[dropcap]G[/dropcap]endarme de profession, Paul Balla Mansaré est un intellectuel émérite et passionné de lettres. Son roman intitulé ‘’ Au cœur du préjugé’’ en est une parfaite illustration. Edité par Publibook en France, l’ouvrage a été dédicacé en avril dernier au Centre culturel Franco-Guinéen à l’occasion des 72 heures du livre.
En service à l’Escadron Gendarmerie Mobile d’Intervention (EGMI), Paul Balla Mansaré est titulaire d’une maîtrise en Droit privé de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Dans la quête du savoir et de l’excellence, Paul s’est lancé dans l’écriture. Dans ‘’Au cœur du préjugé’’, son premier ouvrage ce gendarme-écrivain donne la parole à une narratrice Charlotte Sia, élève de Terminales sciences sociales et candidate au Bac.
Dans la première partie du roman, Charlotte, la narratrice est préoccupée par son admission au bac à cause de son introduction qu’elle semble avoir ratée en philosophie. Sa chambre devient ainsi son seul refuge. Elle la partage avec sa tante paternelle, Madeleine Fatouma que fréquente, de manière assez irrégulière, un gendarme de son état le capitaine Youssouf. Les hautes fonctions de celui-ci à la gendarmerie constituent la raison de la rareté de ses visites. Et la tante de charlotte Sia s’en offusque tout naturellement. Mais sa nièce essaie de lui raisonner en lui racontant l’histoire d’un couple impossible (Yémalé, le mari, Yègho, l’épouse) qu’un vieux faiseur de tisane (le vieux Nongô) réussira à réconcilier. Mais, au-delà de cette histoire, il y a la lancinante inquiétude de charlotte par rapport à son admission au Bac.
Dans la deuxième partie intitulée ‘’les préjugés’’, charlotte apprend de son cousin Frank qui a pratiquement fait le tour des quatre régions naturelles de la Guinée, que l’intolérance est le seul problème du pays ou mieux les préjugés que les groupes ethniques ont les uns vis-à-vis des autres.
Ainsi, la narratrice se rend compte que les soussous sont mal vus des peuls et des malinkés ; les peuls le sont aussi des soussous et des malinkés ; les forestiers sont aussi mal appréciés des autres groupes ethniques. Et la cause de ces préjugés, selon l’auteur, est la méconnaissance de la culture des uns par les autres groupes ethniques.
Dans la troisième et dernière partie, L’habit du moine est l’occasion, pour la narratrice de faire le procès des professeurs qui sortent avec leurs élèves. Certains le font discrètement, d’autres de manière ostentatoire. Et charlotte, la narratrice, cite l’exemple de son professeur principal (M. Diané) qui avait voulu abuser d’elle sous prétexte qu’il voulait lui faire réviser dans la perspective du bac. Et malgré les propos de cet homme et face au refus de Charlotte de coopérer (c’est moi qui fais les lauréats, les premiers et les derniers) elle obtiendra son Baccalauréat se sera même lauréate.
Dans ‘’Au cœur des préjugés’’, Paul Balla Mansaré dénonce la société africaine de Guinée qui est minée par l’ethnocentrisme, le tribalisme et le régionalisme ; des actes qui n’offrent aucune opportunité à la Guinée d’avancer. Aussi, il met en exergue certains agissements néfastes devenus monnaie courantes dans le système éducatif guinéen.
A travers cet ouvrage, l’écrivain doublé de sa casquette de gendarme entend contribuer à l’éducation de la jeunesse guinéenne sur les questions de citoyenneté et de culture démocratique. Mieux, il promeut la culture de la non-violence à travers le langage, le dialogue, la négociation et l’écoute de l’autre.
‘’A travers mon ouvrage, je voudrais non seulement impliquer toutes les couches sociales dans l’éducation des jeunes aux valeurs de la tolérance, le respect de la dignité humaine et la connaissance de l’autre et de sa culture, mais aussi et surtout encourager les brassages et les échanges culturels, les travaux intercommunautaires et les mariages mixtes’’, précise-t-il.
En choisissant la plume, Paul Balla Mansaré veut donner l’exemple au sein des forces de l’ordre qu’il invite d’ailleurs à lui emboiter le pas. ‘’Mon combat, c’est de valoriser la culture du livre et l’écriture au sein des forces de défense et de sécurité en général et de la gendarmerie nationale en particulier’’.
En fin, Paul exhorte à la génération nouvelle de faire peau neuve afin de bâtir une Guinée nouvelle prospère qui fera le bonheur de tous.
Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info
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