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Pour en finir avec l’émigration massive…

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En Europe, la droite extrême s’excite sur la présence d’un million de personnes aux portes d ‘un continent de 500 millions d’habitants, un continent qui s’est enrichi des siècles durant en pillant chez les autres, plus précisément en Afrique, en Amérique Latine, en Asie.

En Italie par exemple, l’immigration est le principal sujet de campagnes électorales. Il suffit d’osciller la fibre « anti-migrant » pour se tailler une machine électorale. Alors, les candidats extrémistes rivalisent à criminaliser les étrangers.  On leur reproche souvent à tort de faire du dumping social pour prendre le travail des nationaux européens, ou d’être des délinquants. Giorgia Méloni, Marine Le Pen, Eric Zemmour, Pécresse…tous rivalisent à paraître le plus rigoureusement stigmatisant envers les immigrés. Ils doivent leur popularité à ce populisme haineux à l’endroit des étrangers.

Or en Afrique, l’émigration vers l’Europe est perçue encore comme un eldorado, un moyen d’ascension sociale permettant à de nombreuses personnes d’accéder à de meilleures conditions de vie. Alors nos villes et nos campagnes se vident de cerveaux et de bras valides à la recherche d’une meilleure vie ailleurs. Qu’en est-il en réalité ? L’immigration est-elle une menace pour l’Europe ou une opportunité ? Quelles retombées sur l’Afrique ? Qu’en est-il de la responsabilité des dirigeants Africains face à l’émigration massive qui menace le dépeuplement du continent ?  Et surtout quelles solutions face à la crise migratoire ?

Il faut rappeler que les mouvements de migration sont vieux comme le monde. Depuis l’aube des temps, les peuples ont toujours migré en quête de ressources ou de meilleures conditions de vie. C’est un phénomène complexe qui doit être traité avec hauteur, repartie et minutie. Si hier, les occidentaux ont migré par millions chez les Africains, chez les indiens, chez les asiatiques… à la recherche de richesses et de meilleures conditions de vie, aujourd’hui c’est par instinct de survie que des populations fuient les guerres, les effets du dérèglement climatique et du pillage économique à la recherche de meilleures conditions et qualités de vie.

Si une partie de l’opinion publique européenne s’élève contre la présence de millions d’étrangers sur le sol européen, force est de préciser que des contrées entières se vident en Afghanistan, en Afrique, au Pakistan, etc. pour gonfler le pôle attractif occidental. Autant le surpeuplement est en cours en occident, autant le dépeuplement est en cours ailleurs sur une autre partie de la planète.

Dès lors, l’intelligence Humaine devrait aborder cette question migratoire non sous l’aspect du nationalisme étriqué, mais plutôt sous le prisme humain, intellectuel, celui de la réflexion et de l’analyse profonde des défaillances d’un système international aux abois. En effet, la crise migratoire est la conséquence directe des dysfonctionnements voulus ou non de la mondialisation. C’est l’échec du substrat même de la mondialisation. C’est la théorie du village planétaire qui prend un coup.

C’est la belle idée selon laquelle un investisseur européen peut maximiser ses profits en Asie ou en Afrique, et qu’un citoyen latino-américain ou Africain puisse trouver son bonheur en Amérique ou en Europe, qui est en cause avec cette crise.  Il est clair désormais que le pillage de l’Afrique en vue de la concentration des richesses en Occident n’est en faveur de personne. Force est de reconnaître que la mondialisation repose sur un système qui a fait son temps. Et l’émigration massive est l’une des conséquences de cet échec.

Il est donc illusoire d’aborder ce phénomène sous le prisme du choc civilisationnel, comme le font les idéologues et théoriciens du grand remplacement. Il ne sert à rien de propager des discours de haine « anti-migrants » et en même temps soutenir les guerres et/ou les multinationales qui pillent l’Afrique. D’autant plus que la crise migratoire est la conséquence directe des guerres de la Libye, de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie et du pillage de l’Afrique. Il n’y a qu’à voir l’origine des migrants pour s’en rendre compte.

Donc l’attitude ambivalente de l’extrême droite à soutenir le pillage et les guerres, et en même temps s’exciter sur la présence de personnes sinistrées aux portes de l’Europe, est démagogique. Nous nous souvenons du soutien des partis politiques italiens en faveur de Trafigura group, lorsque cette multinationale fut poursuivie pour avoir déversé des déchets chimiques en Côte d’Ivoire. Nous avons conscience des accointances de la droite extrême française avec Bolloré dont les crimes sociétaux, économiques et environnementaux en Afrique ne sont plus à démontrer.

Mais en tant qu’Africain, l’honnêteté exige d’indexer la duplicité des dirigeants du continent dont la responsabilité n’est pas des moindres dans cette alarmante situation. Parce qu’« Il n’y a pas de corrupteurs sans corrompus ». Je voudrais surtout alerter sur le dépeuplement du continent. Je signale que c’est l’Afrique qui se vide de ceux-là qui devraient constituer des bras valides, des forces de production dans une perspective d’industrialisation du continent. L’explosion démographique est une énorme opportunité que rate l’Afrique pour amorcer son développement et devenir une puissance.

Rappelons que la Chine, l’Inde ont capitalisé sur leurs démographies pour industrialiser leurs pays et devenir des puissances économiques et géopolitiques. Rappelons que la démographie figure parmi les facteurs constructeurs d’une puissance géopolitique. Signalons que le Canada compte sur une explosion démographique pour devenir une puissance.

L’Afrique quant à elle, risque de perdre cette opportunité. Parce que sa jeunesse et nombreux de ses cerveaux (environ 700 000 personnes chaque année) émigrent en dehors du continent. Ils sont estimés de nos jours à 28 millions d’africains vivant en dehors du continent, dont la moitié en Occident. Il est de la responsabilité des dirigeants africains de créer des conditions d’employabilité permettant aux jeunes de se projeter et réussir sur place. Il leur revient d’exiger des gros pollueurs la « réparation des dommages environnementaux et sociétaux »

En tant qu’humaniste, je rêve d’une société internationale de solidarité et de partage. J’ai foi en l’humain, en sa capacité de s’améliorer et d’influencer positivement le monde. Je crois aux valeurs de solidarité et de partage entre les Peuples du monde. Je suis contre l’anti-mondialisme, je suis de ceux qui croient que le monde est ainsi fait pour que l’investisseur occidental puisse maximiser de manière éthique ses profits en Afrique ou en Asie, et/ou que le citoyen du monde trouve son bonheur en Occident ou ailleurs.

Pourvu que les investissements soient éthiques, je propose l’investissement étranger comme solution à l’émigration massive, surtout dans le secteur industriel. Je suis donc naturellement contre la diabolisation de l’immigration, je suis contre le mépris de l’humain. Je suis pour l’émergence d’un paradigme international nouveau. Un paradigme qui place l’humain au centre du système international. Une société internationale dont la finalité est l’humain d’abord.

Donc contrairement aux narratifs stigmatisant de grand remplacement, l’immigration est un phénomène vieux comme le monde dont les causes peuvent être multiples. Quant à l’émigration massive, ses causes se trouvent dans le dysfonctionnement d’un système international à bout de souffle. Mon objectif dans cette sortie n’est pas de criminaliser l’émigration.

Vivant moi-même en dehors du continent, je ne suis certainement pas mieux indiqué pour moraliser ceux qui émigrent. Mais je suis bien placé au regard de mon expérience personnelle de l’immigration, d’analyser les causes et de proposer des solutions. Et j’en conclus qu’il faut un paradigme nouveau permettant de placer l’humain au centre des relations internationales, et de coopération internationale, permettant ainsi aux populations de rêver et de réussir chez elles. Mais cela fera l’objet de la deuxième partie de mon travail, où il sera question de solutions crédibles face à la crise migratoire.

Kémoko CAMARA

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