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Profil: Souleymane BAH, Chargé d’Affaires/Grandes Entreprises à ECOBANK Guinée

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Marié et père d’une petite fille de 2 mois, Souleymane BAH est  Chargé d’Affaires/Grandes Entreprises à ECOBANK Guinée également  président  d’ARSYF (Association des Ressortissants et Sympathisants de Fria). Enthousiaste du travail, Souleymane  s’est imposé  parmi les personnalités qui font parler de la richesse guinéenne et n’arrête  de surprendre à travers ses exploits qui jouissent d’une bonne réputation.

Rigoureux dans son travail, Souleymane BAH  est l’un des plus optimistes qui pensent au devenir  de la jeunesse guinéenne. Son retour au pays  après de brillantes études à l’étranger, témoigne à suffisance son attachement à sa patrie. Félicité par cet optimisme, il n’hésite pas un seul instant à consoler ces nombreux jeunes  qui ont perdu l’espoir quant à la situation du pays : «Je crois profondément à l’avenir de la jeunesse guinéenne, cette jeunesse a du talent qu’elle peut mettre en valeur ».  Son raisonnement donne ainsi confiance à plus d’un guinéen.

Né  à Dar-es-Salam, un célèbre  village de Télimelé, le petit  Souleymane n’était pas destiné à l’école. « J’étais avec mon grand père maternel Thierno  Aliou Badra, le Waliou de Dar-es-Salam et mon oncle maternel. Avec eux, j’étais sensé  étudier seulement le saint coran comme tous les autres fils et petits fils des Waliou, car à cette époque les hauts dignitaires ne voulaient pas que leurs enfants fréquentent l’école pour apprendre le modèle occidental. Pour eux, le modèle c’est celui  islamique donc étudier le coran ».

Souleymane consacre ainsi une bonne période aux études coraniques, «c’est ce qui m’a façonné et a façonné ma vie, cela  m’a  permis d’être la personne que je suis   aujourd’hui ». Nous explique-t-il. Dans ce village, il a appris le Coran et  a toujours refusé les  honneurs et privilèges dont devraient bénéficier les  fils et petits fils des  Karamoko. Malgré les nombreux cadeaux qu’il recevait de la part de son père, il décide de rejoindre ce dernier qui, à l’époque était Imam à la grande mosquée de Katourou  dans la ville de Fria.

« J’étais heureux de retrouver papa, nous avons fait la route à pieds, on est passé par Sodjoré, une sous-préfecture de Fria, Sodjoré fut donc la première sous-préfecture de Fria que j’ai foulée », raconte-t-il, avec un sourire aux lèvres.

C’est à Fria, ville qui l’a vu grandir  qu’il fit ses premiers pas scolaires, contrairement à la volonté de sa famille maternelle. « J’avais pris un engagement ferme devant mon oncle et ma mère de ne pas fréquenter  l’école, mais mon papa lui, voyait  les choses autrement »

Il est donc inscrit à l’école  primaire de Tigué 2.  Parmi des enfants nés dans le «luxe», les débuts n’ont pas du tout  été faciles pour ce petit qui venait d’un village lointain. En 1989, son père décède  pendant qu’il était  encore en quatrième année de  l’école primaire. Il avait juste suivi les résultats du premier trimestre qui classaient  son fils 5ème de sa classe. Pour lui, Souleymane  progressait  mais pouvait encore  mieux faire vu ses origines, il voulait donc  qu’il  s’efforce davantage.

Après le décès de son père, les résultats du second trimestre lui classe premier  de sa classe. « Cela m’a  fait non seulement beaucoup pleurer mais aussi  réconforter. Je  devenais ainsi  ce que voulait  mon père. Depuis lors j’ai continué sur cette lancée jusqu’à ce que j’atteigne le lycée ». C’est  pourtant au collège Josip Broz Tito, que  le petit Souleymane commença à se faire remarquer  dans la cité de l’alumine. Sa renommée dépassera vite les limites de la préfecture car au Brevet D’études du Premier Cycle (BEPC), il se  classe  premier de la région (Basse -Guinée), un honneur pour lui, mais aussi pour toute la cité de l’alumine, il opte ainsi pour les sciences Mathématiques  au lycée Amilcar Cabral de Fria.

Là,  le jeune Souleymane avait une autre ambition : avoir un très bon classement national au baccalauréat. «Je voulais vraiment avoir un bon classement  mais j’ai estimé qu’on ne pouvait pas avoir ce privilège étant à l’intérieure du pays, j’ai donc décidé de transférer pour Conakry »

C’est ainsi qu’il  a pris le chemin de la capitale et s’inscrira en classe de 12ème Année Sciences Mathématiques au lycée Kipé dans la commune de Ratoma. C’est dans ce lycée qu’il préparera avec la plus grande sérénité le Baccalauréat première partie. L’effort finit par payer, en 1997, Souleymane BAH est admis au baccalauréat première partie en se classant 1er de la République de Guinée, une véritable consécration. « Ce résultat m’a trouvé au village où je passais mes vacances à coté de ma maman et cela a fait une grande joie dans tout le village ».avoue-t-il.

Après les vacances,  la reprise a été très difficile car le jeune Souleymane était tombé malade, les spéculations faisaient état du jet d’un  mauvais sort au village. Pour lui, sa maladie n’avait rien à  faire avec son village : « Je n’y croyais pas à ces spéculations,  j’ai gardé mon sang froid et j’ai continué à travailler dur ». A la fin de l’année il n’a  pas pu maintenir son rang, mais  a tout de même  réussi à décrocher la deuxième partie du bac  en se classant 14ème de la république avec  mention Bien.  « Je devrais néanmoins être retenu parmi ceux là qui allaient bénéficier des bourses  d’Etat pour le Maroc, malheureusement des critères ont étés inventés juste une façon de disqualifier certains candidats et c’est ce qui m’est  arrivé avec certains de mes condisciples».

Epargné du concours d’entrée aux institutions d’enseignements supérieurs, il s’inscrira à la faculté des Sciences  Economiques  à l’université de  Foulayah (Kindia). Etonnant pour ses amis qui l’ont connu  au lycée. Pour eux, Souleymane ayant un très bon niveau en Mathématiques, physiques et chimie  devrait plutôt opter pour les sciences exactes. Son choix  n’était pourtant pas vain.

C’est en classe de troisième année université qu’il a eu le privilège de  participer à un concours pour une formation internationale en France, une école d’élite financée  par la Banque mondiale et le gouvernement Français. « Il s’agissait d’un concours international.  On était une dizaine à l’affronter en Guinée et finalement un ami Ahmeth FALL et moi avions  été retenus » .Il s’envole  ainsi pour, l’Université d’Auvergne Clermont-Ferrand1 (France) où il obtiendra  en 2005  un Master 2 en  « Economie de développement /DESS Analyse et Gestion de Projets », CERDI. Deux ans plus tard, dans la même université il décroche un Master 2  cette fois ci en Carrières commerciales de la Banque et de L’Assurance.  C’est qui lui a permis d’intégrer le Crédit Agricole l’une des plus grandes banques en Europe, comme chargé d’affaires professionnelles où il doit s’occuper de l’aspect commercial, la vente des produits au petites et moyennes entreprises (PME) également conseiller aux Professionnels et aux PME,  « J’ai passé cinq (5) mois au Crédit Agricole et j’ai fait un rapport qui a été apprécié, mais j’étais ami avec d’autres blancs jusqu’à l’heure où ’ils ont su que je voulais évoluer dans le Crédit Agricole, c’est là qu’ils m’ont fait comprendre que je ne suis pas Français ».

Malgré donc sa compétence, le manque de documents stratégiques (Nationalité Française, Titre de séjours lui permettant de travailler) et le principe du pays  l’empêchent de décrocher un emploi à l’hexagone. «  C’est ça leur principe, un principe que j’apprécie d’ailleurs et que je voudrais pour mon pays. Avant d’employer un étranger à un poste, il faut que le poste soit rendu public pendant un (1)  à six (6) mois au moins. Si aucun français ne mérite ou ne manifeste un désir pour le poste, on le donne en ce moment à un étranger. Et le poste  dont moi je voulais en France était stratégique,  celui de chargé des projets  avec l’un des salaires les plus consistants » avoue-t-il.

A noter qu’en 2003, Souleymane avait  passé 3 mois de stage au  Centre d’Etude et de Recherche sur le Développement International, puis  4 mois de stage en 2005 à la Banque Centrale de la République de Guinée sur le thème « Impact de la  Dépréciation du taux de change sur la balance des paiements ». 

Après  un séjour linguistique et pratique de l’anglais des affaires à Atlanta (USA) en 2008, il rentre définitivement au pays sans  une garantie d’emploi.  Membre fondateur d’AGUIRAV (Association des  Guinéens  Résident  à  Auvergne) et membre d’ARSYF Europe, Souleymane a une bonne expérience sur la vie associative  ce qu’il mettra d’ailleurs au profil pour créer avec les autres ressortissants de Fria  ARSYF (Association des Ressortissants et Sympathisants de Fria) qui regroupe aujourd’hui les filles, fils et amis de Fria à travers l’Europe, l’Amérique du nord et en Guinée. Lors de la 1ère  Assemblée Générale de la dite Association, il obtiendra la confiance des friakas pour présider les destinées de  ARSYF et depuis, il se donne corps et âme pour  le rayonnement de la préfecture de Fria à travers ses filles, fils, amis et sympathisants.

Au mois de Décembre de la même année, riche d’un bagage intellectuel impressionnant et d’une expérience professionnelle acquise pour la plupart à l’étranger,  il intègre  ECOBANK-Guinée en qualité d’Analyste Risques.

Jeune cadre exigeant et travailleur acharné, Souleymane BAH  finit vite par gagner  la confiance des ses supérieures hiérarchiques. Ainsi depuis  Mai 2010, il occupe  successivement les postes de Senior Local Account Manager (Multinational & Régional), Coordinateur Pays du Business Régional, Coordinateur Pays du Commodity Trade Finance (financement des matières premières)

Coordinateur pays de la Value Chain (Gestion intégrée des sociétés et leurs tiers) et des intérims momentanés du département Corporate. Comme quoi pour dire que la Guinée peut bien compter sur sa  jeunesse pour la relève de demain.

Amadou Aliou BARRY

(In Magazine Vision-jeunes, Parution N°004, Décembre-Janvier 2013)

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