[dropcap]O[/dropcap]n le sent la tête près du bonnet, à la moindre occasion, il monte sur ses grands chevaux pour griffer tous ceux qui à ses yeux, veulent se mettre en travers de son chemin et du grand bonheur qu’il dit destiner à la Guinée. Mais il cache mal son malaise, son agacement et le fait qu’il soit gêné aux entournures.

Au commencement, le verbe, enseigne l’histoire. Oui, le verbe, la magie incantatoire du verbe a participé à façonner le monde depuis l’antiquité gréco-romaine. Dans un sens comme dans l’autre. Par le verbe, de grandes révolutions ont été possibles, le pouvoir de la parole a ceci de singulier qu’il est comme un couteau à double tranchant, soit il magnétise, ou il désaimante et pousse à la répulsion et à la révolte. Quantité de grands de ce monde, l’ont appris à leurs dépens.

Oui, Alpha Condé, lui est du métal à avoir le discours martial, le discours frontal, musclé, à la limite de la parole que sème un boutefeu. Rarement, l’homme a su dompter son caractère atrabilaire pour semer la bonne parole, la parole d’apaisement, la parole de conciliation, la parole qui désamorce, la parole qui réfrène les ardeurs bellicistes, la parole qui met du baume au cœur. Mais il y a une certitude, puisqu’on commence à connaitre l’homme, Alpha Condé est de l’acabit de ceux qui se cabrent, se regimbent, et dressent sur leurs arçons prêts à dégainer et en découdre, à la moindre contrariété. Et puisqu’on sait qu’il vit et respire politique, il est aisé de déduire de son attitude va-en-guerre soudain, tous azimuts.

Oui, notre grand timonier, a la menace à la bouche depuis un certain temps. Il menace à tout bout de champs, il menace à gorge déployée, il n’a de cesse de déblatérer contre toute la coterie d’anciens premiers ministres et ministres, qu’il couvre irrémédiablement de tous les sept péchés capitaux d’Israël, et auxquels il fait porter le chapeau de toutes les misères du peuple de Guinée, un peuple auquel lui Alpha Condé promet une félicité qui se fait pourtant désirer. Mais à ces logorrhées où la menace est brandie imparablement, les guinéens sont habitués, et ne sont pas prêts à parier un kopeck pour jurer qu’elle soit mise à exécution.

Depuis combien de temps, on nous rabâche les oreilles de ceci ou de cela, on nous a promis que des têtes allaient être ébréchées et tailladées de toutes les sphères de l’establishment financier quand il s’est agi d’un supposé trou d’air de 13 milliards de nos francs, depuis une éternité, on nous agite le chiffon rouge des audits mais dont les résultats ne viennent jamais, et risquent bien de rester dans l’œuf, en tout cas au stade des intentions, la gouvernance actuelle étant déjà bien couverte d’une smala de  scandales financiers aussi monstrueux les uns que les autres. Mais à force de remâcher tout cela, ces menaces ont fini par se débiliter au point de s’éteindre au loin.

Oui, c’est pourquoi, il fallait trouver, un nouveau fonds de commerce, par lequel détourner les attentions de ce qui vaille, par lequel nourrir la polémique politicienne, par lequel, on a envie de dire, faire de la diversion, ce nouveau dada, c’est le patrimoine immobilier de l’Etat, qu’il jure de récupérer sans faire de quartier à qui que ce soit. Mais de tout cet amas de propos, de menaces en l’air, ce qui choque le plus c’est bien autour des bas-fonds de Kobaya.  Oui aux gratte-ciel qui vont sortir de terre, mais non à une occupation sauvage et débridée. Monsieur le président, vous parlez de Kobaya comme si une convention liant l’Etat au partenaire chinois, couvrait cette partie de la Guinée, je dis non, non monsieur le président, on ne saurait laisser la motte de chinois s’accaparer sans retenue de toute notre terre, à mesure qu’elle attire…

Par Aboubacar DIALLO

Chronique quotidienne diffusée sur la radio Espace Fm Guinée