La candidature du général Mamadi Doumbouya à une future élection présidentielle bat son plein au sein d’une certaine frange de la population.
Néanmoins, le principal concerné par cette éventualité préfère garder le silence quant à sa participation à une quelconque joute électorale dans le pays, qu’il gouverne depuis bientôt quatre ans.
Comment peut-on expliquer le mutisme du général face aux innombrables mouvements de soutien en sa faveur qui se multiplient de toutes parts ?
À Conakry, les slogans, les chants et les louanges glorifiant Mamadi Doumbouya sont très en vogue. Ministres, hauts cadres, artistes-chanteurs, associations de jeunes, de femmes, certains acteurs politiques…rivalisent d’ardeur pour promouvoir la candidature de l’homme du 5 septembre 2021.
Peut-on déduire, que le mutisme du Général s’explique par une sorte de dilemme auquel il ferait face, tenant surtout compte du serment et des promesses de ne pas participer à une élection et de conduire la transition en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel ?
Voudrait-il préserver, malgré les multiples pressions, sa parole d’officier ? Ou bien, sa posture n’est qu’une stratégie pour mieux préparer l’opinion quant à une soi-disant adhésion populaire massive pour le plébisciter au moment venu ?
Constatant le manque d’opposition pragmatique et forte devant la situation qui prévaut actuellement en Guinée, on serait moins étonné de voir le soldat ôter la tenue militaire pour celle civile afin de « légitimer » son pouvoir et continuer à gouverner le pays.
La classe politique s’étant retrouvée cette fois devant une junte totalement différente du CNDD sous Dadis Camara, manque cruellement de stratégie pour s’imposer face à un CNRD rusé, stratégique et parfois fréquentable et relativement soutenu par les puissances étrangères.
L’influence de Dalein et son leadership faisant face à des contestations internes au sein de l’UFDG avec le départ de plusieurs cadres, autrefois proches du président du parti lui compliquent la tâche. L’absence du principal opposant politique du pays, a été aussi une occasion pour certains de ses anciens collaborateurs tels que, Bah Oury, désormais premier ministre, Ousmane Gaoual Diallo ministre…de devenir de fervents promoteurs d’une future candidature du chef de la transition
Le temps semble favoriser le général Mamadi Doubouya, qui a pu inverser la tendance favorable à une transition courte qui prévalait au début de sa prise du pouvoir, en une opportunité de rester au trône. On peut dire que Doumbouya a joué le jeu de la prudence, évitant le très sensible domaine-sujet politique de la transition, en privilégiant des actions de construction d’infrastructures, et surtout de la matérialisation du projet Simandou, qui en devient son cheval de bataille et une sorte de projet de société sous son magistère.
Pour rappel, le colonel Lansana Conté s’était, lui, appuyé sur son discours programme du 22 Décembre 1985 pour étaler sa vision et annoncer les grands axes de sa future gouvernance. Discours programme qui fut d’ailleurs, plus ou moins la boussole des 24 ans de son règne à la tête de la Guinée.
Les temps, les enjeux, les acteurs et les circonstances ont certes changé, mais la Guinée se retrouve encore à la croisée des chemins et à la recherche d’une nouvelle voie de survie en tant que nation normale, réconciliée aux principes démocratiques.
Almamy Kemo