[dropcap]L[/dropcap]e problème d’eau potable en Guinée est un secret de polichinelle. En plus du manque d’électricité à Conakry, les populations sont confrontées à de sérieuses pénuries d’eau. Au Château d’eau de l’Afrique Occidentale, les robinets ne crachent que de l’air, au grand détriment des ménages. Une dèche hydrique que les familles sont obligées de supporter puisque depuis un certain temps se procurer disposer de ce liquide si précieux est quasiment devenu un luxe dans la capitale.
Créée en 2001 suite aux réformes intervenues dans le secteur urbain de l’eau potable en Guinée, la Société des eaux de Guinée (SEG) peine à satisfaire les demandes des 110.415 abonnés répertoriés par la compagnie en 2011. Le coordinateur de la société de distribution et de vente d’eau pointe un doigt accusateur sur le manque d’investissements dans le secteur confirmant ainsi les propos du président Alpha Condé qui déclarait en mars dernier que depuis les années 30, les conduites d’eau à Conakry n’ont pas été changées. A qui la faute ?
Mamadou Diouldé Diallo affirme que la SEG ne compte que sur les factures recouvrées auprès des clients pour faire le minimum d’investissements. ‘’La société n’a aucune subvention de la part de l’Etat. Elle fonctionne essentiellement sur la base du produit de ses ventes. Des charges salariales en passant par l’achat du carburant, à la fourniture des produits de traitement d’eau et des équipements de maintenance. Toutes ces charges cumulées sont couvertes par les factures de consommation qui ne sont pas à la hauteur de combler les investissements majeurs qui ont manqué jusque-là’’, a-t-il révélé dans un entretien diffusé vendredi sur les ondes de la radio nationale.
Selon Mamadou Diouldé Diallo, le tarif de vente d’eau appliqué à Conakry et à l’intérieur du pays n’est pas le bon. Il annonce dans la foulée qu’une étude tarifaire est en cours avec un cabinet indépendant pour fixer de nouveaux tarifs de vente.
A la question de savoir à quand la fin du calvaire des populations qui parcourent parfois des kilomètres pour s’approvisionner en eau notamment dans la capitale Conakry, le patron de la société des eaux de Guinée n’y va pas par quatre chemins. La résolution définitive du problème d’adduction à Conakry est étroitement liée à l’exécution du 4e projet Eau. Diouldé Diallo estime que ce projet permettra de mettre table-rase tous les investissements minimes de rattrapage qui ne donneront jamais des volumes d’eau de nature à combler définitivement le déficit. A l’en croire, la fourniture de l’eau sera pérennisée de Kaloum à Kagbelen grâce à une production supplémentaire de 340 000 m3 par jour. Ce qui, selon lui, pourra couvrir les problèmes de consommation de la ville de Conakry jusqu’en 2030.
Toutes les études du projet sont bouclées, annonce-t-il, et le tracé identifié. Les négociations ont avancé entre l’Etat Guinéen et Export-Import (Exim) Bank, une banque chinoise pour financer les travaux du terrassement et de construction d’un barrage qui dureront 3 ans. D’ici là, les populations du Château d’eau de l’Afrique Occidentale devront prendre leur mal en patience.
Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info
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