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Pourquoi faire attention à la menace terroriste (opinion)

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djihadiste[dropcap]A[/dropcap]près la période des guerres mondiales au cours desquelles l’humanité s’est vue  secouée par la virulence des combats et les atrocités, elle est à nouveau soumise à la dure épreuve du terrorisme, une autre forme de guerre plus pernicieuse parce que totalement asymétrique.

Les précédents conflits armés opposaient traditionnellement des Etats ou des communautés dans le cadre d’une démonstration de puissance militaire ou économique pour la défense de leurs intérêts stratégiques. Celle que nous connaissons de nos jours est le résultat d’un long processus ; elle met aux prises des Etats et des organisations criminelles, difformes, ambivalentes et qui nient l’humanité.

De quoi s’agit-il ?

Sémantiquement, le terrorisme, de par la racine du mot, consiste en l’utilisation de la terreur. Cette désastreuse pratique a été révélée  vers les années 1800, période à laquelle Napoléon Bonaparte échappe à un attentat à la bombe perpétré par les royalistes chouans. C’est quasiment le premier acte de terrorisme des temps modernes disent les historiens.

Bien naturellement, la question logique qui saute à l’esprit, est de savoir à quelles fins la terreur serait elle employée comme moyen d’action ?

La réponse germe essentiellement des trois doctrines qui s’affrontent à cet effet.

D’abord la première selon laquelle le terrorisme serait l’emploi de la terreur à des fins politiques. Cette doctrine est fondée sur la préservation des intérêts « parfois égoïstes » de groupes étrangers préoccupés non pas par la stabilité de l’Etat ou des Etats visé(s) mais par la protection de leurs propres intérêts fussent-ils sordides. Pour cela, un seul procédé : Créer le désordre dans l’ordre établi. C’est la théorie de la conquête chaotique.

Dès lors, ces groupes organisés mieux souvent que des Etats fébriles, s’incrustent au sein de ceux-ci, manipulent les opinions, distillent les contre-vérités, répandent la rumeur, suscitent la division, occasionnent la déchirure sociale, infiltrent les communautés,  créent les velléités de violence, soutiennent les acteurs et installent le chaos.  Les ordres constitutionnels et sociaux sont subitement bouleversés  avec la conséquence immédiate de voir naitre un bourbier où la violence fait la loi.

Pendant ce temps, ces barbares pyromanes se servent dans les méandres des ressources du pays alors que les populations pilent leur mil dans le mortier de la misère.

L’autre finalité du terrorisme aux fins politiques, est l’imposition de personnes ou groupes de personnes au sommet des Etats victimes de cette barbarie pour le même dessein qu’est la protection des intérêts particuliers.

L’exemple de la Libye est une illustration. Le pétrole de cet Etat d’Afrique du nord, fermement conservé  d’une main d’acier dans un gant de fer par l’ex Guide de la révolution Mouammar Kadhafi avait suscité l’appétit des vautours (ceux-là mêmes, victimes aujourd’hui de leur sale pratique qui qualifient leurs assaillants de terroristes !) au point de créer un chaos politique à l’effet de déstabiliser le régime en place.

A mon humble avis, le prétexte brandi à l’époque, à savoir le combat contre une « dictature », ne justifiait pas une immixtion au sein d’un pays en paix et de surcroit membre des Nations Unies (au nom du principe de non ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat) afin d’y installer des funambules dévoués pour le piètre boulot.

Hélas, les pronostics ont été déjoués  et la conquête a échoué. Si ces pays qui ont installé la chienlit en Libye luttaient pour la « Bonne cause » pourquoi, ne se sont-ils pas transportés dans d’autres pays bien connus par eux où règne  le terrorisme d’Etat (utilisation sur sa propre population de la terreur comme mode de gouvernance afin d’anéantir toutes les voix dissonantes) ? Allez savoir !

Les frustrés de la gouvernance dans les Etats victimes de terrorisme sont adeptes pour beaucoup de cette doctrine.  Déçus, ils s’estiment lésés, abandonnés et militent donc pour la théorie du « détruire pour profiter ».

La deuxième doctrine est l’emploi de la terreur à des fins religieuses. Elle prône une exégèse dans la pratique de la religion. Cette forme de terrorisme n’aurait pas crée tant d’émoi si ne venait pas s’y greffer l’excès de zèle tendant à outrepasser les prescriptions en la matière. A titre d’exemple, alors que la religion musulmane commande à la femme de se protéger, notamment  les bras, les jambes, la tête, de ‘’nouveaux prescripteurs’’ exigent le voile intégral  toute chose, si elle constituait une décision de justice, l’aurait été ultra petita (Au delà de la demande).

En y regardant de plus près, on est tenté de penser que le terrorisme religieux justifié par ses adhérents vise à rétablir l’application in extenso de certains textes auxiliaires au texte fondateur (le Coran) de la religion musulmane, bien séparés de l’esprit du Coran, « un livre écrit pour les doués d’intelligence ». C’est le cas de la charia prôné par certains groupes terroristes  comme Boko Haram dans le nord du Nigeria.

Ainsi, l’explication la plus banale donnée par ces  criminels pour justifier leur forfaiture contre les puissances étrangères et leurs intérêts dans les pays du Sud serait qu’elles sont à la base de la « profanation » du culte religieux « défendus » par eux dans les états Africains. Dans le même temps, les populations que ces groupes terroristes prétendent maintenir dans le cadre de la religion (en les « expurgeant » de la civilisation occidentale) deviennent de plus en plus des victimes soit directes, soit collatérales des attentats perpétrés par ces nébuleuses. D’où, la transition vers le terrorisme idéologique.

Cette dernière idéologie qui se trouve être en partie la condescendante de la doctrine aux fins politiques vise trois approches : la première consistant à imposer la vision de ceux qui la promeuvent, la deuxième à considérer que l’état de précarité  dans lequel ils se trouvent est le fait d’autrui et la dernière traduit l’expérimentation d’une envie.

La première approche de cette doctrine a permis à certaines organisations légales ou illégales de faire avancer ou d’imposer leur volonté dans un périmètre donné et sur une population visée.

Ensuite, la deuxième approche explique le fait que de nos jours, les cibles et victimes des attentats se comptent de plus en plus parmi une certaine catégorie sociale dit « privilégiée » : résidents d’hôtels de luxe, amateurs de plages, spectateurs, etc. Car pour les auteurs de ces attentats, l’écrasante majorité de la population vit dans la promiscuité et subit de plein fouet les conséquences du chômage et de la précarité.  Ils estiment donc que ceux qui arrivent à s’offrir le « bonheur du luxe » sont à la base de leur paupérisation et développent de ce fait une haine viscérale contre ces derniers. C’est pourquoi leur propagande vise à montrer que de pauvres populations paient le lourd tribut des actes des « mécréants ».

Face à cette menace qui prend de l’ampleur, la Guinée se doit d’être prête et préparée à toute éventualité. Mais avant de développer les mesures à prendre, intéressons nous aux points d’alerte à revoir.

Quels sont les points d’alerte ?

  • Sur le plan géopolitique et stratégique

L’Afrique de l’Ouest fait face à la menace terroriste à travers des attentats ciblés.  Au commencement, ce fut la guerre dans le Nord du Mali ou des Mouvements salafistes ont pris le contrôle de la région en y semant la terreur.  En guise de solidarité, sous la conduite des Nations Unies, une Force d’intervention composée de  Militaire des pays étrangers et voisins, interviennent pour le rétablissement de la paix. Parmi eux, figure la Guinée.

Le Chef de l’Etat guinéen affirmait que la Guinée prendrait part à la MINUSMA (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali).  C’est ainsi que le contingent GANGAN a été déployé et s’y trouve jusqu’à présent. Mieux, il est  d’ailleurs renforcé avec le contingent GANGAN II.

Seulement voilà, les groupes terroristes ont menacé l’ensemble des pays dont les troupes prennent part à la MINUSMA.

C’est dans ce droit fil d’action que (certainement) s’inscrivent les attentats perpétrés déjà dans certains pays en l’occurrence le Burkina Faso, le Mali et  la Cote d’Ivoire.  Même la Guinée a été directement touchée avec les attaques perpétrées contre les positions de ses soldats à Kidal.

Notre pays gagnerait suffisamment à prendre en compte cette dimension et à se prémunir dès à présent car, elle est dans l’œil du cyclone.

L’autre aspect, réside dans l’arrestation  sur le sol de deux terroristes Mauritaniens. Cette visite de mauvais augure devrait également interpeller sérieusement.

Le dernier aspect serait de mettre l’accent sur la porosité des frontières qui constituent sans nul doute des « passoires » ou véritablement de sérieux efforts doivent être consentis pour accroitre la sécurité et renforcer le contrôle.

  • Sur le plan sécuritaire

L’absence d’unité d’élite spécialisée dans la lutte contre le terrorisme est un vide criard à combler très rapidement.  Certes, sa mise en place exige d’énormes  ressources, mais, la sécurité n’a pas de prix. Le gouvernement devrait prendre à bras le corps cette question et la traiter avec diligence et intelligence.

Aussi, les services de renseignements plus orientés vers la recherche de « mouche politique » devraient se réorganiser face aux nouveaux enjeux et se mettre à la pointe.

  • Sur le plan social

Le chômage des jeunes et la pauvreté grandissante constituent des terreaux  fertiles pour l’adhésion à un sordide idéal en raison soit d’une déception de la gouvernance, soit d’une frustration excessive ou encore d’une paupérisation poussée.

Les populations se sentant exclues de la gouvernance, ou estimant ne tirer aucun profit restent vulnérables face à la tentation des billets « ensanglantés ».

Les inégalités sociales sont de plus en plus perceptibles : Une oligarchie au sommet de l’Etat face à ‘’un bas peuple’’ désarçonné. Les populations rechignent à se soumettre à l’autorité,  un semblant de cohésion y règne or, en réalité, c’est une cendre qui couvre une braise. Il suffit d’une fâcheuse  décision pour susciter le courage populaire et cela, nul ne peut prédire jusqu’où une telle détermination populaire irait.

  • Sur la plan de la gouvernance

Certaines politiques publiques reflétant les choix économiques résultant de la volonté politique des gouvernants contrastent à plusieurs égards aux aspirations légitimes des populations. Un minimum de personnes sont permis d’un maximum de choses au détriment de la majorité.  Cette forme de ‘’cannibalisation’’ dans la gestion de la ‘’chose publique’’  ne peut produire occasionner que la rupture et la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés.

Dès lors, ces derniers, en guise de réaction, opèrent à contre courant et n’hésiteront point à faire sanction. Celle-ci se traduit par des contestations de légitimité de l’autorité. Cette passerelle offre l’opportunité aux malveillants d’apporter leur aide et c’est de là que pourrait partir le déclic  d’une menace difficile à contrôler par la suite.

  • Sur le plan de la déviance politique

Les interminables mésententes des acteurs politiques ne sont guère de nature à éloigner le risque de la menace. Bien au contraire !

Si la stabilité politique est effective, en est il de même de la quiétude politique ? Malin est le lapin à cette question. Les discordances des acteurs politiques favorisent la crise politique. Celle-là même qui conduit à la crise sociale entrainant les turbulences sociales.

Pourtant, des éléments de convoitise ayant exposés certains pays aux mauvais œil existent dans le pays : Les mines.  Si on y prend garde, les mouvements sociaux peuvent servir de tremplin pour obtenir de toutes les manières ce qui n’a pas pu s’obtenir légalement.  Aussi, la manipulation d’une partie de la population et les infiltrations dans le pays en ces temps de troubles ne seraient pas à exclure.

  • Sur le plan légal

La faiblesse (voire l’inexistence) de dispositions légales relatives au terrorisme compromet la répression énergiques mais surtout la dissuasion car,  « la peur de l’individu est le début de la sagesse ».

  • Sur le plan de la communication

La sensibilité du sujet commande une pondération dans la communication. Pourtant, il est constant que tout le monde en parle sans parfois maitriser les contours.

A titre d’exemple, la coopération avec les syndicats de Guinée Bissau qui a facilité l’arrestation des mauritaniens n’a pas laissé indifférents leurs  homologues guinéens qui  brandissant le trophée se sont exposés non seulement en se mettant en danger, mais aussi en exposant leurs sources. Or, si un mécanisme de communication cohérent était en place, seuls les services de défense et de sécurité auraient communiqué en précisant simplement [sans donner la source] que le succès de l’opération réside dans la coopération transfrontalière.

Que faut-il ?

A l’aune de ces constats, il serait judicieux de :

  1.  Mettre en place une unité d’élite spécialisée dans la lutte contre le terrorisme. La mise en place de cette unité permettra non seulement de dissuader mais aussi d’agir à temps.
  2. Réduire les inégalités sociales et assurer une meilleure redistribution des richesses
  3. Doper la compétence des services de renseignements
  4. Renforcer la coopération transfrontalière et les échanges d’informations
  5. Renforcer le dispositif sécuritaire dans les Etablissements Recevant Public (ERP) et sur les sites stratégiques
  6. Revoir l’arsenal juridique
  7. Mettre en place des comités d’information sécuritaires (C I S) au sein de certaines corporations et à des endroits stratégiques pour relayer à temps les signes anormaux
  8. Surveiller les canaux de communication  et censurer tout message faisant l’apologie du terrorisme.

Karamoko Mady Camara

Juriste-Consultant/karamokomadycamara@gmail.com

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