[dropcap] J[/dropcap]onas Mukamba Kadiata Diallo a été porté à la tête de la direction générale du Patrimoine bâti public (PBP) le lundi 10 février 2014. Ce, en remplacement de Moustapha Naïté promu ministre de la Jeunesse et de l’emploi des jeunes.
Une fonction que l’enfant au compagnon de lutte du président Alpha Condé a occupé jusqu’au soir du vendredi 27 mai 2016, avant de se voir muté à la direction générale de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP). Puis, remplacé par l’ex-chef de cabinet du ministère de l’Economie et des finances, Mohamed Lamine Yayo.
A peine débarqué de ce service considéré comme l’une des vaches laitières placées sous la tutelle de la Présidence de la République à l’image de l’Agence de la promotion des investissements privés (APIP) ou encore de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), de graves accusations sont portées contre Jonas Mukamba Kadiata Diallo, et qui, si elles sont avérées l’épingleraient fort.
File du gâchis Mukamba
De sources concordantes indiquent que Jonas Mukamba Kadiata Diallo, après sa prise de fonction à la tête du PBP, a ignoré l’ensemble des cadres de son service pour s’entourer de jeunes gens n’ayant aucun statut juridique leur permettant de gérer les affaires que leur confiaient leur mentor de directeur général, Diallo.
En établissant un contrat de travail pour une quinzaine de jeunes, dont 11 filles avec pour salaires oscillant entre 7 et 10 millions de francs guinéens, Mukamba a réussi à remonter ces jeunes contre les autres responsables du service pour lesquels ils n’avaient d’ailleurs aucune considération. Puisqu’avec le rapport qu’ils entretenaient avec le DG, ils bénéficiaient de tous les privilèges émanant de ce dernier qui a doté la plupart d’entre eux en motos personnelles.
Ces jeunes ont géré tout le long du règne Jonas, les affaires courantes de la direction du Patrimoine bâti public dont ils détenaient même la clé de la salle de réunion. Aujourd’hui, ils sont réduits au néant, sans aucune situation fiable leur permettant de faire prévaloir leurs mérites après la disgrâce de leur échalas.
Jonas Mukamba doit rendre compte de sa gestion
Pour avoir été agent judiciaire de l’Etat, Jonas Mukamba Kadiata Diallo est certes un adepte de la bonne gouvernance. Par conséquent, il s’attèlera à tirer au clair sa gestion d’un service aussi stratégique et pourvoyeur de richesse que le Patrimoine bâti public. A ce titre, M. Diallo est plus que jamais attendu sur l’impérieuse nécessité de dresser son bilan au terme de 2 ans de gestion. Surtout que depuis son arrivée, on fait remarquer que les recettes ont drastiquement chuté.
‘‘Puisqu’il a trouvé 16 milliards dans le compte du PBP et n’y a laissé que 5 milliards. Où sont passés les 11 autres milliards qui devraient plutôt être majorés que d’avoir disparu sans laissé de traces ?’’, interpelle-t-on Mukamba Diallo. Puisqu’en passant la main à Jonas, l’ex patron du PBP, Moustapha Naité avait dressé une liste non exhaustive qui s’articulait autour de la finalisation du processus de recensement du patrimoine immobilier de l’Etat par la mise en place et l’opérationnalisation de la Commission nationale d’assainissement du fichier de recensement du patrimoine immobilier de l’Etat.
Ce n’est pas tout. Naité laissait comme charges à son successeur la récupération au bénéfice de l’Etat de certaines infrastructures immobilières restées jusque-là dans l’anonymat, la rénovation de certains immeubles dont l’état d’habitabilité n’obéissait presque pas aux règles d’hygiène ou de décence, la valorisation des recettes locatives par la révision à la hausse de certains loyers, ainsi que l’installation d’un centre de traitement des données Data center d’une capacité de stockage de 7.200 Go pouvant absorber une bonne partie des archives nationales et devant permettre à la direction générale du Patrimoine bâti public de renoncer à l’analogique au profit du numérique à l’effet de moderniser ses outils de travail.
La nomination de Jonas à la tête de l’ARMP, loin d’une promotion
Débarqué au Patrimoine bâti public, Mukamba Kadiata Diallo a été parachuté à la tête de l’Autorité de régulation des marchés publics. Si cette nomination est perçue par certains comme une élévation à laquelle il a accédé, de l’avis d’autres observateurs, c’est plutôt un recul pour ‘‘l’ancien-fondé du pouvoir’’ du PBP.
Pour asseoir leur argumentaire sur une base plus ou moins solide, ces analystes rappellent que le décret d’Alpha Condé tombé au soir du vendredi 27 mai 2016, a été ressenti tel un couperet assommé dans le dos de Mukamba. Puisque sa passation de service avec celui qui le relève à ce poste n’aura eu lieu le mardi 7 juin, soit deux semaines après.
‘‘Et il a fallu que le ministre secrétaire général et porte-parole de la Présidence, Naby Youssouf Kiridi Bangoura, dépêche son véhicule pour venir le chercher dans les locaux du PBP afin de rallier le Petit palais où des gens étaient fortement mobilisés depuis 10H pour être témoins oculaires de la tenue de l’acte solennel qui se tiendra finalement qu’à 15H. Preuve qu’il ne voulait pas quitter ce poste’’, argue-t-on.
Poursuivant, ces observateurs révèlent qu’au 3e niveau, sur l’aile gauche de l’immeuble Kindia, dans la Cité chemins de fer, Jonas Mukamba habite l’ancien logement de Nector, frère du richissime homme d’affaires italien Guido Santulo, patron de Séricom-Guinée, où il est payé à 40 millions de francs guinéens contre 10 millions pour son adjoint, au titre d’administrateur judiciaire dans la gestion de cette bâtisse.
Et comme il a été désigné pour occuper ce poste en raison de sa qualité de directeur général du Patrimoine bâti public, l’on se demande pourquoi l’actuel directeur général de l’ARMP refuse-t-il de céder cette place à Mohamed Lamine Yayo qui doit automatiquement lui succéder là aussi.
‘‘Aujourd’hui, il soutient qu’il a été désigné en raison des liens de père et fils qu’il entretient avec le président Alpha Condé, et continue de s’identifier à ce statut pour refuser de passer le témoin à Mohamed Lamine Yayo, son successeur’’, dénonce-t-on.
Le tout-nouveau directeur du PBP dans la dynamique du changement
Soucieuse de relever le niveau des recettes locatives dont l’état de recouvrement s’est avéré faible ces dernières années, la direction générale du Patrimoine bâti public, sous l’impulsion de son nouveau locataire, a invité lundi 20 juin l’ensemble de ses locataires, notamment de la zone spéciale de Conakry, à s’acquitter de leurs loyers et des arriérés locatifs dus, soit en espèce, soit par virement, soit par chèque au compte N°2015000005 intitulé ‘‘Recettes locatives du Patrimoine bâti public’’ domicilié à la Banque centrale de la République de Guinée.
Il a intimé à chaque locataire de déposer ses reçus bancaires au niveau des gérants immobiliers contre quittance libératoire émise à cet effet. ‘‘Les locataires qui sont soumis au prélèvement par précompte de leurs loyers doivent recevoir aussi leur quittance au vu de la copie de leur bulletin mensuel de paie. Tout versement de loyer en espèce entre les mains d’un gérant immobilier est strictement prohibé quelque soit le motif évoqué par ailleurs. Subséquemment, ce communiqué constitue une mise en demeure pour les locataires débiteurs qui doivent s’acquitter dans les meilleurs délais’’, lisait-on entre autres lignes.
Vers la détection et la mise à l’écart des travailleurs en situation irrégulière du PBP
Dans l’optique d’assainir le fichier du personnel titulaire et contractuel de la direction générale du Patrimoine bâti public, un second avis a été publié le lendemain mardi 21 juin demandant à l’ensemble des travailleurs de déposer ci-après, au plus tard le vendredi 24 juin 2016 : la note de service d’affectation à la direction générale du PBP signée du ministère de tutelle, le dernier bulletin de paie, ainsi que l’acte de nomination au poste occupé. Passé ce délai, la direction générale du Patrimoine bâti public menace de prendre des dispositions appropriées.
Toute chose qui inspire la rupture avec la récréation et ses somptueux moments de détente. A cette allure des choses, les protégés de Mukamba ne se voient-ils pas dans l’œil du cyclone ? Rien n’est moins sûr. Puisque le tout-nouveau directeur général est plus que jamais décidé à restructurer le service, à rénover les logements administratifs et en réaliser d’autres, à relancer la Commission nationale pour la récupération des biens immobiliers de l’Etat.
Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info
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