Pacte de non-agression en Forêt : la paix ne se décrète pas, stop à l’instrumentalisation des sages…
[dropcap]L[/dropcap]es cérémonies de réconciliation se succèdent en Guinée Forestière. Les Sages donnent des injonctions, des groupes sociaux prêtent serment pour le respect du pacte de non-agression signé entre les autochtones et les allogènes du terroir.
Mais les professions de foi ne suffisent pas à asseoir la paix dans la région. Le choc communautaire s’y fait plutôt récurrent et plus violent à mesure que la Guinée s’incruste dans la crise sociopolitique.
En effet la paix ne se décrète pas. La paix durable procède de l’intériorisation et de la pratique déterminées et manifestes d’une double volonté ; la volonté de vivre ensemble dans l’acceptation et le respect de la différence; la volonté de partager équitablement les ressources qui reviennent de droit à l’ensemble des composantes de la société.
Il est de notoriété que partout en Guinée, les cadres intellectuels sont plus enclins aux parades bruyantes de soutien aux Politiques, qu’aux questions de développement du pays.
Loin de toute intention de donner leçon, la présente tribune se veut être une interpellation aux collègues de la Forêt, à davantage s’interroger sur leur rapport à la Région quant à la récurrence des exactions qui s’y commettent. Quelle réponse au problème ?
La mamaya de célébration de l’entente retrouvée, intempestivement organisée à N’zérékoré à grand renfort de publicité, heurte les consciences éprises de paix et soucieuses de réconciliation vraie.
Le faux semblant agité à travers la Commission Provisoire de Réconciliation Nationale a donné les résultsts qu’on connait. Mais l’espoir demeure qu’une réelle réconciliation interviendra à son heure, dans les règles. L’espoir demeure que la vérité sera connue, la justice rendue, les réparations faites et des mesures prises pour le contrôle des exactions en Guinée.
Mais en attendant, une démarche d’urgence semble nécessaire à mener pour la Forêt en raison de sa situation particulière. Ce pourrait être par exemple la mise en place d’une plate-forme de discussion entre des cadres de la région, sur les questions de la suprématie ethnique et de la propriété du sol, qui constituent apparemment les sujets essentiels de discorde dans le terroir.
L’entreprise d’un travail de fond dans le sens d’une part à amener les autochtones à se libérer de l’idée que les allogènes sont des étrangers venus les spolier de leur terre ; d’autre part à affranchir les allogènes de toute idée de supériorité vis-à-vis des autochtones, une telle démarche est susceptible de mettre la Guinée Forestière sur la voie de la paix.
Dieu est imploré pour une meilleure inspiration vers la réconciliation des guinéens. Aameen !
Elhadj Sény Facinet Sylla
Ex. Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses