Organisation de la CAN en 2019 : La Guinée sera située sur son sort le 5 septembre prochain
[dropcap]E[/dropcap]lles étaient 5 nations africaines à prendre part à la 20ème édition de la Coupe du monde qui se tient à l’instant même au Brésil. Notamment, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigeria et l’Algérie. Les trois premières ont été éliminées dans la phase de poule avant de regagner leurs maisons respectives. Et les deux dernières se sont également fait éliminer hier lundi, 30 juin par la France et l’Allemagne respectivement.
Dans cette entrevue qu’il a bien voulu nous accorder, le consultant sportif, Thierno Saïdou Diakité dépeint avec dextérité la participation africaine à cette compétition, regrette l’immixtion jusque-là des gouvernants africains dans la gestion du football de leurs pays et apporte les précisions par rapport à la validation ou non de la candidature de la Guinée pour l’organisation de la CAN 2019 et/ou 2021. Lisez plutôt !
VisionGuinee.Info : L’actualité sportive reste dominée par la Coupe du monde au Brésil où 5 nations avaient représenté l’Afrique et qui se sont toutes faites éliminer. Quelle lecture faites-vous de leur prestation à cette compétition ?
Thierno Saïdou Diakité : Bon, je dois vous avouer qu’avant le début la Coupe du monde, je ne donnais pas de grandes chances aux équipes africaines. Parce que fort de l’expérience des précédentes éditions de la Coupe du monde ; au cours desquelles, ces pays n’ont pas réalisé de performances notables, je ne donnais pas de grandes chances à nos représentants. J’étais agréablement surpris par le parcours du Nigeria et de l’Algérie qui ont pu se hisser au second tour et qui ont livré hier (lundi 30 juin : Ndlr) des matches très héroïques, surtout en ce qui concerne l’Algérie qui a tenu tête à l’équipe allemande, qui est l’une des meilleures au monde. Ils ont fait jeu égal avec les Allemands. Il a fallu la prolongation pour perdre. Le Nigeria aussi a disputé un match honorable. Les joueurs ont forcé les Français à sortir le grand jeu ; chose qui n’était pas évidente avant la rencontre. Sur des erreurs défensives, ils ont pris les deux buts. Le premier but marqué par le Nigeria, le hors-jeu était limite-limite. Et sur la faute du milieu de terrain, Onavi, je pense que l’arbitre aurait dû sortir le carton jaune contre Matuidi. Bon en, mal en, l’Afrique a des problèmes. Vous savez, c’est seulement à partir du mondial de 98 tenue en France que nous avons pu avoir 5 places. Il a fallu une bataille très dure pour avoir un représentant, deux, trois, et obtenir cinq enfin. Il faut que nos autorités organisent un peu plus le football au plan local. Qu’on s’organise en matière de rigueur et de gestion de notre football. Parce que, si l’on veut rivaliser d’égal à égal avec les autres régions, c’est-à-dire l’Asie, l’Amérique et l’Europe, il faut que le football soit un peu plus performant au plan local. Si vous observez les équipes africaines, la plupart des footballeurs jouent dans des clubs étrangers. Rares sont les joueurs locaux qui constituent nos équipes nationales. Ce n’est pas une singularité africaine. Dans les autres pays aussi, les équipes européennes, américaines ou asiatiques, ce sont des professionnels. Mais au plan local, il faut qu’on puisse s’organiser, que les clubs soient structurés, les championnats, réguliers, bien financés, avec un sponsoring conséquent, et que les gouvernements cessent de s’immiscer dans la gestion du sport. Parce que du point de vue des Statuts de la FIFA, les fédérations nationales sont autonomes et doivent être indépendantes. Si on arrive à franchir ce pallier, peut-être qu’en 2018, nous aurons une équipe en quarts ou demi-finale. Justement, vous parlez de l’immixtion dans gouvernants dans la gestion du football.
Mais est-ce que cette pratique est une réalité tangible aujourd’hui ?
Absolument, c’est une réalité qui se vit jusqu’à présent. Figurez-vous qu’au Cameroun, c’est un Comité provisoire qui, depuis 6 mois, gère le football camerounais. Parce qu’il y a des conflits d’intérêts entre l’ancien président qui a été objet de poursuites judiciaires, je crois, et son staff. Et depuis, c’est un Comité provisoire qui y gère actuellement le football. Dans d’autres pays également, il y a l’immixtion des gouvernements dans la gestion du football. Ce qui conduit la FIFA à suspendre ces pays. En Afrique, il faut qu’on fasse une démarcation entre la gestion politique et celle sportive de nos disciplines.
Votre perception par rapport à l’acte des Algériens qui ont plutôt dédié leur qualification à ces huitièmes de finales au Monde arabe, plutôt qu’à l’Afrique toute entière ?
(Rires !!!) Vous savez, on ne va pas rentrer dans ce débat quelque mal saint, moi je dirai. L’Algérie qui est un pays africain, c’est vrai que les maghrébins sont à un certain point de vue racistes. Mais, je pense qu’on va occulter ce débat et dire qu’ils ont représenté l’Afrique qu’ils ont honorée. Que ce soit la Maghreb, l’Afrique du nord ou l’Afrique du sud, c’est le continent africain.
Revenons à présent chez nous en Guinée qui est candidate à l’organisation de la CAN 2019 et 2021. Où en est-on avec les préparatifs pour pouvoir abriter cette compétition ?
Nous attendons ! Vous savez, le 12 avril, il y a une mission d’inspection de la CAF (Confédération africaine de football : Ndlr) qui est venue constater et a adressé son rapport au Comité exécutif à cette instance dirigeante du football africain. Donc, nous attendons avec impatience et avec quelques inquiétudes, il faut le dire, l’échéance du 5 septembre ; date à laquelle le Comité exécutif va désigner le pays hôte pour la CAN 2019 et 2021. Nous souhaitons vivement que nous soyons dans l’une ou l’autre des compétitions. C’est-à-dire 2019 ou 2021. Donc, on attend la date fatidique du 5 septembre prochain pour connaître les heureux élus.
Réalisée par Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info
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