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Port de Conakry : l’arnaque du siècle, selon les syndicalistes

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[dropcap]L[/dropcap]a signature de ce contrat de concession est venue attiser la colère de l’inter-centrale syndicale CNTG-USTG. En guise de solidarité aux travailleurs du Port de Conakry, elle avait appelé à une «Marche de la colère», vendredi 17 août 2018, initialement prévue de la Bourse du travail au Palais du peuple, dans la commune de Kaloum, avant d’être dispersées par les forces de l’ordre.

Le porte-parole de la CNTG, Mamadou Mansaré, fait le point de la situation. «Il s’avère que ce contrat n’est pas à l’avantage de la Guinée. Pendant 10 ans, c’est les turcs qui perçoivent les taxes. Ils vont augmenter tous les frais et ne vont pas apporter des capitaux. (…) J’ai toujours déclaré qu’il y a des régies qui n’existent pas dans le budget tel que le port autonome. C’est maintenant, j’ai compris pourquoi. Les 400 milliards de FG du port autonome sont bloqués dans un compte à la Banque centrale. C’est cet argent là qu’on devrait remettre aux turcs pour 30 ans alors que la vision du port était de développer les installations portuaires pendant 2 ans. Une convention de 30 ans alors que la Guinée n’a que 18% dedans. Alors que même la route qui va jusqu’au ministère des transports est dans la convention turque. Ces gens peuvent installer n’importe quoi».

Les opportunités

A en croire le syndicaliste Mansaré, la Guinée pouvait se passer de ce contrat. Et pour cause?  «Vous êtes témoins du satisfecit donné par les autorités américaines au port de Conakry. Maintenant, la Guinée est certifiée ISO et peut donc recevoir les bateaux venant de Miami. C’est une performance quand on sait qu’avant les bateaux ne pouvaient pas quitter Conakry pour les États-Unis d’Amérique. C’est dire qu’en matière de sécurité des biens et services rendus, le port de Conakry s’est performé sur fonds propre. On avait donc plus besoin de l’assistance de personne».

Mais bon, en conférence de presse jeudi 16 août 2018, le ministre des Transports Aboubacar Sylla précise qu’aucune partie du Port autonome de Conakry n’a fait l’objet de cession. «Il n’y a eu aucune aliénation du patrimoine. Il s’agit tout simplement d’une  mise en concession pour période de 25 ans. C’est-à-dire une délégation du service public qui est faite par l’Etat en faveur d’un opérateur privé. Le port est composé de plusieurs terminaux. Il y a le terminal à conteneur mis en concession depuis 2011 en faveur du groupe Bolloré. Il y a le terminal d’alu- mine ainsi que ses intrants, la soude, le mazout détenu par Rusal. Il y a également le terminal des pêches. Le port des pêches utilisé par l’armée de mer. Il y a aussi le terminal de bauxite géré par RusAl. Ainsi que le terminal des hydrocarbures et enfin le terminal conventionnel. C’est le port conventionnel qui est mis en concession en faveur du groupe Albayrak de Turquie», affirme le ministre Sylla.

Compétitivité

Le port Conventionnel existe depuis les années 80 et  dis- pose des installations saturées et vieillissantes dont la remise en état, l’extension et la modernisation  exigent des montants considérables.  Même si la Gui- née disposait des ressources, soutient le ministre porte-parole du gouvernement, il serait plus judicieux de les investir dans les secteurs sociaux de base que de les utiliser comme financement pour l’extension ou la modernisation du port. M. Sylla fait noter que le port de Conakry a un volume d’activité d’environ 9 millions de tonnes par an. Le port de Dakar en a 16 millions, celui d’Abidjan est à 21 millions et Lomé, 15 millions. La convention oblige la société Albayrak à investir 200 millions USD sur les deux pro- chaines années qui vont per- mettre notamment d’équiper le port avec de grues, de remorqueurs, de chariots élévateurs, des véhicules incendies. Mais également de réaliser des travaux dans l’enceinte portuaire.

«Nous allons amener le partenaire à réaliser des investissements sur fonds propre. Le gouvernement ne s’endette pas. C’est la société qui réalise ces investissements et qui se fait rembourser sur les activités portuaires. Si les investissements dépassent ses capacités propres d’autofinancement c’est Albayrak qui va emprunter à ses propres risques, mettre en place  ses cautions; c’est elle qui va rembourser. Ça n’impactera pas sur  la dette publique guinéenne».

Le truc du turc

La société Albayrak détient les droits  d’exploitation du port somalien de Mogadiscio avec 45% des recettes et les  55% restants reviennent au gouvernement somalien. En Guinée,  selon le contrat, Albayrak bénéficiera de 82% contre 18% pour l’Etat. C’est là où les syndicalistes trouvent que le bât de l’attelage d’Albayrak blesse l’intérêt des travailleurs et par ricochet l’Etat guinéen.

Par Abdoul Malick DIALLO

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