[dropcap]L[/dropcap]e président Alpha Condé, à l’issue de sa réélection le 11 octobre 2015 pour son second et dernier mandat, avait prêté serment le 14 décembre puis, rappelé pour le rependre suite à la réaction de certains magistrats dont le brillant juriste Mohamed Camara, qui avaient exigé que la partie de la formule consacrée par notre constitution « de respecter et de faire respecter la loi » ‘’omise’’ lors de la première prestation, soit lue.
Ainsi, le 21 décembre 2015, le Président de la République reprenait l’exercice lors d’une brève cérémonie en prenant des engagements pour le respect scrupuleux de la Constitution et de l’Etat de droit.
En voici un rappel de l’essentiel : « Professeur Alpha Condé, veuillez-vous lever, s’il vous plaît, et vous avancez devant cette Cour. Veuillez lever la main droite et lire le serment prévu par l’article 35 de la Constitution ».
« Moi, Alpha Condé, président de la République, élu conformément aux lois, je jure devant le public de Guinée, sur mon honneur, de respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution, des lois et des décisions de justice, de défendre les institutions constitutionnelles, d’intégrité du territoire et l’indépendance nationale. En cas de parjure, que je subisse des rigueurs de la loi ».
« La Cour prend acte de votre prestation de serment ».
Au regard de l’évolution de la situation et compte tenu de l’obsession du Président Alpha Condé à vouloir rester au pouvoir au mépris des textes et de son serment, nous sommes en droit de nous interroger si en ce jour du 14 décembre 2015, cette omission était vraiment involontaire ou cachait-elle déjà une intention inavouée.
Heureusement que nos juristes ont été vigilants en alertant l’opinion publique. Autrement, cet état de fait aurait pu être brandi aujourd’hui par les porteurs de ce projet illégal et anti-démocratique de changement constitutionnel arguant que son serment ne l’oblige en rien. Ne dit-on pas que le diable se trouve souvent dans les détails. Alors, en politique, refusons de croire à la coïncidence et au hasard.
Par ailleurs, le serment se définissant comme étant une promesse annoncée de manière solennelle en insistant sur le caractère sacré et indéfectible des paroles prononcées avec une portée presque divine, sa violation entraine la disqualification de la personne concernée en termes de perte de confiance, de notoriété et de respect. Et la sanction pour haute trahison lui est applicable.
C’est pourquoi, le jour que le président Alpha Condé prononcera un discours et prendra un acte officiel contraire à l’esprit et à la lettre de son serment, il perdra toute légitimité aux yeux des démocrates guinéens avec toutes les conséquences que cela implique pour lui et son régime. Et ce jour, le peuple aura le droit et même le devoir de reprendre sa souveraineté qu’il avait confié à celui qui aura trahi sa confiance en ne respectant ni son peuple ni ses engagements sacrés. Et dans le contexte actuel, cette réaction n’attendra point les consignes d’un quelconque leader politique ou associatif.
Enfin, il est nécessaire de rappeler que l’apartheid, l’esclavage, le racisme, la dictature ont été ou sont encore des systèmes de gouvernance institutionnalisés donc établis par des lois. Mais le peuple conscient et ambitieux, détenteur de la légitimité, a toujours le plein droit de se rebeller contre un système injuste, violent et malhonnête dont il se sent victime. Surtout lorsque celui ci est incarné par des dirigeants de mauvaise foi.
Aliou BAH
Président de l’organe provisoire de direction du MoDeL
M. Bah,
Merci de nous rappeler le fait que le Président Alpha Condé avait omis un passage important du serment qu’il devait prêter et que, de ce fait, il avait été obligé de refaire sa prestation, (Barack Obama,par la faute du Président de la Cour suprême US, avait été obligé de le faire aussi).
Votre Tribune libre aurait été plus intéressante et même plus compréhensive pour des gens comme moi, si vous aviez publié, dans votre texte, ce qu’il (Alpha Condé) avait dit et ce qu’il aurait dû dire.