Il y a quelques années, le Président Alpha Condé, à l’époque opposant aux régimes en place, critiquait de façon acerbe, les collaborateurs du Président Lansana Conté. AfricaLog a eu accès à un document historique signé de l’opposant de l’époque, aujourd’hui Président de la République. Dans ce document, l’homme d’Etat tançait ceux-là qui sont devenus ses collaborateurs d’aujourd’hui.
Alpha Condé ne s’empêchait d’attirer l’attention du Peuple de Guinée sur la réalité du moment: «le pays est sous coupe réglée d’une poignée de prédateurs toujours affamés et qui se disputent la dépouille de la pauvre Guinée».
Parlant par exemple, de celui qui est devenu son Ministre Secrétaire général de la Présidence, Naby Youssouf Kiridi Bangoura, Alpha Condé le qualifiait de «Spécialiste du double langage, ce pyromane n’hésite pas, par ambition personnelle, à prendre le risque de plonger le pays dans le désordre». Lisez plutôt!
«Rassemblement du Peuple de Guinée
Peuple de Guinée défend ton vote
Peuple de Guinée, Kiridi Bangoura [aujourd’hui, Ministre Secrétaire général de la Présidence, NDLR] ses complices et alliés s’apprêtent à te voler ton droit d’expression, ton vote. Si le Président Conté avait, par le passé, imposé la «victoire» du PUP, l’honnêteté nous oblige à reconnaître, qu’en ce qui concerne les élections locales actuelles, sa responsabilité n’est nullement engagée.
Seul le ministre Kiridi Bangoura qui croit avoir un destin national alors qu’il ne peut même pas se faire élire comme conseiller municipal dans sa propre commune aujourd’hui, veut faire mieux que ses prédécesseurs à ce poste.
Spécialiste du double langage, ce pyromane n’hésite pas, par ambition personnelle, à prendre le risque de plonger le pays dans le désordre. Il affiche un mépris souverain pour l’opposition et pour le peuple de Guinée tout entier, en affirmant à ses proches qu’il n’y aura que deux ou trois jours de protestation et que tout rentrera dans l’ordre, après le triomphe total du PUP.
Préfets et sous-préfets, pourquoi sacrifier l’avenir de vos enfants pour des ministres qui ont déjà préparé un exil doré dans les grands pays?
Militaires, gendarmes et policiers, allez-vous, vous laisser instrumentaliser par ceux qui n’ont cessé de piller ce pays pour leur seul profit?
Chacun de vous doit se ressaisir en refusant de se faire l’instrument (comme de vulgaires objets) de quelques ministres qui sont traités publiquement de voleurs et de menteurs par celui là-même qui les a nommés. II faut que ces ministres prédateurs sachent que, demain, ils ne se cacheront pas derrière le manteau du Président Conté en le rendant responsable de tous leurs méfaits. Le peuple de Guinée voit désormais clair et saura en tirer les conséquences. Ainsi chacun des prédateurs aura à rendre compte de ses méfaits.
Nous allons passer en revue tout ce qui se passe sur le terrain à l’occasion de la tenue des élections communales et communautaires. Le gouvernement guinéen a pris certains dispositifs pour organiser des fraudes massives et empêcher non seulement l’opposition guinéenne d’y participer loyalement et intimider les populations en quadrillant les régions sensibles où l’opposition est bien implantée, par les forces de l’ordre d’une part et, mettre en place un système de brouillage sélectif des communications téléphoniques afin d’empêcher les représentants et responsables de partis politiques de communiquer les vrais résultats à leurs états majors respectifs d’autre part.
Cette attitude montre aux uns et aux autres la volonté manifeste des autorités guinéennes d’empêcher, par tous les moyens la victoire de l’opposition en utilisant des méthodes et pratiques illégales dans l’unique but de conserver le pouvoir et perpétuer la descente inexorable aux enfers du pays et, éviter ainsi, de reconnaître à la face du monde que le régime est aux abois et ne représente plus rien sur le terrain par le vote sanction que les populations guinéennes sont prêtes à exprimer comme message.
Pour tout observateur objectif de la situation guinéenne, il n’est pas possible de continuer à faire subir aux citoyens cette misère sociale où le simple droit à la vie n’est plus assuré c’est à dire l’accès à l’eau potable, à l’électricité, aux soins primaires, à l’éducation, l’emploi, toutes choses essentielles à la vie de l’homme.
Comment peut-on imaginer dans le monde actuel, du 21ème siècle, de mondialisation et de communications interplanétaires qu’un pays aussi doté de ressources stratégiques durables et renouvelables ainsi qu’humaines peut vivre comme au temps de nos ancêtres? Y a-t-il, aujourd’hui, un pays en Afrique où la capitale est sombre plus que Conakry (comme le disait la radio Africa N°1) ? C’est pourquoi, il faut savoir que des hommes capables de mettre leur pays dans un tel état de délabrement et de misère ne peuvent organiser des élections libres et transparentes. Chose impossible et impensable.Aujourd’hui le pays est sous coupe réglée d’une poignée de prédateurs toujours affamés et qui se disputent la dépouille de la pauvre Guinée.
Un des dispositifs très significatifs de cette mascarade électorale est le quasi invalidation de la plupart des listes électorales. Pour preuve, des centaines de listes de candidature ont été invalidées par l’administration locale sur instruction spéciale du ministre de l’Administration. Dans le cas particulier de Macenta, pour empêcher, par exemple, l’alliance RPG-UFR du processus électoral, toutes les listes de candidature ont été invalidées au moment où le PUP, miné par ses contradictions internes et n’ayant pas déposé sa liste, en fait, dans le délai requis, se trouve presque seul candidat.
Pourquoi cela? Les raisons sont évidentes et claires: il s’agit d’empêcher le RPG de démontrer réellement, aujourd’hui, sa force et sa puissante implantation en Forêt comme en Haute Guinée, d’une part, et aussi, de masquer les magouilles et autres vilenies d’une certaine hiérarchie militaire qui traficote avec l’Ulimo dans cette région sensible. Après ma tournée courant juillet 2005, pour l’opinion nationale et internationale, le doute n’était plus permis quant à la popularité du RPG. Face à ce franc succès, il devient alors « inacceptable» pour le gouvernement de laisser libre cours à l’organisation d’élections libres et, un tant soit peu, transparentes. Tout le monde est conscient, qu’aujourd’hui, les populations aspirent au changement démocratique et que le pouvoir connaît la désaffection populaire la plus importante de ses 20 ans de règne. Ce régime dictatorial ne peut plus faire illusions et tromper, encore, le peuple car, les yeux se sont dessillés et il n’est pas question d’accepter les fraudes massives qui se profilent à l’horizon.
C’est ainsi que, selon, le ministre de l’Administration du Territoire chargé d’organiser ces fraudes, le PUP a 341 listes valides soit la totalité du territoire national contre 102 à I’UPR, 101 au RPG (qui présente cependant des listes dans tout le pays seul ou en alliance), 76 à l’UFR, etc. et tout cela pour 4 399 postes électifs. Comment expliquez une telle différence et comment se fait-1l comme le dit l’orateur soussou, El hadj Yadi Touré de Matoto, à la Radio Télévision qu’en tant que citoyen guinéen ayant les mêmes droits que les gens du PUP, les candidats de l’opposition n’ont pu constituer des listes en bonne et due forme tandis que les gens du pouvoir aient ce droit. C’est une question pertinente qui n’a pas de réponse hors la volonté manifeste d’empêcher l’opposition de se présenter à ces consultations communales. Selon lui, que dire de ces prédateurs spéciaux (Kilimouïs) réputé comme grands voleurs et tricheurs.
Cette pertinente remarque se résume par la duplicité (double langage) dont fait montre le ministre Kiridi Bangoura qui, sans vergogne aucune et avec la plus grande désinvolture, tient des discours démagogiques, destinés aux bailleurs de fonds et autres institutions dans l’espoir que ces derniers avaliseront le résultat frauduleux sous le prétexte que c’est un moindre mal. Tout cela montre aux patriotes guinéens que nous devons compter avant tout sur nos propres forces pour mener la lutte et prendre en charge l’avenir de notre pays.
Dans l’histoire, jamais une aide extérieure n’a pu libérer et développer un pays. Des exemples de l’Algérie, du Vietnam, de la Chine et de notre Guinée l’ont montrée. Alors, de grâce, il faut mettre fin à cette attitude de bouc émissaire pour prendre en main notre destin, par une lutte conséquente des patriotes guinéens (partis politiques, société civile, militaires, policiers et gendarmes,…) pour mettre fin à ce régime de prédateurs et son cortège de farces électorales. Alors que Kiridi ose parler de la neutralité de l’Administration, les ministres sillonnent les préfectures. C’est le cas de Kéïra [Alpha Ibrahima, aujourd’hui Conseiller diplomatique d’Alpha Condé, NDLR] à Faranah, de Djènè Saran Camara à Kérouané, de Kader Sangaré à Mandiana et Kankan etc. Quant aux hauts cadres de la Fonction publique, ils ont troqué leur VA contre des plaques anonymes pour couvrir les préfectures. Quant à la pauvre CENA qui n’avait déjà d’existence que de nom, elle est ridiculisée et méprisée par le ministre de l’Administration territoriale. Elle n’a même pas pu installer ses structures dans les préfectures pour l’essentiel.
Pour ces raisons, il faut que les partis politiques se ressaisissent en taisant leurs divergences basées sur la prétention et l’ambition personnelle au détriment des intérêts et de la souffrance des populations guinéennes qui vivent, aujourd’hui, l’enfer. Avant toute chose, il faut créer une commission de concertation de gestion du processus électoral, chargée de l’analyse des faits, anomalies et autres manquements manifestes des autorités pour la préparation des fraudes massives, par l’élaboration rapide d’un Mémorandum à l’intention de l’opinion nationale et internationale et préparer la riposte populaire.
C’est une question de responsabilité et d’honnêteté vis-à-vis des populations qui aspirent ardemment au changement et, qui ne pourront pas supporter, encore une fois de plus, le vol de leur victoire par la force. Cela risque d’entraîner des réactions impulsives aux graves conséquences difficiles à canaliser. Face à cette situation que vivent les Guinéens et face à l’épreuve de force que le pouvoir veut imposer, il n’y a pas d’autre alternative qu’une vaste mobilisation populaire de toutes les forces vives de la nation (partis politiques, société civile, hommes en tenue etc.) Alors donc c’est au tour du peuple de réagir car, comme disent les soussous, la tortue ne connaît que le feu dans son derrière. C’est désormais une question de survie pour notre peuple. Aux uns et aux autres de réfléchir aux meilleures façons d’amener un changement pacifique en préservant l’Unité nationale et la cohésion sociale. C’est cela que pense TOUT LE MONDE tout bas. Alors, osons le dire maintenant TOUT HAUT. A l’opposition démocratique et aux forces armées de prendre leur responsabilité face à cette grave dérive de la situation guinéenne. Toute l’Afrique démocratique attend un sursaut national du côté de la Guinée des rivières du Sud. Nous osons espérer que cet appel sera entendu par l’ensemble des patriotes guinéens.
Aujourd’hui, le peuple de Guinée dans toutes ses compositions nationales est victime et subit misère, souffrance, maladies et décès. Aucune ethnie ne bénéficie des bienfaits de ce pouvoir et n’est épargnée des souffrances qu’il impose.
Soussous, peuls, malinkés, guerzés, tomas, kissiens, Konians, Lélés, Mikhiforès, bagas, landoumas, koniaguis, bref toutes les composantes ethniques de notre peuple doivent aujourd’hui se donner la main, se mobiliser et se lever comme un seul homme pour que le peuple connaisse enfin le bonheur, la paix et la sécurité.
Combien de ministres qui se croyaient hier tout puissants, et qui avaient oublié que c’est un simple Décret qui les avait sortis du néant sont tombés dans l’abîme, le plus profond de l’oubli, de l’indifférence et du mépris populaire.
A bon entendeur salut !
Alpha CONDÉ»