[dropcap]L[/dropcap]es Observateurs aiment souvent inviter les groupes contestataires des résultats électoraux à accepter le verdict des instances officielles de gestion du processus. Le refrain est souvent le même. Le vote s’est bien passé, il s’est déroulé dans le calme. 

Le vote, c’est tout un processus. On ne peut certes pas demander à une mission d’observation de prendre en charge les opérations en amont. Elle arrive souvent à la veille du scrutin. Une bonne mission se préoccupe cependant de ce que les résultats proclamés soient ceux sortis des urnes. Elle témoigne de la conformité de la décision rendue par les juges électoraux à l’expression effective des votes des électeurs.

La votation est par principe une opération simple. Ce sont la volonté et la démarche de fraude de ses gestionnaires qui la rendent compliquée. L’empêchement souvent fait aux représentants de certains candidats à accéder aux bureaux de vote et aux Commissions Administratives de Centralisation des Votes (CACV) pour y jouer pleinement leur rôle, ce en violation flagrante de la loi électorale, traduit la volonté manifeste des instances de gestion des processus électoraux à procéder à de la malversation.

Les observateurs électoraux abordent leur mission avec la conscience que la fraude électorale est courante en Afrique. Le contrôle de cette démarche est la raison de leur déploiement avec ce que cela coûte en termes de logistique. Le 3 novembre prochain aucune mission ne viendra de nulle part pour observer le vote aux USA.

La corruption électorale vicie et entache considérablement la sincérité des votes en Guinée. Elle constitue la source de la contestation des résultats et des violences qui en découlent. L’opération de vote en elle-même, relativement au glissement du bulletin dans l’urne se passe généralement bien. Malheureusement, c’est cette partie visible de l’iceberg qui semble le plus cristalliser l’attention des Observateurs. Pourtant, les choses sérieuses se jouent aux étapes suivantes; celles du dépouillement et de la centralisation des voix. L’observation devrait être davantage focalisée sur ces composantes très sensibles du processus.

Il devient inutile voire contreproductif de continuer à gaspiller les ressources des donateurs dans des missions qui chantent invariablement la litanie des élections passées dans le calme, sachant pertinemment qu’elles n’avancent en rien la démocratie; mais contribuent plutôt à enfoncer les pays dans l’instabilité et les populations dans la désolation et la précarité. A moins que l’Observation électorale soit devenue une autre machine à dévorer le budget des Organisations Régionales et Internationales.

Sény Facinet Sylla
Ex. Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses