Il faut observer l’évolution de la vie politique sénégalaise avec beaucoup de retenue. Ce n’est pas un pays où un capitaine sort de nulle part pour renverser un régime sans qu’une mouche ne fasse le moindre bruit ou un Président qui, par des manœuvres juridico-politiques soumet un projet de référendum constitutionnel en cachant son intention de briguer un autre mandat, au-delà des deux définis par les dispositions de la Constitution précédente.

Ce n’est pas un pays où les acteurs socio-politiques se battent uniquement pour bénéficier d’un décret afin d’être à la « mangeoire ». Bref, ce n’est pas un pays où la population croise ses bras pour attendre que Dieu leur donne le courant et construise les écoles et les routes pour elle. Non.

Au fait, ce pays a l’avantage d’avoir un système politique très complexe dont les fondamentaux ont été construits, pas sur du sable mouvant comme le cas de nombreux autres pays de la sous-région, mais sur des rochers montagneux très solides.

Le Sénégal a le mérite d’avoir une population versatile et exigeante dans ses choix. Une classe politique dont la maturité politique est sans ambages. Et, des institutions qui, tant bien que mal, arrivent à garder une certaine intégrité.

Eu égard à tous ces aspects singuliers à la vie politique sénégalaise suscités, une probable élection de Monsieur Diomaye Faye du PASTEF à la tête du pays pourrait être un couteau à double tranchant pour l’opposant Ousmane Sonko dans la mesure où son avenir politique se joue concomitamment avec le premier mandat du Président élu.

Si celui-ci réussit à répondre favorablement aux nombreuses attentes de la population sénégalaise, cela va augmenter le capital de confiance du Parti favorisant ainsi une probable élection de Ousmane Sonko soit à la fin du premier mandat de Diomaye Faye ou son second mandat, mais tout dépendra de la nature des rapports de force des forces sociopolitiques en présence.

Être Président au Sénégal n’est pas une tâche aisée. Les défis économiques sont nombreux et les enjeux politiques sont considérables. De ce fait, il faut une certaine expérience dans la conduite des affaires de l’Etat.

Aly Souleymane Camara
Analyse politique