Procès du 28 septembre : un avocat accuse le colonel Tiegboro de l’avoir torturé avec 10 autres personnes
Après la comparution de trois autres victimes, ce lundi 24 juillet, c’est l’avocat Maître Thierno Souleymane Baldé qui est apparu à la barre du tribunal de Dixinn. Partie civile dans l’affaire 28 septembre, il dit avoir subi des sévices de la part du colonel Moussa Tiegboro Camara et ses hommes en octobre 2009.
Sa constitution en partie civile au procès a d’abord fait l’objet de débats avant qu’il ne soit autorisé à faire sa déposition par le juge Ibrahima Sory II Tounkara.
En effet, Maître Jean Moussa Sovogui, conseil du colonel Tiegboro, s’est opposé à saa comparution. Il estime que les faits allégués se sont déroulés après le 28 septembre 2009.
Maître Thierno Souleymane Baldé dit avoir joué un rôle clé dans la prise du pouvoir par l’armée en fin 2008. Il réclame la paternité d’un mouvement qu’il a mis en place avec certains de ses pairs quand Dadis Camara, chef de la junte d’alors, a commencé à changer de ligne de conduite.
‘’On a décidé d’organiser une grève de la faim. Nous avons écrit un mémorandum, comme je l’avais fait quand on avait sollicité la démission du général Lansana Conté. Ce mémorandum a été déposé au niveau du chef d’état-major général de l’armée, des différentes ambassades, etdes médias. Quand des gens ont reçu le mémorandum, certains m’ont dit que je me fatiguais parce qu’il y a des guinéens qui meurent de faim’’, relate l’homme de droit.
Il révèle par la suite la manière comment le colonel Tiegboro Camara et ses hommes ont débarqué dans la salle de la maison des jeunes de Dixinn-port où Maitre Baldé et ses collaborateurs avaient érigé un camp pour mener leur grève de la faim.
‘’On était couchés. Vers 20h, la porte n’était même pas fermée quand des gendarmes ont surgi, poussant la porte, la faire tomber et nous trouver à l’intérieur. Ils nous ont tiré certains par les pieds, par la tête avec des insultes que je ne peux pas répéter ici. Ils nous ont trainés dans la boue de la salle où nous étions jusqu’au niveau de la route principale où les pickups étaient garés. Ils nous ont jetés à l’intérieur comme des sacs de patates et mis les pieds sur nous. On était au nombre de 11. Nous avons été conduits au camp Alpha Yaya Diallo’’, explique Maître Baldé.
Une fois sur place, ‘’ils nous ont alignés avant de demander qui était le chef. Je leur ai que c’était moi. Il m’a demandé : ‘C’est toi l’américain ?’ J’ai répondu : ‘Non, je suis guinéen’. Il m’a dit : ‘ça, c’est une forme de terrorisme moderne, mais vous allez le regrette’’’.
Ce défenseur des droits humains déclare qu’ils ont été enfermés dans un conteneur dans l’enceinte du camp Alpha Yaya. ‘’Nous y avions trouvé deux autres personnes. C’est là qu’on devait faire tous nos besoins’’ déballe-t-il.
Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info
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