Par Dr Dansa Kourouma. Le Conseil national de la transition souffle sa première bougie. M’épargnant de me complaire dans une quelconque autosatisfaction, je ne puis cependant m’empêcher, ne serait-ce qu’un rictus, au regard du bilan de cette première année. Les observateurs qui s’intéressent aux législatures guinéennes pourraient en effet, évaluer le nombre de pierres apportées à l’édifice pendant cette année. Toutefois, pour moi, il s’agit de prendre la mesure de nouveaux défis.

La Guinée, il y a quelques temps, avait cessé de ressembler aux autres nations ambitieuses.
Notre mission est dès lors de rectifier le tir, de contribuer à refonder l’État, de rétablir ses
fondamentaux.

C’est dans ce sens que dès que nous avons emmanché le maillet, nous avons fait le tour du pays, mes frères Conseillers nationaux et moi, pour tutoyer le Guinéen de tous les recoins du pays, sur ses attentes, sur ses aspirations, sur la taille de son espérance. Car, comme le dit Mahatma Gandhi, nous intégrons que « nul homme qui aime son pays ne peut l’aider à progresser s’il ose négliger le moindre de ses compatriotes ».

Au cours de cette année, multipliant les plénières, les conférences et les réunions de commissions,
nous nous sommes appliqués à redonner ces repères à la Guinée, à rassurer ses filles et ses fils
que l’entente et le partage ne sont pas de vains mots, qu’il est possible de taire les ressentiments,
que chacun peut assumer à travers une solidarité citoyenne, sa responsabilité de restituer sa force
à l’État. Nos efforts ont consisté à susciter chez chaque compatriote, l’envie et l’ardeur d’échanger
autour de la même table avec détermination.

A la tête de femmes et d’hommes, dont la majorité n’a pas fêté ses cinquante ans, à aucun
moment, nous n’avons perdu de vue que nous sommes une chance pour nous-mêmes d’écrire
une page de l’histoire qui sertira notre passage de lauriers. Nous nous sommes ainsi voulus
au service de la Guinée, une équipe qui, enfin donne un sens aux ambitions des Guinéens de
vivre dans une République ou seules les lois déterminent les échelles de la vie en communauté.

Au cours de cette année, nous nous sommes employés avec ferveur à adopter des lois, des
résolutions et à faire des recommandations qui réconcilient les Guinéens, qui domptent les
inégalités sociales, qui donnent et renforcent chez chaque citoyen le sentiment d’être un maillon
essentiel de la chaîne nationale. Dans cet effort, nous nous sommes facilement exprimés et non
sans enthousiasme, sur certaines interpellations de nos concitoyens, qui concernent notamment
la loi sur le contenu local, la loi sur l’aide juridictionnelle, la loi sur la fonction publique locale ou celle de la protection des victimes.

Les Conseillers ont, de façon constante et déterminée, développé le sentiment que la réussite du CNT se jugera à l’aune des réponses pertinentes et structurantes qu’ils apporteront aux clameurs et aux interrogations de la nation sur la gestion de l’avoir public, l’exploitation responsable des fabuleuses richesses minières, la promotion des droits sociaux, la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, la prééminence de la justice, boussole stratégique de la vie nationale

C’est dans ce sens, que s’ouvre l’agenda du CNT pour l’année 2023. Une année au cours de
laquelle, l’engagement des conseillers nationaux sera d’airain et s’exprimera dans l’élaboration d’une Constitution qui se voudrait à la dimension de l’attente nationale.

Pour une fois, ceux qui préparent la Guinée au retour à l’ordre constitutionnel, se sont volontairement exclus des futures joutes électorales. On peut dès lors mesurer combien le travail sera impartial, mais surtout toute la dose de patriotisme qui s’imprimera sur le nouveau Code social qui s’annonce. Une Constitution dont les contours et l’essence résisteront à toute tentative de tripatouillage.

Notre idéal consistera à doter le pays d’un arsenal juridique harmonieux qui résistera au temps et aux manies des hommes. Ce mot que j’esquisse ne se veut pas que de dénoncer les maux de notre société, il n’est non plus de ces mots de Sisyphe ahanant sur le flanc de la montagne avec l’interminable pierre. Ce mot est le signe de mon autre engagement au service de la nation, c’est le verbe qui traduit ma volonté d’appuyer les efforts de refondation du CNRD, un autre gage de contribuer à restituer aux Guinéennes et aux Guinéens le droit de rêver et l’assurance que les défis de la démocratie et du développement peuvent être relevés.