Le recensement en cours des Guinéens de la diaspora met en lumière un mal structurel : l’incapacité persistante de nos institutions à offrir un service public accessible, humain et efficace. Ce désordre n’est pas un simple dysfonctionnement passager : il est devenu la norme. En 2025, comment une démarche administrative peut-elle encore ressembler à une épreuve d’endurance ?

Le constat est accablant : des délais très courts (parfois moins de dix jours), des files interminables, et une organisation chaotique. On vous convoque à 10h pour vous inscrire, mais à 9h, des centaines de noms figurent déjà sur une liste souvent parallèle et injuste. Vous voulez revenir le lendemain ? Aucun système de réservation. Même muni d’un certificat médical, vous devrez attendre des heures. Aucune prise en compte des personnes âgées, enceintes ou malades.

Pour certains, cette expérience réveille un souvenir amer : celui des files d’attente à 4h du matin devant les préfectures pour renouveler leur titre de séjour, un traitement humiliant et inhumain digne d’un autre âge. Pourquoi infliger à nouveau ce traumatisme à nos compatriotes, dans un moment qui devrait au contraire être simple, citoyen, digne ?

Ce mépris implicite à l’égard des citoyens révèle un profond décalage entre les services publics et les réalités du terrain. Et le plus grave, c’est qu’il ne s’agit pas de problèmes techniques insurmontables.

Dans un monde où la prise de rendez-vous en ligne, la gestion des flux et les services à distance sont largement maîtrisés, pourquoi continuer à imposer des méthodes archaïques et épuisantes ? Pourquoi refuser de moderniser un processus qui pourrait être simple, rapide et respectueux de chacun ?

Des solutions existent. En voici six, concrètes et applicables dès maintenant :

• Prise de rendez-vous en ligne ou par téléphone, avec assistance pour les publics éloignés du numérique.
• Créneaux prioritaires pour les personnes vulnérables (malades, femmes enceintes, personnes âgées).
• Renforcement du personnel et élargissement des horaires pendant toute la durée du recensement.
• Ouverture de centres supplémentaires ou déploiement d’unités mobiles, dans les zones à forte densité guinéenne.
• Communication claire, actualisée et transparente, via un site dédié, les réseaux sociaux.
• Digitalisation progressive du processus, incluant un pré-recensement et la vérification à distance.

Le respect du citoyen commence par une organisation digne. Le recensement n’est pas un privilège, encore moins un parcours du combattant. C’est un droit fondamental. Il est temps de rompre avec les pratiques inefficaces et de construire un service public à la hauteur des attentes, des besoins… et de notre époque.

Souleymane Kourouma
#MoDeL