[dropcap]L[/dropcap]a Guinée a rendez-vous, ce dimanche 11 octobre 2015, avec l’histoire. La présidentielle, qui y a cours, fait que tous les regards sont braqués sur ce pays marqué par des décennies d’autoritarisme et de coups d’Etat militaires.

L’attention des observateurs est d’autant plus grande que le vainqueur du scrutin de demain a l’obligation de récompenser les espoirs de l’ensemble de ses concitoyens, leurs efforts et leurs prières pour l’unité, de renforcer la démocratie, la prospérité et le développement du pays.

Pour la première fois de son histoire, la Guinée, pays indépendant depuis 1958, a organisé, en 2010, une présidentielle libre. Après deux tours de scrutin, le nom du Pr Alpha Condé était sorti des urnes. Il avait obtenu le suffrage de la majorité des votants, avec 52,52%, devançant son rival Cellou Dalein Diallo (47,48%) à l’issue d’une élection correcte, selon le constat de bon nombre d’observateurs nationaux et étrangers. Une première réussite qui fait accrocher la Guinée à la démocratie.

Cinq ans se sont écoulés. Et la Guinée a encore rendez-vous, ce dimanche 11 octobre 2015, avec l’histoire. La deuxième présidentielle libre, qui y est attendue, fait que tous les regards sont braqués sur ce pays qui, depuis 2010, jouit de l’avènement d’un pouvoir civil, avec le Pr Alpha Condé, après des décennies d’autoritarisme, sous Sékou Touré (1958-1984), et de coups d’Etat militaires, avec Lansana Conté (1984-2008) et Moussa Dadis Camara (2008-2009). Longtemps bâillonné par ces régimes autocratiques, le peuple guinéen a, depuis 2010, choisi « l’espoir » que personne, parmi les candidats à la présidentielle, n’a le droit de « tuer ».

Les huit candidats qui se présentent à la présidentielle pour briguer le suffrage de leurs concitoyens ont exprimé leur volonté de faire de la Guinée un Etat démocratique où la gestion transparente des biens de la Nation, les libertés d’expression, de réunion et d’entreprise ne seront plus des rêves comme durant les règnes de Sékou Touré, Lansana Conté et Moussa Dadis Camara. Celui qui aura la difficile tâche d’y asseoir, d’y ancrer et d’y consolider l’espoir sortira de cette liste de candidats composée de Alpha Condé, à la tête d’une coalition menée par son parti, le Rassemblement pour le peuple de Guinée (Rpg), Cellou Dalein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg), Sidya Touré de l’Union des forces républicaines (Ufr) et Lansana Kouyaté du Parti de l’espoir pour le développement national (Pedn).

Les autres prétendants au fauteuil présidentiel sont Faya Millimono, président du Bloc libéral (Bl), Georges Gandy Faraguet Tounkara de l’Union guinéenne pour la démocratie et le développement (Ugdd), Papa Koly Kourouma de la Génération pour la réconciliation, l’unité et la prospérité (Grup) et Mme Marie Madeleine Dioubaté du Parti des écologistes de Guinée (Peg). Tous ont conscience que plus de cinquante ans d’une petite survie, marquée par des régimes dictatoriaux, autoritaires et une extrême pauvreté, ont creusé le retard de la Guinée qui ne compte plus les manifestations paralysantes de ces dernières années. Ces tares ont retardé l’envol économique de ce pays pourtant bien doté par la nature.

En Guinée, on veut que le vainqueur de la présidentielle se penche sérieusement sur la réforme du secteur des mines, la lutte contre corruption et la réconciliation nationale, les thèmes dominants de la campagne électorale clôturée hier.

Ces idées ont fait plaisir aux observateurs nationaux et internationaux qui ont mis en garde la classe politique en Guinée contre « tout acte qui pourrait perturber le bon déroulement du processus électoral ». Ils sont nombreux sur place pour veiller au grain.