L’ancien ministre Ousmane Kaba fait face à des poursuites pour outrage après un échange tendu avec un magistrat lors d’une audience ce lundi 7 avril à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Sa réaction a provoqué la réaction immédiate du juge, qui a ordonné son inculpation.
‘’Vous permettrez que je parle de ma carrière. Ça fait 40 ans que j’enseigne. Nous avons formé à l’Université Kofi Anan 25 000 diplômés. Je répète : 25 000 diplômés, dont plus de 2 000 juristes, y compris le premier président de cette cour’’, a-t-il indiqué.
Poursuivi pour faux et usage de faux en écritures publiques et abus de confiance par la société Bankina Pêche, Ousmane Kaba assure qu’il est surpris. ‘’Parce que moi j’ai été traîné au tribunal par des personnes que je ne connais pas, que je n’avais jamais rencontrées, ni d’Ève, ni d’Adam, dont je n’avais jamais entendu parler. Donc, j’étais très surpris’’, a déclaré le prévenu.
Il a déploré des propos tenus lors du procès. ‘’Lorsqu’on signe une convention internationale et que l’on dise dans ce tribunal que c’est un faux gouvernement, l’ambassade est fausse, le faux gouvernement chinois, le faux gouvernement guinéen, c’est un manque total de respect de nos institutions. Un manque total. Et j’ai été étonné que la personne n’ait pas été interpellée par les juges’’, martèle-t-il.
Le juge Yakouba Conté tente alors de l’interrompre : ‘’S’il vous plaît, Docteur Kaba, vous avez juste quelques mots maintenant’’. Mais Ousmane Kaba, visiblement en colère, réagit vivement : ‘’Ne criez pas sur moi. Arrêtez. Ce n’est pas parce que vous êtes procureur. Tu as l’âge de mon fils’’.
Il n’en fallait pas plus pour que le juge mette fin à l’échange sur un ton ferme. ‘’Écoutez, arrêtez. On va vous poursuivre pour outrage. Monsieur le procureur, s’il vous plaît. Il s’adresse à la cour. Vous ne vous adressez pas à vos enfants ici. Ça veut dire quoi, ça ? Vous avez compris ?’’, lance-t-il au prévenu.
‘’Monsieur le procureur, je vous demande d’initier une procédure contre lui pour outrage’’, ordonne-t-il, avant d’ajouter : ‘’Nous avons beaucoup accepté. Écoutez, écoutez, s’il vous plaît. On a beaucoup accepté. Il ne s’adresse pas à ses enfants. Monsieur le procureur, je vous demande de tenir compte de cet état et de prendre vos responsabilités. C’est le président qui vous le demande.’’
S’adressant directement à Ousmane Kaba, le juge poursuit en soulignant que ‘’vous parlez du respect des institutions. Mais vous ne respectez pas la cour. Ce n’est pas la personne qu’il faut voir, mais l’institution. Vous l’avez dit ici. Si vous-même, vous ne respectez pas cette institution judiciaire, ça veut dire quoi ? On a beaucoup accepté à cause de votre âge et de tout ce que vous avez représenté. Mais s’il vous plaît, il y a des limites à toute chose. Vous parlez de respect, mais vous ne respectez pas l’institution judiciaire. Vous allez enseigner à qui alors ce respect ?’’
‘’Vous dites que vous avez enseigné le premier président de cette cour. Mais ce n’est pas vrai’’, dément-t-il, ajoutant que ‘’je le connais. Il n’a pas étudié à Koffi. S’il vous plaît. Trop, c’est trop. Monsieur le procureur, je vous demande d’en tenir compte et de prendre vos responsabilités”.
Selon l’article 738 du Code pénal, Ousmane Kaba risque une peine allant de 6 mois à 2 ans de prison, assortie d’une amende de 1 à 5 millions de francs guinéens.
Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
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