journaliste à Dabo Média, fait partie des rescapés de cette tragédie qui a endeuillé de nombreuses familles vivant dans la ville de Zaly.

Évanouie lors de la bousculade au stade, elle dit avoir été sauvée par des personnes de bonne foi. Dans un récit glaçant, cette femme de médias raconte à VisionGuinée ce qu’elle a vécu dans le stade du 3 avril, comment elle a été sauvée par des jeunes qui l’ont connue dans l’exercice de son métier. Elle demande à l’État de prendre ses responsabilités pour assurer la sécurité des guinéens.

Les faits

Le 1er décembre 2024, nous étions au stade du 3 avril pour la couverture du match doté du trophée Président Mamadi Doumbouya. À la deuxième mi-temps, un joueur de l’équipe de Labé a eu un problème. L’arbitre lui a donné un carton rouge. Ce carton rouge n’a pas plu aux supporters de l’équipe de Labé, voire même à cet autre joueur. C’est là que tout a commencé. Ils ont commencé à s’insulter. Certains voulaient même se jeter sur l’arbitre. On a constaté que la police a commencé à lancer du gaz lacrymogène. Donc, pour nous, nous voulions nous sauver. Nous avons couru vers la porte de sortie, mais nous avons trouvé qu’il y avait trop de monde devant la porte. C’est là qu’il y a eu des bousculades. Personnellement, je me suis évanouie. J’ai eu une crise (…) Je n’ai pas été sauvée par les autorités, ni par les forces de défense, ni par la sécurité. Ce sont des jeunes de Nzérékoré qui m’ont sauvée. Ils me connaissent déjà. Parce que, d’après les explications, c’est un jeune qui est allé appeler son grand pour lui dire : ‘La fille qu’on voit souvent en train de filmer dans les événements, elle est couchée là-bas. Est-ce qu’elle n’est même pas morte ?’ C’est à ce moment-là que le jeune est venu me sauver. Ils m’ont fait sortir de la cour du terrain. Mon directeur est venu me chercher.

Quand nous sommes allés à l’hôpital, les agents de santé étaient peu nombreux par rapport aux patients. Ils ont dit que vouloir rester à l’hôpital serait trop compliqué. Donc, ils m’ont envoyée dans une clinique de la place. J’ai eu une crise. J’ai ressenti des douleurs au niveau de mes yeux, à mes pieds, et ma poitrine a aussi souffert. J’ai fait une radiographie. Là, les médecins m’ont rassurée, disant que tout allait bien. Grâce à l’effort de ma direction, qui a pris la situation au sérieux, ça va un peu mieux maintenant. C’est l’effet du gaz lacrymogène qui m’a fait faire une crise.

Dans une foule comme celle qui était au stade, si on lance du gaz lacrymogène, c’est dangereux parce qu’il n’y a qu’une sortie. C’est ce qui a causé l’évanouissement de nombreuses personnes. À la sortie, il y avait des pickups garés. On ne dit pas que la porte était fermée, elle était largement ouverte, mais des pickups étaient garés devant. La première équipe qui est arrivée est montée dans les pickups, mais il n’y avait pas de chauffeurs pour faire démarrer les véhicules. Nous, nous étions parmi la deuxième équipe. La troisième équipe a commencé à marcher sur nous pour se sauver. J’ai perdu ma caméra de marque Sony Panasonic, mon téléphone, mon trépied, tout mon matériel, même mes cartes de presse, mon gilet qui devait être mon identifiant. Les gens m’ont tout pris. Je me suis retrouvée seulement avec mon pantalon.

Ce qui m’a beaucoup énervée, c’était le manque de sécurité. Pour des événements comme celui-ci, il faut une forte sécurité, et nos autorités doivent regarder ce qui se fait dans les pays voisins pour de tels événements. Au stade du 3 avril, qui est inachevé, on ne peut pas envoyer des gens là-bas comme ça, sans les sécuriser. Ils doivent sécuriser ces endroits, surtout quand il y a trop de monde. Au moment où je sortais, il se trouvait que les autorités n’étaient même pas encore montées dans leurs voitures. Quand je suis sortie, les autorités étaient assises. Je pense qu’ils avaient lancé les gaz lacrymogènes pour maîtriser la tension, mais c’est là que tout a débordé.

Message aux familles qui ont perdu des proches

Ils n’ont qu’à s’en remettre à Dieu. Même si ces personnes étaient restées couchées à la maison, si c’était le moment, elles seraient mortes. Personne n’aurait pu éviter cela. Donc, c’est Dieu qui a voulu que ça se passe ainsi. Je leur présente mes condoléances. Nous, qui sommes en état de convalescence, que Dieu nous redonne la santé. L’État doit prendre des mesures, surtout en faveur des journalistes, car nous sommes trop bafouillés. Il n’y a pas de considération ni de respect. Dans de tels événements, je crois que si la gendarmerie et la police sont en train de sauver les autorités, il faut aussi sauver la presse.

Justice

Je ne peux pas demander justice parce que je suis croyante. Je remets cela à Dieu. Dieu avait prévu que ce soit ainsi. Sinon, le dimanche, je sais combien de fois j’ai dit que je ne voulais pas y aller. Mais si cela m’est arrivé, je le remets à Dieu. Je ne porte pas plainte. Je ne me lamente pas. Mais je sais quand même que le Bon Dieu m’a sauvée.

Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info

00224 662 78 58 57/salimbalde91@gmail.com

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