En prélude au mois de mars, communément appelé le mois de la femme, nous sommes allés à la rencontre de Oumou Hawa Sall, une sage-femme qui exerce ce métier depuis des années et qui aide plus de 180 femmes à donner naissance par mois au centre de santé de Koloma Soloprimo.
Dans cette interview qu’elle a accordée à votre quotidien en ligne VisionGuinee ce mardi 4 mars 2025, Mme Sall parle de son parcours professionnel, des difficultés qu’elle rencontre dans ce métier, tout en lançant un message aux jeunes femmes qui veulent exercer ce métier qu’elle qualifie de noble.
VisionGuinee : Depuis combien d’années que vous travaillez ?
Oumou Hawa Sall : Ça fait depuis 2012.
Qu’est-ce qui vous a motivée à devenir sage-femme, et comment décririez-vous votre parcours professionnel jusqu’à présent ?
Bon, j’ai opté pour le métier de sage-femme parce que, vraiment, c’est un métier très noble. Tu as deux vies à sauver. Tu as deux vies dans tes mains à sauver. Donc, c’est ça qui m’a motivée à opter pour le métier de sage-femme. Oui, j’ai commencé à travailler comme sage-femme à l’hôpital régional de Faranah en 2017. J’ai fait six ans là-bas, et en 2022, on m’a affectée au Centre médical communal (CMC) de Koloma.
Quels sont les défis les plus importants auxquels les femmes font face aujourd’hui en matière de santé maternelle et reproductive, et comment les sages-femmes peuvent-elles y répondre ?
Les difficultés que nous rencontrons, c’est que parfois, certaines femmes ne viennent pas à temps pour leur suivi. Elles restent à la maison et viennent dans un état très compliqué. Nous sommes obligés de les référer. Aussi, il y a des femmes à qui on donne des consignes, mais elles ne les respectent pas. Donc, il y a des femmes qui ne prennent pas leurs médicaments
En moyenne, combien de naissances assistez-vous par mois ou par an ?
Par mois, on peut faire entre 180 et 200 naissances.
Pouvez-vous partager une expérience particulièrement marquante que vous avez vécue en accompagnant une femme ou une famille ?
Déjà, si tu suis une femme du début de la grossesse jusqu’au terme de la grossesse, et que tu vois cette femme-là, elle a son enfant bien portant, elle aussi est très bien portante, là, vraiment, c’est à saluer. Oui, à tout moment, on a des expériences comme ça, sauver la mère et l’enfant. La mère et l’enfant.
Parlez-nous de la vaccination chez la femme enceinte ?
Pour les cas de vaccins, quand la femme vient, dès la première visite, nous donnons une dose de vaccination antitétanique, ce qu’on appelle le VAT pour la protéger contre le tétanos, elle et son enfant. Si c’est une femme primipare, elle prend deux doses. Ça concerne la femme qui n’a jamais eu d’enfant auparavant. Elle vient pour son premier enfant, pour sa première grossesse. Nous donnons deux doses pour une femme qui est à sa première grossesse. Maintenant, si c’est une femme qui a déjà eu des enfants, quand elle vient, nous faisons le rappel en donnant une dose.
Mais est-ce que les femmes respectent cela ?
Pas toutes les femmes, c’est ça le problème. Elles ne respectent pas le calendrier vaccinal. Et il y en a même certaines qui ne viennent pas du tout. Il y a des femmes qui ne viennent pas à l’hôpital, pas du tout. Mais nous faisons la stratégie avancée. Nous sortons pour chercher les femmes qui ne viennent pas. Nous sortons dans les quartiers pour chercher les femmes. On les amène au centre ici pour les vacciner, pour leur donner les vaccins.
Pendant le mois saint de Ramadan, la femme enceinte peut-elle jeûner ? Si oui, quel conseil donnez-vous aux femmes enceintes ?
Il y a des femmes qui s’efforcent à jeûner. Donc, les conseils que nous donnons aux femmes enceintes pour le jeûne, c’est de voir leur situation. De ne pas forcer, sinon, ça risque de compliquer la grossesse. Si elles se sentent vraiment à l’aise, elles peuvent jeûner sans problème. Elles peuvent le faire. Mais si elles voient que ça les fatigue, je leur conseille d’arrêter.
Quel message aimeriez-vous lancer aux femmes, aux jeunes filles ou à la société en général à l’occasion du mois de la femme ?
Le message que j’ai à lancer pour les jeunes femmes qui veulent adopter ce métier, c’est de leur dire que c’est un métier très noble, de prendre courage, de vraiment suivre les femmes très bien, d’adopter un bon comportement. Faire son travail correctement.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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