L’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE m’offre l’opportunité de présenter mes compliments à Son Excellence Monsieur le Président de la République et de lui renouveler mes vœux tout ce qu’il y a de meilleurs pour la Guinée et les Guinéens.
L’obtention du point d’achèvement de l’initiative PPTE a été présentée depuis l’avènement du Pr Alpha Condé à la magistrature suprême de la Guinée comme le remède miracle aux problèmes des Guinéens.
La classe ouvrière et les enseignants en particulier l’attendent dans l’espoir d’une augmentation de salaire ; les fournisseurs de l’Etat caressent le rêve de voir enfin la question de la dette intérieure trouver une solution.
Les attentes sont multiples et diverses. Le Guinéen lambda fonde un espoir sur les retombées du PPTE. Entre l’investissement dans des secteurs tels que l’éducation, la santé, le renforcement des infrastructures, l’accès à l’eau potable et à l’électricité, et les exigences d’augmentation de salaire et de train de vie de l’Etat, il va falloir rapidement faire un arbitrage.
Les jours à venir risquent d’être difficiles pour le gouvernement car, la période post-PPTE est une autre paire de manches avec ses réalités.
L’annonce de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative des pays pauvres très endettés par la Guinée suscitera sans nul doute, la fête aussi bien au sommet de l’Etat que dans les départements ministériels. Chacun ira de son petit commentaire, pour s’attirer politiquement et socialement la paternité de cette «performance économique».
Je reste convaincu que le premier Conseil des ministres qui se tiendra après la célébration du 54e anniversaire de la Guinée verra les membres du gouvernement jubiler et porter le toast.
Après cette fête, le mouvement syndical et les populations à qui le gouvernement a demandé d’atteindre «le PPTE» exigeront la concrétisation des promesses faites.
A ce moment, il serait bon et judicieux de s’interroger concomitamment sur ce que va gagner la Guinée aux lendemains de son admission dans le cercle des pays qui ont atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE, et surtout, où en sont certains pays africains qui en ont bénéficié avant nous en termes de ressources et de lutte contre la pauvreté.
D’abord que gagne la Guinée ?
Les avantages attendus du point d’achèvement de l’initiative PPTE sont les suivants :
1. allégement de la dette de la Guinée à travers une baisse du service et une réduction du stock de la dette grâce à l’annulation des intérêts restructuration du stock ;
2. amélioration de la solvabilité de la Guinée et possibilités accrues d’accès à de nouveaux emprunts publics ;
3. encouragement des investissements directs étrangers ;
4. accélération des investissements en général et stimulation de la croissance pouvant se traduire par une forte réduction de la pauvreté.
L’avantage direct attendu du point d’achèvement de l’initiative PPTE, c’est une accélération de l’allègement de la dette. Dans le cas de la Guinée, l’allègement attendu est de plus de 2 milliards de dollars US.
Qu’en est-il de certains pays bénéficiaires ?
Il est bon de souligner que :
– le Mali devait, selon les estimations du FMI, rembourser 16,1 millions de dollars en 2010 pour 19,7 millions en 2000 ;
– la Tanzanie (taux de pauvreté 34%) ne verrait son service de la dette diminuer que de 7% dans le meilleur des cas ;
– la Côte d’Ivoire voit son service de la dette extérieure augmenter en 2012 du fait des paiements croissants aux créanciers bilatéraux et privés qui n’étaient pas servis avant les accords récents sur la dette extérieure. De plus, le pays doit rester à jour de ces paiements sur la durée du programme.
Les obligations qui pèsent sur la dette extérieure conduisent souvent à un alourdissement de la dette intérieure, dont le service s’accroit fortement. Sur cette dernière question, le ministre d’Etat de l’Economie et des Finances devrait rendre public les projections dans la loi des finances 2013.
Par ailleurs, quand on prend d’un côté le fait que les ressources attendues de l’allègement de la dette ne sont donc pas toutes disponibles immédiatement, et de l’autre le fait que nous stagnons pour la finalisation de la transition par faute d’organisation des élections législatives, la prime à la démocratie que devrait être l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE risque de produire l’effet inverse à celui attendu.
A cela s’ajoutent la lourdeur et les contraintes du mécanisme auquel les pays bénéficiaires sont soumis avec les risques de dégradation des résultats macroéconomiques et des finances publiques qui peuvent subvenir entre temps.
Donc, pour continuer à bénéficier des ressources PPTE, la Guinée doit poursuivre ses efforts de réformes qui lui ont permis de franchir les différentes étapes du processus. Elle doit en permanence s’assurer que le cadre macroéconomique est sain (notamment réformes des secteurs clé de l’économie, amélioration de l’environnement des affaires, bonne tenue du commerce extérieur et des comptes extérieurs en vue de bons résultats macroéconomiques), entre autres.
Le gouvernement actuel ou futur du professeur Alpha Condé devra s’employer à anticiper sur les réponses à ces préoccupations en vue de permettre l’accès large et rapide aux ressources PPTE et d’en tirer le maximum de profits.
Sur le plan sociopolitique, le professeur devrait être inspiré par le proverbe arabe qui recommande de : « baiser la main qu’on ne peut pas couper », autrement dit, le président de la République, chef de l’Etat doit définitivement ôter son manteau d’homme politique pour revêtir celui d’homme d’Etat, car le premier encense et dit fort les préoccupations du peuple et le second se saisit des problèmes du peuple pour les transformer en opportunités et chances offertes à toutes les filles et à tous les fils du pays.
Que Dieu fasse du point d’achèvement de l’initiative PPTE, une source de bonheur partagé pour le Guinéen et bénisse la Guinée. Amen !
Conakry, le 25 septembre 2012
Honorable Cheick Tidiane Traoré
Président du Mouvement pour la République « MPR »
Secrétaire exécutif de l’Alliance des forces d’avenir de Guinée « AFAG »